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montagnes

PUBLICATIONS XLII

Récit fictionnel

Silhouette de guitariste de concert

JEAN-MICHEL TARTAYRE

 

 

 

 

LE JOURNAL D’ART JUNGLE

Un An après

 

 

 

 

Récit fictionnel

 

 

 

 

 

 

 

Lundi. Cela fait un an, jour pour jour, que je n’ai pas consulté mon Journal. Je suis Champion du Monde de F1H20. C’est un titre qui m’honore. Je ne tiens pas à revenir sur les diverses épreuves auxquelles je dus faire face, puisque tout Grand Prix nécessite une force mentale qui, seule, permet au sujet de progresser dans l’aventure sereinement. Cette force, je la dois d’abord à ma famille, ensuite à la Formula 500, dotée d’un remarquable confort de pilotage, outre la puissance. Ma famille, ce sont mon épouse, nos enfants, mes parents, les sages qui m'instruisirent, mes beaux-parents, mes sœurs et frères d’armes, nos ancêtres. Je leur dois à toutes et tous mes victoires, au total 6 victoires pour 10 Grands Prix. Le Lieutenant-Colonel Hawk remporta, quant à elle, 4 Grands Prix. Elle me félicita pour mon titre. Avant-hier, j’eus M. Paul M. au téléphone.

En effet, « L’Homme du Mas » m’appela pour me féliciter à son tour : « Vous êtes engagé dans une aventure exceptionnelle, Lieutenant. Je ne peux vous souhaiter que le meilleur durant les années à venir. Vous méritez ce titre. La concurrence est rude, sachez le conserver. Je vous fais confiance, nous vous faisons confiance, mon épouse et moi. » Je remerciai « L’Homme du Mas », non sans émotion, car cette personne est grande de vertus, chacun des mots qu’il prononce a du poids. Oui, je suis maintenant « engagé dans une aventure exceptionnelle », comme me le dit mon interlocuteur ; une aventure dont le parcours m’oblige au titre du sportif de haut niveau et du soldat que je suis. Je m’entraîne dur depuis l’obtention de mon titre, à raison de cinq fois par jour. Le Sergent T. et le Brigadier-Chef R., les ingénieurs et techniciens de la Formula, me suivent toujours de près. Nous appartenons à l’Équipe française. Le Hangar 15 est devenu le garage de trois Formula 500 ; deux nous furent fournies par le Constructeur et s’ajoutent à la plus ancienne, celle avec quoi j’ai débuté. Souvent, le Sergent T. court avec moi sur le plan d’eau d’entraînement, parfois même nous sommes trois pilotes à concourir lors d’essais libres sur une distance de 30 à 35 tours x 3500 mètres. C’est notre distance favorite. Nous courons aussi sur 1500 mètres, distance qui me semble beaucoup plus technique que la précédente, mais moins rapide en termes de vitesse de pointe. Mon épouse et nos enfants sont heureux de me voir réaliser un rêve. Somme toute, nous vivons un rêve. Il est très probable que le Sergent T. coure avec moi, au vu de ses compétences. Le Constructeur en personne le contacta récemment. Nous serions deux désormais à courir pour le titre. « Je connaîtrai la réponse après-demain, Lieutenant. Dans tous les cas, il me faut faire un podium lors des prochaines Qualifications. Ma place dans l’écurie en dépend. Si j’étais pris, ce serait l’année prochaine. », me confia-t-il cet après-midi. Il est 23 heures. J’écris avec plaisir mes impressions du jour, renouant avec le genre. Car mon Journal s’inscrit dans le genre narratif. Je rapporte, en les relatant, les faits de mon quotidien, mes réflexions, mes poèmes, lorsque l’idée inspiratrice le souhaite. Je crée ainsi mon espace, mon habitat lexical, grammatical, sur le principe de la raison nôtre, un lieu où, indéniablement, je m’épanouis et prévois, eu égard à mon emploi du temps, les choses que j’ai à faire. Le premier Grand Prix du championnat est celui du Royaume-Uni cette année. Le Commandant O. me dit ce matin : « Tout est prêt, Jungle. C’est dans deux semaines. Nous vous faisons confiance. »

