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Chroniques - BD

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Photographie et dessin de Jean-Claude CLAEYS

Dans ce monde bizarre dans lequel nous vivons, j'ignore si je suis en enfer ou au paradis.

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                                                 Takeshi Kitano

Herbie Hancock - Jazz à Juan 2003 - FULL LIVE HD. Un document YouTube.

Bernard Lavilliers - La Frontière - . Un document YouTube.

« Pour Alina »

    Le 6 mars 2019

Batman : the dark prince charming (Volume 1/2)
Scénario et dessins Enrico Marini ; trad. Jérôme Wicky

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Ce premier opus des aventures de Batman met en scène la rivalité qui oppose ce dernier au Joker. Le motif en est le kidnapping d'une enfant, Alina, qui est la propre fille du héros éponyme.

L'intrigue débute par une scène de captivité : l'enfant est détenue prisonnière dans un sous-sol sordide au milieu des rats et son geôlier n'est autre que le Joker. La raison de cette capture nous est donnée par le récit rétrospectif qui suit et autour duquel s'organise en grande partie cette oeuvre.

Bruce Wayne est de fait accusé par une ex-compagne, Mariah Shelley, d'être un père indigne par médias interposés, plus précisément d'avoir fait un enfant avec elle et réclame un dédommagement financier. La plaignante est une ancienne serveuse du bar le « Lucky Seven ». Les faits, confie-t-elle, remontent à neuf ans. Batman est au volant de sa voiture, dans le cadre d'une filature contre le Joker, suite à l'état d'urgence mis en oeuvre par les forces de police pour le braquage d'une bijouterie, quand il apprend la nouvelle à la radio : « Mariah Shelley, ex-serveuse, intente une action en reconnaissance de paternité contre Bruce Wayne. »

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Quelque temps après cette rencontre, Mariah Shelley, Alina et leur avocat John Ortega, sont victimes d'un accident de voiture ; leur véhicule ayant été percuté par un camion blindé de transport de fonds lancé à très vive allure, conduit par le Joker. Le choc s'avère fatal pour l'avocat. Mariah Shelley, grièvement blessée, est hospitalisée d'urgence. Quant à Alina, il ne reste de sa présence sur le lieu du drame qu'une poupée à l'effigie de Batman. Elle a été capturée. Son lieu de détention est un sous-sol, lieu de résolution s'il en est puisqu'il apporte un éclaircissement sur les premières images, les premières cases de l'histoire.

Tous les efforts de Batman vont dès lors converger vers la quête de l'enfant, son enfant légitime, justifié par l'ADN d'Alina qu'Alfred, le majordome, a identifié sous ses yeux à partir des taches de sang retrouvées sur la poupée.

Au demeurant, cette oeuvre composée par Enrico Marini révèle le génie de son auteur par ses structures chromatique et narrative. Toutes les cases, ou vignettes, s'articulent selon une chronologie qui, dans l'ensemble, est rétrospective, mais marquée au dénouement par un retour au présent, à l'actualité de l'enquête policière. Chaque personnage est mis en valeur par la fonction qu'il occupe ; d'une part et d'abord, dans l'ordre de la chronologie, les acteurs du Mal représentés par le Joker et ses gangs, puis d'autre part, les hommes de justice avec, à leur tête, Bruce Wayne alias Batman, chargés de faire régner le Bien et l'Ordre dans la cité de Gotham.

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Peu après, Mariah Shelley se présente au manoir Wayne, en compagnie de l'enfant et demande à son vis-à-vis un dédommagement de dix millions de dollars : « Pour commencer je veux dix millions ou tu préfères que je rende l'affaire publique ? » Mais Bruce Wayne demeure circonspect : « Cette histoire me préoccupe. »

Illustration Batman. Source : Facebook

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Illustration Batman. Source : Batman Official.

