UN ENTRETIEN (II)

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Deux enfants, une jeune fille et un jeune garçon, se présentent devant un homme et le font entrer.

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(La jeune fille, puis le jeune garçon). - Bonjour Monsieur.

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                                 - Bonjour.

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Le jeune garçon.   - Asseyez-vous Monsieur.

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                                 - Je vous remercie.

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Le jeune garçon.  - Monsieur, pouvez-vous nous dire combien font 1+1, s’il vous plaît ?

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                                 - Deux.

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La jeune fille.         - Monsieur, qu’observez-vous dans cette salle ?

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                            - Il s’agit d’une salle aux proportions rectangulaires. Les murs sont blancs. J’observe une fenêtre également rectangulaire sur le côté gauche. Une applique au plafond est allumée et éclaire la table où je me trouve assis face à vous.

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La jeune fille.        – Monsieur, de quelle couleur sont mes yeux ?

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                                -  Ils sont de couleur vert Mademoiselle.

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 Le jeune garçon. – Monsieur, de quelle couleur sont les miens ?

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                                - Ils sont de la couleur marron Monsieur.

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La jeune fille.        - Monsieur, quel âge nous donnez-vous ?

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                              - Environ douze ans en ce qui vous concerne Mademoiselle. Six ans, en ce qui vous concerne Monsieur.

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Le jeune garçon. – Monsieur, pouvez-vous observer le document que voici. Vous avez dix minutes pour le lire. Ici.

 

Dix minutes se sont écoulées.

 

Le jeune garçon. – Monsieur, nous vous invitons à parler de ce document.

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                              - Il s’agit des paroles d’une chanson d’Edith Piaf intitulée : « Non, je ne regrette rien ».

 

La jeune fille dit le texte de mémoire. Après quoi, le jeune garçon interroge :

 

                          - Monsieur, quel est le registre dominant de ce texte, s’il vous plaît ?

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                               - Le registre dominant est le registre lyrique.

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                               - Nuancé par quel autre, s’il vous plaît ?

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                               - Celui de l’élégie Monsieur.

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                             -  L’élégie n’est pas un registre Monsieur ; c’est un genre poétique.

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                               - Alors, … pathétique.

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                      - Et pourtant, vous les connaissez ces paroles Monsieur, elles suscitent la gaieté, la paix de l’âme.

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                                - Comique alors ?

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                                - Non Monsieur, le tragique. Il s'agit du registre tragique.

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                                - Oui.

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La jeune fille intervient :

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                                - Mais un tragique résolu, Monsieur. Et clairement assumé.

        

                                - Oui.

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(Ensemble et gravement, tel le Chœur).  - Nous vous remercions, Monsieur.

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                                                                                    Jean-Michel TARTAYRE