 

 

Mardi. 21 heures. J’ai passé la journée sur le plan d’eau d’entraînement. Mes chronos sont satisfaisants. Le Sergent T., le Brigadier-Chef R., étaient à leurs postes respectifs sur le stand : le Sergent suivait mon évolution devant son P.C. portable à titre d’homme-radio et le Brigadier-Chef analysait ma trajectoire devant son propre P.C. dans la perspective de trouver la vitesse optimale me permettant d’améliorer la technique de pilotage. S’agissant du nombre de tours, il varie entre 30 et 35, néanmoins pas chaque jour en raison de l’impératif d’économie de carburant. Très souvent, je réalise dix tours, ce qui n’oblige pas les ingénieurs et techniciens à faire le plein. Un budget nous est fixé, strict. La FFM est intraitable. Les dirigeants de la Fédération exigent l’utilisation de l’éco-carburant, par respect pour l’environnement. « Nous ne sommes pas des pollueurs ! », nous a encore dit le Commandant O. ce matin, rappelant ainsi le mot d’ordre que le propriétaire de notre écurie lui transmit hier au cours d’un entretien. Il est vrai, le cadre naturel où nous avons la chance de vivre, ce cadre où je grandis et vis est un lieu à préserver. Toutes les tribus sont d’accord sur ce propos. « L’Homme du Mas », à titre de Président de Région, est un fervent défenseur de l’environnement. Il soutient le projet immobilier et agricole des tribus mais, me rappelait-il samedi dernier, dans le cadre strict de la loi de notre écosystème. Il dit : « Vous savez, Lieutenant, des millénaires nous regardent agir. La Forêt dialogue avec le Grand Fleuve. J’utilise en l’occurrence la personnification, je ne vous cache rien, pour dire qu’effectivement le danger du dérèglement climatique relève de notre responsabilité à tous. Être conscient du danger, c’est la raison pour laquelle j’ai souhaité être élu à ce poste, afin de sensibiliser l’opinion sur le sujet de l’équilibre naturel. J’organise de nombreuses conférences pour que l’on prenne en compte le fait terrestre. Lieutenant, je vous le disais, je crois que la Forêt dialogue avec le Grand Fleuve et je crois que le contenu de leur propos est grave. Je ne sais rien de ce qu’ils disent, Lieutenant, car j’occupe le poste de veilleur. Je me tiens devant la porte de leurs débats, porte qu’ils me demandent toujours de fermer après l’entrée de leurs cortèges respectifs, exclusivement composés de la faune et la flore qu’ils abritent et protègent. L’azur dialogue avec eux sur le mode distanciel. J’espère que vous avez apprécié ma fable, Lieutenant. Cela pour vous dire que l’humilité est une posture dont chacune et chacun est capable ; c’est la posture du respect de soi et de nature. Nature et soi demeurent indissociables, liés qu’ils sont par la raison. Prendre soin de soi et de l’environnement, ne pas polluer, respecter l’équilibre, sont facteurs du comportement naturel, donc de la dignité. » J’ai pris des notes, sitôt après notre conversation, de ce que me dit « L’Homme du Mas », bien que j’eusse mémorisé les trois quarts de son propos. Je ne fais que retranscrire en l’occurrence. Avant ces mots, il m’avait félicité pour mon titre. La question de l’économie du carburant m’a donc conduit à citer M. Paul M., argument d’autorité s’il en est, au cours de ce nouvel épisode de mon Journal. La leçon que j’en tire est que je dois rester à ma place dans l’ordre de nature, respecter ses lois implacables, et ne pas dévier de la trajectoire dont elle me gratifie. « L’Homme du Mas » est un officier de notre Régiment, un penseur, un acteur politique de notre Région qui écoute les tribus et qui sait se montrer efficace en matière de résolution. C’est un homme de terrain qui est à l’origine de la beauté de notre environnement, parce qu’il se bat au quotidien en faveur de la préservation de l’écosystème. D’un pragmatisme exemplaire, il me convainc de demeurer à ma place, je le redis, dans l’ordre des choses, réaliste. Je me souviens qu’il m’avait dit aussi, lors de la dernière affaire qui m’amena à le côtoyer assez fréquemment, à être reçu chez lui, en compagnie de son épouse, Mme la Mairesse du village de W., que la boxe lui sert à demeurer intact face à l’épreuve, serein, froid sans avoir froid aux yeux. C’est un frère d’armes, une personne que je défendrai au prix de ma vie, s’il le fallait. Je parle en soldat.