Le sujet que Marini traite ici est particulièrement sensible car il concerne le rapt d'une enfant et témoigne de son souci de réalisme, en lien direct avec les faits divers qui entachent le fonctionnement de nos sociétés d'aujourd'hui. La dimension sociale est donc incontestable dans son approche artistique et le regard qu'il pose et qu'il nous adresse n'est pas sans évoquer l'oeuvre critique d'Umberto Eco intitulée De Superman au surhomme. Le personnage de Batman propose nécessairement au lecteur une adhésion à son caractère et à son comportement parce qu'en lui cristallisent l'éthique et le narcissisme fondateur de la verticalité humaine. Parlant du Joker, Batman dit : « Mon pire ennemi. Mon antithèse. »

Éditions : Dargaud. Date de parution : 3 novembre 2017. Nombre de pages : 72 p. Prix : 14,99 €. EAN 9782505070832

Blueberry, tome 2 : Tonnerre à l'Ouest
Scénario Jean-Michel Charlier ; dessins Jean Giraud

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La hache de guerre est déterrée entre les Apaches et les Blancs depuis qu'une bande de Mescaléros, des Indiens maraudeurs venus du Mexique, massacra la famille Stanton, prenant en otage le seul survivant, à savoir : le jeune fils, et ce en laissant derrière elle de faux indices afin de faire croire à un forfait occasionné par les Navajos (« Pour les Blancs, les traces relevées ne laissaient aucun doute : les coupables étaient les Navajos !... ») Aussi, bien que le motif de ce nouveau conflit demeure infondé, une partie de la population civile du sud-ouest des États-Unis, plus précisément des environs de la frontière mexicaine, fut confinée à Fort Navajo, sous la protection d'un bataillon détaché des forces de cavalerie américaines yankee commandé par le major Bascom. Or, la situation devient de plus en plus critique pour les habitants du fort car Cochise a réuni toutes les tribus Apaches pour mettre en oeuvre sa stratégie de victoire contre les Blancs. Fort Navajo est de fait au coeur de la région la plus sensible puisqu'il se trouve sur le territoire indien. Toute communication avec l'extérieur est rompue. En outre, l'individu le plus haut gradé, en la personne du colonel, est alité, aux portes de la mort, depuis qu'il fut mordu par un crotale. À ce titre, le lieutenant Blueberry est sollicité par son homologue, le lieutenant Graig, pour trouver une solution qui mettra fin à l'état de siège, d'autant que Cochise vient de poser un ultimatum aux militaires du fort : libérer à minuit les Apaches qui y sont détenus prisonniers, et que le major Bascom refuse de céder...

Cet épisode de la vie et des aventures de Blueberry est un chef-d'oeuvre de réalisation tant du point de vue du graphisme que de celui du scénario. La qualité des traits des personnages et du décor désertique fonde la dimension d'exotisme guerrier de l'intrigue avec une remarquable authenticité. À travers la figure héroïque du lieutenant Blueberry, Charlier et Giraud donnent à voir la fresque de la conquête de l'Ouest américain avec l'art consommé des grands praticiens de la culture historique et picturale.

Éditions : Dargaud. Date de parution : 7 juin 1996. Nombre de pages : 48 p. Prix : 12,00 €. EAN 9782205042139

La Vigie
Scénario Thierry Jonquet ; dessins Jean-Christophe Chauzy

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La petite commune de Feucherolles-les-Essarts célèbre la commémoration du 11 novembre. Une procession d'anciens combattants défile dans la rue principale derrière son porte-drapeau, sous les regards moqueurs et face aux attitudes incompréhensives et provocatrices de certains adolescents. Une fois réuni devant le monument aux Morts, le petit groupe s'apprête à écouter le discours du maire quand celui-ci se rend compte que le caporal-chef André Laheurtière, vétéran du 57e régiment d'infanterie, manque à l'appel. S'inquiétant de l'absence de cet invité d'honneur, qui pour autant demeura fidèle à la cérémonie pendant soixante-dix ans, il s'enquiert auprès de Raymond Vimeux, vétéran de la guerre d'Indochine, quel pourrait en être le motif et lui demande d'aller le chercher.

De fait, la maison de Laheurtière se situe « au sommet d'une colline qui surplombe le village de Feucherolles ». Vimeux est accompagné de René Soriol, un ancien tireur d'élite fellagha, et du cadet Marcel Bourgier, un ancien de Sarajevo ayant perdu sa jambe dans l'explosion d'une mine serbe. Tous trois arrivent sur les lieux et découvrent qu'André Laheurtière est mort, seul, assis dans son fauteuil, revêtu de son uniforme et une paire de jumelles dans les mains.

