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PUBLICATIONS LII

Poèmes

Instruments

JEAN-MICHEL TARTAYRE

 

 

 

 

LES POÈMES D’ART JUNGLE

Le Bonheur d’écrire

 

 

 

 

Poésie

 

 

 

 

 

 

 

1

 

Je ne suis pas triste à me sentir vivre aux dépens de personne,

Au contraire.

 

Ce lieu où je bâtis ma demeure m’offre luxuriance

Et beauté naturelle, chaque instant.

 

Aucune contrainte négative n’empêche

Ce rythme de la marche en avant qui se fait jour

Dans l’acte d’écrire.

 

Ce sont des mots portés par la plume voyageant sur son nuage.

 

Un regard suffit,

Celui que je pose sur la Montagne-qui-parle,

Le Grand Fleuve et la Forêt,

Pour que la plume apparaisse et se pose musicalement

Dessus son nuage devenu page.

On lui confia tel chant dans le domaine des merveilles,

Le Palais des Hauts, sis sur la Montagne-qui-parle.

 

Je comprends la joie sans excès qui l’anime

À saisir et transmettre la dynamique du poème

Qu’on lui confia à mon insu,

Quoique animé moi-même du sentiment amoureux

Envers ma Dame, pourvoyeur de grande joie,

Toute de raison.

 

Il est des fois, au souvenir de celle que je vis danser

Et qui me reçut dans sa loge,

Heureuse à me voir lui offrir un bouquet de roses de Damas ;

Des fois où, entre deux actions commandées,

Mon regard se pose en effet à la fenêtre

À l’idée de prendre le temps pour composer.

 

Non loin est le rivage du Grand Fleuve

Sur lequel il m’arrive de m’asseoir pour pêcher

Et tracer des signes dans la terre avec mon bâton.

Ces signes, je le sais, préfigurent l’intervention de la plume

Qui les transmuera en syllabes

Dès lors que le Chœur des Muses, ayant entendu la teneur des signes,

L’aura d’abord convoquée.

 

Il m’est une obligation d’être respectueux des signes

Que je trace sur le rivage –

Ils doivent être le fait de la volonté de l’instant

Et de mon obéissance à cette volonté.

Elle nous fut enseignée par héritage

De la science de nos Anciens, Reines et Rois.

Jamais je n’y manquerai, sur ma foi d’enfant de la Tribu,

Où je naquis.

 

Ces signes sont des figures et des accents

Inspirés par la musique de l’eau du Grand Fleuve.

Ils s’inscrivent dans la continuité du mouvement de l’eau

Que le Grand Fleuve semble adresser à l’Azur et à la Forêt,

De ce dialogue dont je ne sais rien.

Mais à titre de témoin majeur de l’instant

Qui m’invita à user d’un bâton

Afin que j’en note seulement les accords proposés,

Ces trois Instances de Nature me confièrent le droit

D’en retenir la dimension musicale.

 

Ainsi du chant que la plume, à cette heure où le Soleil rayonne

À l’horizon de l’océan et de la Montagne-qui-parle –

Saluant Dame la Lune avant de se coucher –

Dispose sur le bouquet du nuage devenu page à l’intention de ma Dame ;

Parole d’or qu’agrémente des roses de Damas l’essor,

Dont le très sérieux Chœur des Muses garde le souvenir,

Comme aussi les mots de notre rencontre.

 

 

2

 

Pas un mot de trop.

La prosodie le rejetterait.

 

Mais la plume appuie contre la page

Et, poursuivant la mécanique de la marche en avant, l’ignore

Et m’ignore.

 

Ce mot « moi » qui a son sens, parfois vient heurter

La tranquillité où je suis à l’idée d’écrire.

 

À la dynamique aérienne dont la plume est véhicule,

Le mot soudain disparaît,

Se fond naturellement – transmué qu’il se trouve –

En l’autre mot, « nous », qui a valeur d’étai

Dans le bloc prosodique,

Non de porte-à-faux.

 

Adepte de la Sécurité Routière

Ainsi qu’agent de la Brigade Fluviale,

J’accorde à la prosodie les mêmes lois que celles de ces deux instances

Quant à la vigilance qu’il demeure impératif d’observer

Lorsqu’on s’engage dans la voie –

Voie routière,

Voie du Grand Fleuve

Ou voie du poème.

 

La plume prévient toujours avec clarté l’impact

D’ordre narcissique

Aux conséquences fâcheuses,

Eu égard au contrôle de soi

Et, par là même, assure et me rassure

Grâce à la tenue de sa conduite.

 

De fait, je n’ai aucun besoin de m’impliquer outre mesure

Dans cette marche en avant

Mais bien plutôt de m’asseoir confortablement sur le seuil

Tel le guetteur,

Soit mon attitude de pêcheur au bord du fleuve

Qui profite du temps nécessaire avant la prise

Pour observer à distance suffisante les signes des éléments.

 

La plume, après le bâton du rivage,

Résoudra les signes que je traçai sur le limon

En accords intrinsèques à l’air et ce,

À des fins d’harmonie.

 

Je ne boude pas mon bonheur de participer au chant du jour

Que le Palais des Hauts, sis sur la Montagne-qui-parle, fit secrètement entendre.

J’écris, nous écrivons devrais-je dire –

Par souci de bien faire

Et toujours dans les limites de soi –

L’entente cordiale dont le Chœur des Muses est la voix.

Ma demeure en constitue le cadre et le réceptacle,

Lieu du poème où cristallise la rencontre essentielle.