 

 

Mercredi. Le jour des enfants. Après mon entraînement du matin, je suis allé chercher notre fille et notre fils vers midi. Je leur ai préparé des gambas avec des tagliatelles à la sauce tomate, augmenté d’un filet d’huile d’olive. Nous nous sommes régalés. J’ai mis le lave-vaisselle et la machine à laver le linge en marche. Au bout d’une heure, j’ai mis le linge à sécher. Puis en début d’après-midi, vers 14 heures, je les ai accompagné(e)s au service de mon épouse. J’avais mis leurs cahiers et leurs trousses respectives dans mon petit sac à dos. Ils ont fait leurs devoirs dans son bureau, pendant que je m’entretenais avec elle. Au sortir du service de mon épouse, ils ont voulu faire un tour dans les galeries marchandes de l’hôpital. Je leur ai acheté des bonbons Haribo et une peluche à chacun, au Tabac-Presse, tandis que pour ma part je me suis offert le dernier numéro de la revue de la Marine Nationale. Nous avons pris ensuite l’autobus, direction la plage. Nous nous sommes promenés sur la plage. Nos petits ont joué avec des ballons de baudruche que je leur achetai sur le mail, la promenade qui longe la baie. Au retour, nous nous sommes arrêtés à la terrasse d’un café glacier du port de plaisance pour manger des glaces. Il est 22 heures ce soir. Mon épouse est rentrée il y a à peine une heure, « un peu éreintée », m’a-t-elle dit, par sa journée de 12 heures. Je nous ai préparé à dîner : des épinards avec un œuf mollet pour quatre personnes, en suivant scrupuleusement la recette du Chef Le Quellec. Mon épouse me dit que je me débrouillais bien en cuisine et que la recette était respectée. Nous avons bien mangé. Après une heure de télévision, mon épouse et nos enfants sont montés se coucher. J’ai repris le cours de mon Journal. J’ai le sentiment étrange qu’il fait autorité sur les rappels de mon quotidien. Par exemple, le chat. Tout en écrivant, je viens de m’apercevoir que je n’ai pas changé sa litière. J’y vais de ce pas … J’en ai profité pour lui servir du Gourmet au poisson et de l’eau. Voilà. Où en étais-je ? Mon Journal. Oui, il remet les choses dans l’ordre car il constitue, selon moi, un rapport des faits. Mon épouse, quand elle en lit quelques passages à ma demande car je souhaite qu’elle puisse corriger d’éventuelles erreurs de grammaire ou d’orthographe, m’a dit que c’était intéressant dans la mesure où je restais sincère avec moi-même : « Le Journal est un support personnel, Art. Il peut aussi être un support d’apprentissage. C’est, je crois, avant tout un support de gestion, relevant des Techniques Quantitatives de Gestion. Nous appartenons, toi et moi, à un peuple de pêcheurs, d’agriculteurs et de marchands. Je ne saurais te dire quelle est l’origine historique du genre, mais elle est très lointaine, Art. Je dirais que le Journal siège dans les temps immémoriaux. » Comme le dit mon épouse, le Journal est un outil de gestion. Il me sert à ordonner mes heures sur le mode de la synthèse, du bilan pour être plus précis. Chaque journée est reprise d’après ses axes thématiques et son ordonnance chronologique. Le Journal est par conséquent un outil de mémoire. Le Journal est enfin le support de mon actualité. Une question se pose à moi : Qui écrit ? Il s’agit indéniablement d’une question d’ordre générique à laquelle je réponds : moi, Artemus Jungle. Le Journal est ainsi le support de la pensée qui me porte ; logique, tant sur le plan de la cohérence des faits que sur celui du statut de l’énonciateur. Plus concrètement, il se fait tard. J’avais l’idée d’un poème mais je reporte cette idée à demain. Le sommeil vient peu à peu. Je retiens de cette réflexion du jour que le Journal est certes un outil de gestion, mais aussi un outil de lecture, dans la mesure où l’écriture sert à mieux lire, et réciproquement. Mon épouse, en début d’après-midi, lors de notre discussion dans son bureau, me disait à cet égard : « Je suis en train de parfaire mon dernier essai. Je relis chaque épreuve avec beaucoup de rigueur. La lecture et la traduction de cette œuvre autour de laquelle je viens de réaliser cet essai, m’avaient préalablement demandées un temps certain, tu t’en doutes, Art. »