Deux jours plus tard, on célèbre ses obsèques et, dès le lendemain, plus précisément durant la nuit du 14 novembre, va survenir une série d'événements tragiques dans les bâtiments de la Z.U.P. qui constitue, tel un spectacle permanent, le panorama d'un observateur qui se tiendrait devant, ou même dans, la maison du défunt...

Cette oeuvre, du reste, est une adaptation d'une nouvelle noire de Thierry Jonquet qui relate et décrit avec beaucoup de réalisme l'histoire et le quotidien d'une petite commune dont les habitants se voient confrontés de manière cyclique aux mêmes drames. Jean-Christophe Chauzy et Thierry Jonquet donnent à voir ainsi comment, au regard du passé, en particulier celui qui concerne la guerre des tranchées, le destin funeste se répète d'une génération à l'autre dans le cadre de conjonctures qui, bien que différentes, engendrent les mêmes comportements à la fois de la part des victimes et des criminels.

Éditions : Casterman. Collection : "Studio (À suivre)"

Date de parution : 24 septembre 2001. Nombre de pages : 56 p. Prix : 13,50 €. EAN 9782203389762

IRS : Les Nazis et l'or juif : T. 1, La Voie fiscale ; T. 2, La Stratégie Hagen
Scénario de Stephen Desberg et illustrations de Bernard Vrancken

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Luc Crétier vient d'être victime d'un accident mortel sur une route de Californie, les freins de sa voiture ayant subitement lâché alors qu'il s'apprêtait à marquer un stop. De fait, son véhicule fut percuté par un camion lancé en pleine vitesse. Néanmoins, Crétier était connu des services d'immigration, lesquels avaient entre-temps renseigné l'Internal Revenue Service, soit le fisc américain, sur la situation particulière de ce dernier qui travailla « douze ans comme employé dans différentes banques suisses ».

Ainsi, l'agent de l'I.R.S. Larry Max, émérite s'il en est, ayant préalablement été engagé par sa hiérarchie à se pencher sur le dossier, en déduit que derrière l'accident se dissimule un cas d'homicide volontaire à l'égard duquel, plus précisément, ses soupçons se portent sur un acte commandité par un entrepreneur juif new-yorkais nommé Abraham Loewenstein (« il s'agit d'un entrepreneur juif new-yorkais, tout à fait ordinaire, à l'exception du fait que ses parents ont été exterminés à Auschwitz... ») Après avoir obtenu rendez-vous avec Loewenstein, Larry Max apprend de sa part qu'il fut victime, après la seconde guerre mondiale, du refus conséquent des banques suisses de permettre aux survivants de l'Holocauste, d'accéder à leurs économies sans la remise des justificatifs d'identité et de détention requis, une règle de conduite que s'imposèrent alors les banquiers helvètes afin d'asseoir leur réputation d'intégrité et de sécurité.

Aussi, apprend-il en outre, un trésor immense et pour autant inaccessible dormait-il dans ces comptes jusqu'à ce qu'un certain Moshe Geldhof engage une véritable « croisade » pour que les familles juives rescapées des camps de la mort puissent récupérer leurs biens. Geldhof est une des plus riches fortunes des États-Unis et, très vite, Larry Max va devoir remettre en cause ses soupçons à l'égard de Loewenstein pour les orienter vers la personne de Geldhof et, en particulier, vers sa véritable identité...

Cette oeuvre, du reste, décrit avec un art consommé du dessin, des couleurs et du scénario, les rouages de l'appareil fiscal américain au service de la vérité et de la justice. Vrancken et Desberg donnent à voir au lecteur une trame qui se fonde sur la problématique de l'usurpation identitaire mise en oeuvre par les Nazis aux dépens de la cause juive et ce dans le cadre d'une enquête menée par l'inspecteur Larry Max, doté d'une intelligence qui se joue des pièges tendus sur sa route à l'instar d'une mécanique parfaitement huilée qui dénouerait systématiquement l'écheveau du mal pour le réduire en pelote.