 

 

3

 

L’acte d’écriture est un acte spontané de la personne

Et dès le moment propice, épris d’inspiration

Comme on s’éprend de la liberté,

Je me confie près le Chœur des Muses

Dont la plume demeure messagère ;

En d’autres termes, je note après constat d’idée.

 

En l’occurrence, je veille au bon déroulement du procès syntaxique,

Assorti qu’il est de son cortège de figures et de signes musicaux.

À cet égard, l’alliance de ces deux procédés – figures et prosodie –

Se propose toujours sous l’aspect du symbole, qui fonde le poème.

 

Je ne me pique pas de mots, non, mais au contraire

Sis en retrait selon la posture du veilleur,

Je me dois d’accorder à la plume sa fonction majeure de messagère,

Car elle dit, ou mieux transcrit, sous l’effet de la cristallisation

Du chant premier à l’écoute duquel on l’invita

Dans le cadre somptueux du Palais des Hauts.

 

Cette cristallisation peut être évaluée simplement

En termes de mesure rythmique.

Ainsi revêtue de vocables musicaux

Comme une Dame apparaît dans sa longue robe gemmée,

La plume s’anime et déploie les ailes de la pensée.

Il en résulte une structure significative

Grâce à quoi se superposent ou s’apposent les champs.

 

Je me situe sur le seuil de cette éclosion multiple

Où fleurs, fragrances et notes abondent sur le mode exponentiel,

C’est-à-dire sur le mode d’un accord fondamental avec l’Azur. –

Le Chœur des Muses nomma ce phénomène Champs de la Raison.

J’y veille, à titre d’agent affecté au service de la plume, entre autres

Fonctions sociales qui me comblent.

Je puis, par là même, être ravi à l’idée d’aider mon prochain

Et à l’idée d’écrire.

 

Dans tous les cas, l’inspiration sert la perception.

Je me dois d’être à ses deux facultés majeures dans la posture du dévouement.

Il me revient d’être à soi, par conséquent, afin de me constituer sujet

De l’action responsable qui me conduit à sécuriser mon prochain,

À écrire un poème.

Le plan optimal est le seuil où j’agis.

 

Écrire n’implique pas pour moi la contrainte

Mais la conscience de soi écrivant et désireux de liberté,

N’écrivant contre personne,

N’écrivant que contre moi-même pour me sentir réellement libre.

Étant le mieux à même de me connaître moi-même,

Je ne me combats pas ;

J’ai choisi de m’accorder à la personne

Par respect des vertus – non à l’apparence.

 

Je suis aux ordres de la raison à titre de personne,

Naturellement.

La rencontre avec le poème doit être heureuse,

Elle n’est pas réalisable sans le sentiment de liberté

Et le respect de soi.

À l’essor de la plume, heureux je demeure.

À l’idée de ma Dame, je vais à sa rencontre.

 

 

4

 

Ce qui détermine mon sentiment de liberté

Est le fait de n’écrire contre personne ou aux dépens de la personne.

J’écris contre moi-même,

Afin d’être pleinement sincère à l’égard de la personne –

Un acte qui nécessite la prise de conscience d’être à soi

Comme à l’autre.

 

Le poème est un acte social

Dont la plume, confidente du Chœur des Muses,

S’avère l’autrice réelle,

Étant donné qu’elle me rend à l’air,

À mon inconsistance sans ailes au cas où je me verrais privé de l’inspiration

Qu’elle véhicule.

 

Je suis au poème comme on est au bonheur d’exister.

 

L’harmonie fonde la dynamique de l’écrit

Qui transmue le mot en note

Et me découvre la notion de chant

Indissociable de la notion de poétique.

 

Lorsque la page blanche se propose support du moment,

De telle période de la journée,

Je m’avoue comme conditionné pour dire.

 

Dire la beauté de la vie,

Lieu où les passions ne sont pas présentes,

Lieu de la sublimation autour de laquelle le poème se réalise,

Où cristallisent les rythmes offerts à la plume

Dans le Palais des Hauts.

 

Ayant pris le bâton du bord du Grand Fleuve ce jour

Afin d’y transcrire les mouvements, les scintillements, de l’eau,

Les voix de la Forêt,

Je conçus d’abord une musique 

Dont le Chœur des Muses était le principal destinataire.

C’était au retour d’un spectacle émouvant

Après quoi j’eus l’heur de rencontrer l’artiste.

Il y aurait j’espère une prochaine fois.

Mon âme s’épancha à ce souvenir et au dialogue du soir

Qu’entretenaient la Forêt, le Grand Fleuve et l’Azur.

Le Soleil allait bientôt se coucher et ma demeure non loin du rivage

Accueillerait peut-être l’idée des mots mis en musique

Si la plume n’y voyait pas d’inconvénient.

Et l’idée émut heureusement la plume,

Que l’on invita aussitôt près le Palais des Hauts. –

La Muse parla.

 

Puis, apparue à bord de son nuage,

Tandis que mon regard se posait à la fenêtre

Sur la Montagne-qui-parle, la plume se plaça sur la page,

Quand le nuage eut adopté la forme provisoire de ce support.

 

Sûr du mouvement inspiré que dicta le Chœur des Muses,

Je suis au Bonheur d’écrire que la plume anime

Et dont la rencontre constitue le motif.

Épousant ici le champ allégorique,

La plume suggère d’après un tel motif l’idée qui lors me ravit

À offrir à la Dame un bouquet de roses de Damas

Et à lui consacrer l’écriture du poème.

 

La Dame est devenue « Le Bonheur d’écrire ».

 

C’est la Femme qui trône, entourée des Vertus.

 

Elle est assise dans sa loge après que je lui ai offert le bouquet de roses de Damas,

Ayant accepté mon geste.

 

Elle me regarde avec gratitude.

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