 

 

Jeudi. 23 heures. Je me suis entraîné avec ferveur toute la matinée ; course à pied, 20 km, et tours de circuit sur le plan d’eau. Le Sergent T. et le Brigadier-Chef R. sont deux frères d’armes sans qui je ne serais pas où j’en suis aujourd’hui. Je leur ai dédié mon titre de Champion du Monde de F1H20, comme je l’ai dédié à mon épouse, à nos enfants. Le Sergent T. me confia hier matin ce qu’il m’avait annoncé avec incertitude lundi, à savoir la réponse du Constructeur : « Je suis pris, Lieutenant. Mais à la condition de me qualifier cette année. » Je l’ai rassuré sur ce point. Il connaît l’art du pilotage mieux que quiconque dans notre Régiment. Outre ses facultés mentales hors norme qui font de lui un bloc d’acier trempé, il maîtrise aussi bien l’art de la navigation que celui du combat. Je ne reviens pas sur son statut d’instructeur qui le situe au premier plan de notre corps d’Armée ; il en est la pièce maîtresse, le pilier. Notre Commandant en Chef, le Général E., le cita maintes fois. Cet après-midi, nous sommes sortis, mon épouse et moi, rendre visite à ses parents puis, étant donné qu’il fait beau ces jours-ci, nous avons fait des photographies. Mon épouse aime photographier les paysages marins, ce qui m’inspire des poèmes. J’écris toujours sous l’égide de mon épouse, qui me conduit au pays des Muses. Il me faut à cet égard satisfaire à mon idée d’hier soir : écrire un nouveau poème. Nous sommes allés, elle et moi, chercher nos enfants à l’école au terme de notre balade sur la Côte. La soirée fut belle, heureux que nous étions tous les quatre de la promotion du Sergent T. « Il réussira. », me dit mon épouse. Le savoir courir avec moi sur la scène internationale me satisfait car je sais que lui aussi est capable d’honorer notre écurie, notre Régiment, du titre suprême. Ce sera en outre un nouveau challenge pour moi. Le fait est qu’il faut patienter dix mois et trois semaines avant sa course. Pour l’heure, je reste concentré, nous restons concentrés, sur le Grand Prix du Royaume-Uni, première manche de ce nouveau Championnat du Monde. Comme je me le suis promis, un poème, dont l’idée se présenta avec vigueur à la vue des paysages marins que nous vécûmes cet après-midi, mon épouse et moi.

 

                     DIALOGUE MUSICAL

 

Aux mores chanteurs

Les voix s’unissent pour dire. –

Nous lisons la scène.