Éditions : Le Lombard. Collection : Troisième vague

Date de parution : 24 juin 2010. Nombre de pages : 96 p. Prix : 14,95 €. EAN 9782803626991

Les aventures de Tintin Volume 7, L'île noire
Hergé

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Tintin et Milou se promènent sur une route de campagne par une belle après-midi printanière quand ils sont soudain témoins d'une panne d'avion. Il s'agit d'un appareil de tourisme contraint de se poser en urgence dans un pré qui jouxte la route. Le jeune reporter s'empresse dès lors de se rendre sur les lieux de l'atterrissage et constate que l'avion n'est pas immatriculé. Au moment où il s'enquiert auprès des infortunés aviateurs de leur situation en leur proposant son aide, l'un des deux hommes tire sur lui.

Le lendemain, Tintin se réveille dans une chambre d'hôpital avec à son chevet les inspecteurs Dupont et Dupond. Sa blessure est bégnine. Le chef de service confirme que la balle a simplement glissé sur une côte. Au cours de l'interrogatoire dirigé par les deux policiers, Tintin apprend qu'un avion non immatriculé s'est écrasé pendant la nuit à Eastdown, dans le Sussex. Il n'en faut pas moins au journaliste pour faire le lien avec l'appareil tombé en panne la veille et mettre prématurément fin à sa convalescence en s'embarquant dans cette nouvelle affaire par le premier train, en direction d'Eastdown...

Dans cette oeuvre, Hergé propose un scénario qui inscrit Tintin et Milou au coeur d'une affaire relative au trafic de fausse monnaie. Les deux héros sont ici confrontés à un réseau de dangereux malfaiteurs qui n'hésitent pas à tuer. Le jeune reporter en fait l'expérience dès le début tandis qu'il croit aller au-devant des souhaits des deux naufragés du ciel. L'intrigue, de fait, repose sur de multiples actions réalisées dans le contexte dépaysant de la Grande-Bretagne. Outre l'effet de suspense ménagé par une série de rebondissements plus inattendus les uns que les autres, le rythme de l'histoire s'agrémente des variations pittoresques du décor dans lequel évoluent les personnages, de la campagne française au relief tourmenté du littoral écossais. Enfin, l'épaisseur du mystère où se trouve le jeune enquêteur s'accroît avec les croyances superstitieuses qui caractérisent entre autres les moeurs britanniques. Pour autant, Hergé se joue avec ironie d'un tel phénomène en faisant de la bête de l'île noire qui terrorise les pêcheurs écossais une caricature à laquelle il a donné les traits d'un gorille craintif et maladroit, qui aidera même Tintin à résoudre son enquête.

Éditions : Casterman

Date de parution : 1984. Nombre de pages : 61 p. Prix : 11,50 €. EAN 9782203001060

Les aventures de Tintin Volume 6, L'Oreille cassée
Hergé

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Tintin se lève un beau matin en apprenant qu'un fétiche de grande valeur a été volé au musée ethnographique. Il s'agit d'une statuette arumbaya, du nom d'une tribu d'Amérique du Sud vivant sur les rives du fleuve Baduyaral, dans la république de San Théodoros. Mais le lendemain, le gardien du musée constate que le fétiche a été remis à sa place et en informe aussitôt le conservateur. Tintin et son inséparable Milou se rendent donc sur les lieux mais pour s'apercevoir malheureusement que l'objet rendu n'est pas le bon. En effet, le fétiche arumbaya se caractérise par une marque distinctive : une oreille est cassée. Or, celui-là est doté de deux oreilles intactes.

Rentrant chez lui, Tintin s'est installé dans son salon pour s'accorder quelques minutes de pause et de réflexion et décide de compulser le quotidien local. Il y apprend qu'un certain Monsieur Balthazar, peintre-sculpteur de son métier, et spécialiste des statuettes en bois, a été retrouvé mort ce même jour à son domicile sis 21 rue de Londres.

Une demi-heure plus tard, Tintin se rend chez la victime en alléguant à la concierge de l'immeuble qu'il désire simplement « y jeter un coup d'oeil ». Sur place, Tintin relève des indices qui le conduisent à déduire que M. Balthazar a été assassiné dans la nuit : « On a donc tué Monsieur Balthazar. Et on l'a tué parce qu'il avait probablement exécuté pour quelqu'un la réplique du fétiche arumbaya. On ne voulait pas qu'il bavarde... »

