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Kiss Opéra chinois

 

 

 

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In memoriam Sophocle, Sénèque, Saint Augustin et Sigmund Freud

 

 

 

 

PROPOS SUR LE THÉÂTRE

 

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Le lieu se définit toujours par rapport à un espace, j’entends une détermination physico-géométrique ou géométrique.

 

On se situe dans un lieu, physiquement, en pensée et toujours relativement à un autre.

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Si je choisis le thème du lieu comme principal axe d’introduction et d’argumentation, c’est parce qu’il demeure fondateur dans ce propos.

 

Dans un lieu, on regarde, on s’anime, on écrit.

 

Le Théâtre est de fait le concept le plus juste, me semble-t-il, pour traiter de la problématique suivante : Comment définir le lieu ? Dans quelle mesure le lieu est-il un thème incontournable dans nos sociétés ? En quoi est-il intrinsèquement lié au quotidien ?

 

Si je prends l’exemple de l’art dramatique pour donner quelques éléments de réponse c’est, d’une part, parce que cet art se définit, par son étymon grec theatron, comme le lieu où l’on regarde. Il est par excellence la matière du regard. La structure de cet art associe presque tous les autres : l’architecture, la maçonnerie, l’écriture textuelle et gestuelle, l’ensemble étant ordonné selon le principe de l’Esthétique, c’est-à-dire de la quête et la réalisation du Beau et, par conséquent, de l’ordonnance mathématique. L’auteur, le metteur en scène, la comédienne, le comédien, se situent en accord avec cette ordonnance et donc, en un lieu d’abord textuel puis scénique. La scène devient dès lors aux yeux des spectateurs le lieu de leur concentration, en d’autres termes : le lieu spirituel, celui qui doit enrichir leurs connaissances, un lieu d’éclairage essentiel.

 

Mais les gradins peuvent en être aussi un, si quelqu’un choisit de regarder les gradins ou le ciel au-dessus, les gens autour, de soi.

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Ainsi, le Théâtre se situe relativement à sa structure, originellement en arc de cercle ou bien, pour certaines, elliptique. Comme un lieu où l’on se divertit en regardant, en écoutant aussi, car, d’un point de vue acoustique, les théâtres antiques constituent une parfaite réalisation.

 

De fait, ils sont, me semble-t-il, un lieu de réflexion et où l’on va réfléchir sur le fonctionnement ou l’état d’une société donnée.

 

Le Théâtre peut, de la sorte, s’entendre comme un lieu éthique, où l’auteur et le metteur en scène vont servir la concentration des sens, de la pensée, dans le cadre d’une proposition d’Idées – un terme socratique et platonicien – ou, plus simplement, d’une mimesis, terme extrait de la Poétique d'Aristote, d'une mimesis donc de l’état de la société à un moment précis de leur existence.

 

S’opère alors le phénomène cathartique, d'après la Poétique là encore, et qu'Aristote institue comme fait purgatoire de l’âme humaine. Ce qu’il nomme le topos, lieu du discours, se donne à entendre sur le lieu scénique. Et l’on ne peut différencier l’un de l’autre.

Le Théâtre est ainsi un lieu de guérison.

 

On ne peut se départir en effet de la dimension psychologique du Théâtre, outre sa dimension socio-économique et historique.  

Le Théâtre est un lieu de guérison et un lieu culturel.

 

En outre, l’auteur antique invoque la Muse et la sert.

Le Théâtre est un lieu cultuel.

 

La Muse préside l’Ordre de ses convives.

Le Théâtre est un banquet, un lieu de festivités à l’assise de pierre.

 

Une intrigue se joue devant nous, spectateurs, sous le grand soleil, du zénith au nadir, du nadir au zénith.

Le Théâtre est un lieu intemporel.

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Jean-Michel TARTAYRE

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