 

 

Vendredi. Mon épouse est partie ce matin à 7,45 AM pour se rendre à son service et accompagner nos enfants à l’école. À 8 AM, ce fut mon tour de quitter l’appartement, direction le Hangar 15. J’avais rendez-vous avec mes deux frères d’armes, le SergentT. et le Brigadier-Chef R. pour mettre à l’eau la Formula 500  de l'Équipe française. Jusqu’à présent, je me servais de la Formula de notre Régiment, un modèle plus ancien. Une fois que nous fûmes arrivés sur le plan d’eau je pus, en attendant que le Sergent et le Brigadier-Chef préparent le parcours, observer le carénage profilé de la machine aux couleurs de l’écurie, et son habitacle. Les deux ingénieurs étaient là avant nous. C’est eux qui avaient remorqué la Formula une heure avant nous pour effectuer la révision, remplir le réservoir, opérer les principaux réglages. Sitôt monté à bord, je retrouvai les sensations d’une course de Championnat du Monde. Mes deux coéquipiers, le Sergent et le Brigadier-chef, connaissent déjà l’appareil, puisque lorsque nous nous sommes entraînés à trois, peu après l’obtention de mon titre et la livraison des deux nouveaux véhicules « Équipe française », ils eurent le privilège de piloter ces Formulas. Ils avaient réalisé aujourd’hui un circuit de 10 bouées pour une distance de 3500 mètres, technique et rapide à la fois, tel que ce fut le cas dans certains Grands Prix. Les Mercury démarrèrent d’après ma programmation du Pace-Boat, que j’établis sur ordre de l’homme-radio, le Sergent T. Au signal du Brigadier-Chef R., muni du drapeau vert, je débrayai. L’engin atteignit la vitesse de 160 MPH en moins de 5 secondes sur la première ligne droite d’une longueur de 0,5 mille ; je rétrogradai à 110 MPH à l’entrée de la double chicane de 0,2 mille, pour retrouver la vitesse maximale dans la courbe de 0,3 mille ; je maintins la vitesse de 160 MPH dans la deuxième ligne droite de 0,5 mille, ralentis à l’approche de la dernière bouée marquant la trajectoire à 180° Est sur 0,1 mille et terminai le premier tour à la vitesse moyenne de 130 MPH, eu égard aux informations que me donna le Sergent dans mes écouteurs. Sur l’ensemble des 35 tours accomplis ce matin, le meilleur fut chronométré à 45 secondes. Un record, s’agissant de mes essais libres en ce début de saison, essais préalables au Grand Prix du Royaume-Uni. L’après-midi, nous avons réitéré, mais sur la distance de 3500 mètres x 10 tours, soit 18,8985 milles nautiques au total. « Votre chrono est bon, Lieutenant. », me dit le Sergent T. L’anémographe affichait un vent Force 0 à 1, le compte-tours indiquait le régime optimal, tout du long. Ce fut une belle journée, une séquence dont je me satisfais. Quelle heure est-il ? Je consulte ma montre. 23 heures. Mon épouse est montée se coucher il y a peu, après que nous avons tous les deux accompagné et bordé nos enfants dans leurs chambres respectives. Mon départ pour la Cité de L., au Royaume-Uni, est prévu mardi, dans trois jours. L’équipe ne change pas. Nous partons à cinq. Vol direct de K. à L. Arrivée à L. 10H30., le mardi. La singularité de ce Grand Prix, comme c’est le cas pour deux autres, est que le plan d’eau n’est pas un lac mais un fleuve, le fleuve de L. en l’occurrence. Tous les concurrents auront à effectuer les essais libres, les essais officiels, avant la compétition proprement dite. Briefing le samedi en huit et contrôle anti-dopage après la course, le dimanche. C’est la loi. Demain samedi, j’ai rendez-vous, le matin, chez le médecin ophtalmologiste pour qu’il dresse un nouveau bilan de ma vue et, l’après-midi, chez le dentiste, afin qu’il puisse procéder à un détartrage. « C’est nécessaire Jungle. C’est la loi, vous le savez. », me disait tout à l’heure le Commandant O. à notre retour au Hangar 15, tandis qu’elle s’entretenait avec le Capitaine H. La remarque du Commandant fut d’ailleurs enrichie par ces mots du Capitaine H. : « Je dirais même que c’est une question de bon sens, Lieutenant. » Je me rends compte que mon parcours professionnel est inconcevable sans les autres, mes sœurs et frères humains.