Au demeurant, ce nouvel épisode des aventures de Tintin et Milou situe le lecteur au coeur d'une enquête riche en rebondissements qui va mener le jeune reporter jusqu'en Amérique du Sud, au coeur de la jungle amazonienne. Hergé y traite avec humour noir le sujet de la guerre civile en faisant de la république de San Théodoros le cadre d'un putsch grâce à quoi Tintin va échapper au peloton d'exécution, devenir l'affidé du général Alcazar, nouveau président au pouvoir qui a mis fin au règne du général Tapioca, puis être promu au grade de colonel. Enfin, l'auteur emprunte fréquemment au domaine de l'anthropologie, en particulier lors de la rencontre de son jeune héros avec deux tribus amérindiennes, celles des Bibaros et des Arumbayas. Le personnage de Ridgewell, l'explorateur, dont il fait la connaissance dans la jungle, est à cet égard emblématique dans la mesure où il s'est parfaitement adapté aux moeurs et à la culture indigènes, à telle enseigne qu'il a choisi de vivre comme un Arumbaya pour le restant de ses jours après que les membres de la tribu l'ont accepté comme l'un des leurs : « ... j'ai décidé de ne plus jamais retourner dans le monde civilisé. Je suis heureux ici, parmi les Arumbayas dont je partage la vie... »

Éditions : Casterman

Date de parution : 1984. Nombre de pages : 61 p. Prix : 11,50 €. EAN 9782203001053

Les aventures de Tintin Volume 5, Le Lotus bleu
Hergé

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Tintin et son fidèle Milou sont les hôtes du Maharadjah de Rawhajpoutalah, dans le palais duquel ils s'accordent une période de vacances bien méritées. Depuis quelques jours, le jeune reporter s'emploie à capter des messages sur un appareil de radiotélégraphie. Il finit par recevoir celui qu'il attendait mais il demeure crypté. Sur le moment, Tintin ne peut le déchiffrer et s'efforce d'y trouver un sens.

Après une brève entrevue avec le Maharadjah qui a désiré lui présenter le fakir Cipaçalouvishni et après que ce dernier, qui a le don de voyance, lui a annoncé qu'un homme qu'il croyait mort préparait sa vengeance, l'un des serviteurs s'avance auprès de Tintin pour lui dire qu'un étranger venu spécialement de Shanghaï l'attend dans la galerie du palais. Lors de la rencontre, l'individu en question l'informe qu'il a d'importantes choses à lui communiquer mais à l'instant où il s'apprête à le faire, une fléchette au radjaïdjah, le poison-qui-rend-fou, l'atteint au cou. Il n'a que le temps de prononcer quelques mots : « Mitsuhirato... On a besoin de vous... Je... Shanghaï... Retenez bien ce nom : Mitsuhirato... Mitsu... Mitsuhirato... », avant de sombrer dans la folie.

Tintin comprend dès lors qu'une mystérieuse affaire l'attend à Shanghaï et décide d'y partir immédiatement...

Hergé, du reste, nous propose à travers cette intrigue un ensemble de péripéties qui convoque les qualités de fin stratège de Tintin dans le contexte de l'occupation japonaise en Chine. Le jeune reporter évolue dans une ville, Shanghaï, alors sous le joug des autorités militaires japonaises et marquée par la présence de la concession internationale, née en 1863 de la fusion des concessions britannique et américaine. L'auteur en dresse le portrait d'un enquêteur parfaitement intégré à la population chinoise qui opère dans tous les milieux en tâchant chaque fois de démêler le vrai du faux. La trame s'organise autour du « Lotus bleu », une fumerie fréquentée par de nombreux touristes et qui s'avère être la plaque tournante d'un important trafic d'opium, d'envergure mondiale. Enfin, cet épisode constitue le cadre d'une nouvelle rencontre qui comptera dans la vie affective et le réseau d'amitiés de Tintin, celle de Tchang Tchong-Jen, mais aussi celui d'un nouvel affrontement contre le maléfique Roberto Rastapopoulos, déjà présent dans Les Cigares du pharaon : « Rastapopoulos, qui est tombé dans les rochers, près de Rawhajpoutalah, et que tu croyais mort !... »

Éditions : Casterman

Date de parution : 1974. Nombre de pages : 61 p. Prix : 11,50 €. EAN 9782203001046

I.R.S. Volume 11, Le Chemin de Gloria
Scénario Stephen Desberg ; dessin Bernard Vrancken

