
PUBLICATIONS VI
Poèmes
I never hurt nobody but myself and that's nobody's business but my own.
Billie Holiday
It isn't where you came from ; it's where you're going that counts.
Ella Fitzgerald
You're creating an intimacy that everybody feels, that it's their experience, not yours.
Diana Krall
Don't be afraid, just play the music.
Charlie Parker


Statue en marbre de la déesse Aphrodite, retrouvée sur l'île grecque de Milos en 1820, et improprement baptisée la Vénus de Milo. Œuvre hellénistique, vers 150–130 avant notre ère.
Un document Wikipédia.
ODE À LA DÉESSE APHRODITĒ
Venue des mers lointaines sur la grève
Ou apparue ainsi que dans un rêve,
La femme vient au-devant du penseur,
S’avance dans l’écume de senteur –
Parfaite en cette aurore qui se lève.
Tout autour est d’airain, tout est de gemme,
À croire un chef-d’œuvre dit par le lemme
Et telle au regard du grand univers ;
Aux pieds de qui m’agenouillant en vers –
Par choix l’ode, qu’elle édicte elle-même.
Aphroditē, ô déesse de la grâce !
Parce que vous régnez en toute place,
En tout lieu, du ciel ou des océans,
Avec rigueur pour le dire autrement –
Acquiesçant à votre regard de glace.
Parce que l’on vous sert sans être esclave,
Avec raison, de droit et sans entrave,
Dire en chaque stance – votre beauté
Qui rayonne ô combien, la vérité
De votre bon sens suffisante au brave.
Nul ne peut vous juger sans se confondre
En plates excuses ni se morfondre,
Car l’homme est petit, il est à vos pieds ;
Craintif à l’idée que vous l’ignoriez –
Ne désirant pas du tout lui répondre.
Née à la surface d’une eau turquoise,
Aucun homme devant vous ne pavoise ;
Tel un reflet idéal dans leurs yeux,
Votre lumière leur montra le dieu
Érōs – pour que chacun d'entre eux se toise.
Ni d’Hếphaistos ni d’Árēs aucune
Émotion, soit rien ne les importune ;
Ils sont graves en leurs tâches et forts
D’un silence qui vous les rend accorts –
Pourvoyant votre divine fortune.
Jean-Michel TARTAYRE

Athéna pensive, bas-relief (vers 460 avant notre ère), musée de l'Acropole d'Athènes. Un document Wikipédia.
ODE À LA DÉESSE ATHĒNÂ
Elle vient comme elle vient, incarnée
Toujours en matière d’art ou d’idée ;
Ainsi, toute œuvre épouse son corps
Selon la forme de ses vœux – mais d’or ;
Ce jour est grand puisqu’elle est signifiée.
À vous Dame, de ces mots une armure
Nouvelle sans en être, car plus dure
Est la vôtre – inimitable de fait,
Soit le fruit d’un alliage parfait ;
Néanmoins m’inspirant de sa structure.
Quelques vers au demeurant, pour une ode
Autour d’une entité que rien n’érode,
Celle dont vous êtes l’incarnation ;
Un chant des héroïsmes en action –
Sous l’ordonnance du jazz, quant au mode.
En mon humble statut de mortel, digne
Seulement de vous le dire d’un signe,
Je crois en votre générosité
Tout autant que je sers votre bonté –
Ô fille de Zeus à la gloire insigne.
Songeant au grand Persée en l’occurrence,
Qui se vit l’élu de votre confiance,
De prendre la mesure on se doit
Et de votre justice et de vos lois –
Ou des limites de votre patience.
Redoutable s’il en est votre égide
Demeure crainte par tous, qui les guide
Et les protège, Ulysse ou Hēraklês ;
Tous les illustres héros de la Grèce –
À vos vertus consacrèrent une ide.
Ô Athēnâ, ô banquets héroïques !
On composa dans les combats tragiques
Combien de pages, combien de tableaux
Pour vous prier de guérir tous nos maux –
Ici ou là, sûrs de vos dons épiques.
Jean-Michel TARTAYRE