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Depuis quelques jours, le département de police de Los Angeles reçoit des coups de téléphone anonymes signalant qu'une forte odeur nauséabonde se dégage d'une maison d'un quartier populaire de la ville. L'inspectrice Trina Dash est dépêchée sur les lieux en compagnie de deux collègues. Ensemble, ils découvrent le cadavre d'un pendu et, tout près de lui, une longue lettre posée avec précaution sur un bureau confirmant que le décès est le fait d'un suicide et dans laquelle l'auteur, outre des précisions d'ordre identitaire, avoue être à l'origine de plusieurs sabotages en tous genres ayant provoqué la mort d'un grand nombre de personnes. L'individu en question déclare se nommer John Caristos et avoir « été le champion de la mort mécanique » mais ne confie aucune information concernant ses commanditaires.

Au soir de ce macabre constat, l'agent spécial Larry Max entre dans une boîte de nuit sur les traces d'une call girl nommée Kate Absynth, plus connue sous l'identité de Gloria, que celui-ci ne connaît que trop bien pour la fréquenter depuis plusieurs années déjà. Après l'avoir enfin repérée en présence d'un client, avachie sur le comptoir, puis interpelée, Larry Max connaît des difficultés à faire entendre raison au prétendant et à ses sbires en voulant les convaincre de laisser la jeune femme tranquille.

Au terme d'une rixe de courte durée où l'inspecteur sort vainqueur avec Gloria à ses côtés, le couple regagne le domicile de ce dernier. Pour autant, les retrouvailles des deux amants s'avèrent brèves car, à peine ont-ils franchi le seuil de la demeure et profité de quelques minutes d'intimité, un groupe de trois hommes fait irruption, assommant Larry Max de plusieurs coups de matraque et capturant sa compagne. De surcroît, celui qui se présente comme le meneur de la bande, profitant d'un bref moment de lucidité de Larry Max et ce avant de lui faire perdre totalement connaissance, s'adresse à lui en des termes révélant qu'il est très bien renseigné sur sa vie privée. Ainsi, Gloria disparaît une seconde fois entre les griffes de ses ravisseurs...

Somme toute, la qualité remarquable du graphisme et l'originalité du scénario ancrent cette oeuvre dans le réalisme d'une enquête qui doit mener le célèbre enquêteur de l'I.R.S. dans les coulisses d'un réseau de prostitution de luxe où domine tout du long l'ombre de l'institution corrompue et d'une organisation criminelle de dimension tentaculaire qui ne recule devant rien pour garder le secret de ses méfaits et voir triompher sa suprématie dans tous les milieux.

Éditions : Le Lombard. Collection "Troisième Vague"

Date de parution : 19 juin 2009. Nombre de pages : 47 p. Prix : 12,45 €. EAN 9782803625253

Torch Song
Dessins et adaptation Ptoma ; d'après une nouvelle de James Ellroy

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Spade Hearns, un ancien inspecteur du L.A.P.D. reconverti dans le métier de détective privé pour des raisons de santé, suite aux affaires « cauchemardesques » sur lesquelles il ne supportait plus d'enquêter et l'ayant à cet égard mis hors jeu à telle enseigne que le simple fait de se souvenir de l'une d'elles lui provoquait aussitôt des rejets nauséeux et obsédants, mène une filature concernant une certaine Maggie Cordova, « chanteuse de boîte de nuit tombée deux fois pour possession et vente de marijuana », soupçonnée d'être l'un des témoins oculaires de mèche avec les braqueurs de la Bank of America, sise à Los Angeles.

Chaque soir, Hearns se rend dans le club où se produit la chanteuse, une artiste qu'il juge sans talent et accuse de « massacrer » les grands classiques tels que « I can't get started » ou « Blue Moon » notamment. En revanche, lorsque cette dernière choisit l'un de ces soirs d'interpréter « Torch Song », le détective reste médusé, sous le choc d'une émotion esthétique qui s'avère être moins la conséquence d'un exercice de virtuosité soudain de la part de Maggie que celle de la mémoire auditive replaçant celui-ci dans le contexte des souvenirs heureux vécus avec Lorna Kafesjian, la compositrice et interprète originelle de cette chanson, avec laquelle il connut une véritable histoire d'amour.

En outre, « Torch Song » lui fut dédiée par Lorna. Mais après quelques minutes d'évasion, Hearns revenant à la réalité de sa mission, se demande quel est le lien qui peut unir les deux femmes pour que Maggie possède les droits d'interprète des compositions de Lorna et, par là même, quels rôles jouent-elles dans la tragique aventure du braquage de la Bank of America...

Cette oeuvre de Ptoma, directement inspirée des récits de James Ellroy, donne à voir, à travers la figure d'un anti-héros, le climat d'après-guerre qui régnait alors sur Los Angeles. Spade Hearns est à l'image des personnages d'enquêteurs traités par le romancier : à la fois pragmatique et marqué par des obsessions auxquelles il demeure a fortiori confronté presque autant qu'aux criminels dont il a le devoir et la responsabilité de mettre un terme à la progression vers le mal. Le pragmatisme ici se matérialise par l'expérience de Hearns dans son métier d'enquêteur, habile à déjouer les pièges et les trahisons fomentés à son encontre ; quant à ses obsessions, elles sont animées par l'ensemble des figures féminines qu'il rencontre ou a rencontrées dans ses périples, en l'occurrence de Los Angeles à Tijuana, au Mexique, et qui hantent désormais son quotidien sous la forme d'un appel au secours, quand il s'agit d'une victime, ou d'une scène d'amour, quand il s'agit d'une amante, d'une femme désirée ou bien d'une illusion perdue.

Éditions : Emmanuel Proust. Collection "Noirquadri"

Date de parution : 16 octobre 2004. Nombre de pages : 47 p. Prix : 10,60 €. EAN 9782848100630

Nestor Burma, vol. 5 : La Nuit de Saint-Germain-des-Prés 
Texte et dessin de Moynot ; d'après le roman de Léo Malet et l'univers graphique de Tardi

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Le mardi 7 juin 1955 à 22 h 30, Nestor Burma se rend en compagnie de Marcelle, qu'il fréquente depuis déjà deux ou trois ans, à la Cave bleue, une boîte de jazz située Passage Dauphine, dans le sixième arrondissement de Paris, où doit avoir lieu l'élection de Miss Poubelle (« ça ne m'excitait pas plus que ça, mais j'y voyais l'occase de biturer ma compagne du jour. ») Puis à 0 h 01 précisément, Burma téléphone au Diderot-Hôtel afin de prendre contact avec Charlie Mc Gee, un client susceptible de lui fournir des renseignements précieux sur une affaire de vol de bijoux atteignant 150 millions. Face aux hésitations du réceptionniste qui lui confie que Mc Gee ne semble pas être là et pour autant constate que la clef de sa chambre n'est pas au tableau, l'un et l'autre en déduisent que ce dernier doit dormir. Dès lors, le détective décide de se rendre à l'hôtel avec Marcelle pour réveiller ledit Mc Gee. Une fois après avoir pénétré dans la chambre concernée, la chambre 42 en l'occurrence, Burma ne peut que constater la tragédie : Mc Gee est mort des suites d'un coup de revolver porté à la tempe...

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Tardi et Moynot se sont inspiré du roman de Léo Malet pour concevoir cette bande dessinée. L'intrigue introduit le lecteur dans l'univers des nuits de Saint-Germain-des-Prés à l'époque qui célébra ce quartier parisien comme le lieu de confluence de la pensée existentialiste et du jazz, cadre d'un véritable art de vivre en phase avec la nouvelle révolution des idées et des moeurs menée principalement par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Cette oeuvre tend à montrer que dans le monde obscur de la pègre qui y avait également sa part d'influence, certains et malheureusement parmi eux les victimes ne sont à terme plus responsables de leur existence. Tardi et Moynot en rendent compte ici avec beaucoup de réalisme et non sans humour, demeurant en cela très fidèles à l'esprit de Léo Malet.

Couleurs : Chantal Quillec et

Emmanuel Moynot

Éditions : Casterman

Date de parution : 4 janvier 2017

Nombre de pages : 72 p.