Déméter et Perséphone (Coré) remettant à Triptolème les grains pour apprendre l'agriculture à l'humanité, relief votif ou cultuel d'Éleusis, vers 440 avant notre ère, Musée national archéologique d'Athènes. Un document Wikipédia.
ODE À LA DÉESSE DÉMÉTER
Par la puissance du roc l’idée sise
En un chant pour une déesse assise
Sur son trône céleste, grande mère
Qui sur tout règne, au ciel et sur terre –
Implorant que sa volonté le prise.
Idée d’une ode avec bon sens conçue,
Ô Dêmếtêr, qui ne soit pas mal vue,
Exigeant donc de ma part un effort
Rythmique transmuant le roc en or –
Des vers sincères, nulle idée reçue.
Comment dire la force de Nature
Que vous incarnez et votre âme pure ?
Juste en m’employant à ne penser pas
Afin d’écrire comme on marche au pas –
Écrire une musicale structure.
J’entends les fruits de votre grâce innée,
Les saisons et le rythme d’une année
Par les champs, les forêts et les jardins,
Par les mers, les monts, les cieux diamantins –
Selon une ordonnance bien menée.
Parfaite osai-je vous dire déesse,
Car tout renaît tel un motif de liesse,
La vie aux champs et les terres arables,
Les fêtes autour de très grandes tables –
Suivant les rites de l’antique Grèce.
Lumière ! ô Dêmếtêr, ô divine
Nourrice ; je crois sans faire de mine
En votre générosité multiple
Et me sens avant tout votre disciple –
Mortel à la charrue et qui chemine.
Je vais au-devant de votre lumière,
Le dos droit, le regard toujours sévère
Face aux troublants aléas du miroir
Des motions, l’esprit fixé au terroir –
Je l’avoue, sans égard pour la chimère.
Jean-Michel TARTAYRE

« Héra Campana », copie romaine d'un original hellénistique, IIe siècle, musée du Louvre.
Un document Wikipédia.
ODE À LA DÉESSE HÊRA
Comme une musique jouée des nues
Que l’on perçoit, des notes entendues
Et respectées dans toutes les maisons
Où la déesse dicta les raisons
De croire – ce d’après les choses vues.
Mais tous nous préservant grâce à l’idée
Du Bien, ô Hêra ! C’est dans l’empyrée
Qu’est rendue votre justice de fait
Ou que vos lois en leur état parfait –
Ne se discutent pas, même en pensée.
Telle êtes-vous déesse, redoutable
En tout point et conséquemment aimable ;
Il est bon de cela réaliser
Afin que jamais ne cesse d’aimer
L’homme – votre don qui le rend sociable.
Une ode certes, pour dire la Dame
Qui à nous autres mortels se réclame
Du grand bonheur des dieux et qui surtout
L’incarne, aux yeux de Zeus votre époux –
Et de tous les gens glorifiant la femme.
Ô déesse sublimement jalouse !
Vous régnez au titre d’illustre épouse
Et la perfection de votre statut
Oblige selon nature – donc par dû.
Tout est bien car la force vous épouse.
Oui tout est bien, vos serviteurs le disent ;
Ainsi les vertus qui dans l’Art se lisent,
Dont glaive et balance sont les piliers
Symboliques ou en cela liés
À l’Art – que ces mêmes vertus élisent.
Comme une musique jouée des nues
J’entends, soit portée par les œuvres lues ;
Combien sont-elles ? – D’un nombre si grand
Et qui ne suffit pas néanmoins quand
On sait l’esprit auquel elles sont dues.
Jean-Michel TARTAYRE

Copie romaine (IIe siècle) d’un original grec d’Hestia Giustiniani de -460 au musée Torlonia de Rome. Un document Wikipédia.
ODE À LA DÉESSE HESTÍA
Au sein de ma demeure, porte close
Et fort du gros œuvre, se tient la rose
Dont les subtiles fragrances s’en vont
Baignant l’air d’une agréable façon –
En guise de source des mots éclose.
Comme si elle parlait à l’oreille
Des murs de la beauté, de la merveille,
Ainsi lorsqu’elle leur conte en chantant
L’histoire d’une déesse d’antan –
Et qui moi-même me maintient en veille.
D’où l’idée de vous consacrer une ode
En m’inspirant des rythmes du rhapsode,
Mais d’abord avec grande humilité
Ou ce par peur de la divinité –
Ô HestÍa ! crainte de tous jusqu’à Rhodes.
Vous êtes reine dans chaque demeure,
Gardant son intégrité à toute heure,
Intégrité qu’oblige la raison
Quel que soit le moment ou la saison –
Afin qu’en l’état personne ne pleure.
Afin qu’en l’état rien ne soit la cause
De votre courroux, car chacun dispose
Du bien qu’il a en propre, sa psyché
Puis le toit sous lequel il s’est fixé –
Qu’en l’état nul n’ignore cette chose.
HestÍa, ô déesse, je vous supplie
Devant la rose qui à vous me lie
En nos demeures de nous bien garder
Et nous apprendre à mieux nous regarder –
Comme la rose à la pierre s’allie.
Jean-Michel TARTAYRE