Prix : 16,00 €

EAN 9782203140936

Le Petit Bleu de la côte ouest
Jacques Tardi ; d'après le roman de Jean-Patrick Manchette ; préface François Guérif

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Un soir d'été de juin, plus précisément le soir du 27 de ce mois, Georges Gerfaut, cadre commercial dans une filiale du groupe I.T.T., tandis qu'il se dirige vers Troyes sur une route nationale à vive allure, est témoin d'un accident de voiture : une DS qui l'avait préalablement doublé dans le cadre d'une espèce de course-poursuite avec une Lancia, vient de heurter un platane quelques centaines de mètres plus loin. Dès lors, Gerfaut stoppe son véhicule, se rend sur le lieu du drame et, constatant que le conducteur est seulement blessé, entreprend de le conduire vers l'hôpital le plus proche. Cependant, Gerfaut ne sait pas encore que l'homme qu'il accompagne vient d'être victime d'une tentative de meurtre. En effet, il s'agit d'un certain M. Mouzon, conseiller juridique à Paris, qui mourra le lendemain, auquel un article du journal Le Monde va être consacré, rapportant qu'il succomba « aux blessures produites par quatre balles de 9 mm, sans avoir repris connaissance à l'hôpital de Troyes. » Georges Gerfaut, malgré lui et pour avoir fait acte d'âme charitable, ne sait pas qu'il est désormais impliqué dans une sombre affaire où sa vie est menacée au premier chef : le 2 juillet, alors qu'il prend la route des vacances avec son épouse Béa et ses deux filles, deux individus patibulaires à bord d'une Lancia les filent déjà à quelques mètres de distance...

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Au demeurant, cette bande dessinée de Jacques Tardi adaptée du roman de Jean-Patrick Manchette se fonde sur le procédé d'ordre cinématographique du flash-back, une technique qui confère à l'intrigue un rythme très soutenu propre à ménager et entretenir les effets de suspense tout du long. En outre, le choix du noir et blanc quant à la couleur ajoute à la dimension réaliste de l'oeuvre et à la caractérisation, géniale s'il en est, des personnages et de leur contexte. 

Éditions : Futuropolis

Date de parution : 24 avril 2008

Nombre de pages : 75 p.

Prix : 17,00 €

EAN 9782754801980

Sin City, vol. 1

Frank Miller ; traduit de l'américain par Lorraine Darrow

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Marvin, délinquant notoire de Sin City, après une nuit d'amour avec Goldie, se réveille à ses côtés et constate qu'elle est morte. Presque aussitôt, une patrouille de police arrive sur les lieux pour l'appréhender. Dès lors, Marvin, songeant à un coup monté, parvient à échapper à son arrestation et ouvre sa propre enquête pour trouver l'auteur du crime de sa compagne (« Le mec qui t'a fait ça Goldie, y va l'payer... j'te le jure... ») D'un bouge à l'autre, Marvin erre dans Sin City n'ayant de cesse que de venger la mort de la seule femme qui ait jamais accepté de coucher avec lui et, pour ce faire, utilise une méthode d'investigation radicale : la liquidation de tous les acteurs de cette sombre affaire, quelque soit le degré de leur implication. Remontant ainsi peu à peu la filière, il se retrouve un beau jour au confessionnal en tête-à-tête avec un prêtre dévoyé qui lui avoue sous la menace que le principal responsable est un certain Roark, l'un des plus hauts dignitaires du pays. À cet égard, Marvin va bientôt s'apercevoir à ses dépens que Goldie n'est qu'une des très nombreuses victimes d'un réseau de vaste ampleur qui sévit dans les lieux de divertissement nocturne liés à la prostitution...

Dans cette bande dessinée, Frank Miller donne à voir le parcours d'un anti-héros dont la rédemption ne semble pouvoir se réaliser que dans la mort, seule échappatoire aux effets négatifs de sa propre névrose et au souci de venger la femme, belle et plantureuse s'il en est, qui lui redonna, l'espace d'une nuit, le goût de vivre. Le scénario tout comme les dessins sont le fait d'un artiste du genre noir, qui se matérialise dans « Sin City » par une grande densité de l'énoncé et la sobriété des images pour lesquelles Miller choisit la coloration dichromatique noire et blanche. Enfin, doit-on rappeler que le succès de cette oeuvre ne fut jamais démenti depuis sa parution et que son adaptation cinématographique, où Mickey Rourke interprète le rôle de Marvin, l'élève désormais au rang des classiques du genre.

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Éditions : Rackham

Date de parution : 15 septembre 2000

Nombre de pages : 200 p.

Prix : 19,30 €

EAN 9782878270389

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