 

 

Samedi. 21 heures. Mon état de santé est bon. Aujourd’hui, exceptionnellement, je n’ai pas suivi l’entraînement. Le Commandant O. et le Capitaine H. sont convenues qu’il me fallait consulter pour que je leur remette le résultat de mon bilan ophtalmologique. « Bien, ça n’a pas changé, Lieutenant. 20 / 10e à chaque œil. Vous êtes paré pour le Grand Prix du Royaume-Uni. Demain, dernier jour de la préparation, n’oubliez pas les essais libres de la matinée. J’y serai. À demain matin, Lieutenant. » C’est la réponse que je reçus à 7 PM de la part du Commandant O. sur ma messagerie, suite à mon précédent envoi des résultats à son adresse et à l’adresse du Capitaine H. Je suis satisfait. Mon épouse rentra plus tôt ce jour, en raison de ses nombreuses gardes de nuit effectuées depuis le début du mois. Elle portait dans ses mains un bouquet de roses rouges qu’elle plaça dans un vase sur la table de notre salon.

« Je suis passée chez la fleuriste. Pour toi. », me dit-elle.

Mon épouse est une fragrance sublime qui transmue mon quotidien en jardin merveilleux. Après ma consultation de l’après-midi chez le dentiste, j’ai d’abord nettoyé le sol de l’appartement, fait la poussière avec l’aide de mon épouse, ensuite nous sommes allés, elle et moi, nous promener dans les rues de K. avec nos enfants pour faire des courses, visiter le musée national. Nous avons offert à nos enfants deux exemplaires de la nouvelle édition de L’Épopée de Gilgamesh, un livre pour chacun. Ils s’y sont plongés aussitôt que nous sommes revenus à l’appartement. Après le dîner, ils sont montés dans leurs chambres pour continuer la lecture. Mon épouse est actuellement dans notre bureau, occupée par la relecture des épreuves de son essai. Pour ma part, je rédige sur la table de notre salon, en écoutant de la musique sur la hi-fi LG, le volume bas afin de ne déranger personne. Je me situe donc, à cette heure, dans la sphère de mon Journal, à titre de comptable de mon quotidien. Mon Journal est, à cet égard, assimilable au livre de comptes, au sens originel du terme. Je l’ai déjà dit, il est un support qui m’aide moins à planifier qu’à synthétiser. Ce n’est pas vraiment un emploi du temps mais plutôt un report de mouvements sur le mode du bilan tabulaire qui sert le prévisionnel. J’y reporte mon vécu. C’est par conséquent un livre que composent des sommes, les sommes des actes que je réalise chaque jour. Un livre participant de ma trajectoire quotidienne. De fait, il est ce support fondamental qui me permet d’établir mon examen de conscience d’après ces questions simples : Qu’ai-je fait aujourd’hui ? Qui ai-je rencontré ? Quel temps fait-il ? Comment est-ce que je me sens ? De telles questions fixent les axes de mon développement. Outre cela, mon Journal constitue, je l’ai déjà dit, le cadre de mon apprentissage de la langue française. Je m’y tiens pour améliorer mes connaissances grammaticales et lexicales de la langue française. Certes, je suis linguiste, étant donné que je parle et écris plusieurs langues, une compétence qui me permit au titre de l’agent d’État que je suis d’effectuer des travaux de traduction, s’agissant de plusieurs dossiers qui me furent confiés, mais aussi des actes de négociation. L’exercice de mon métier demande de bonnes qualités physiques et intellectuelles. Mon recrutement au sein de notre Régiment fixa à vie ma détermination à servir les valeurs de la République Française, à savoir que j’entends la Liberté, l’Égalité, la Fraternité, en termes de valeur absolue. Je ne transige pas avec l’instant, je ne transige jamais avec l’instant, l’instant qui m’engagea à défendre mon pays au prix de ma vie.

 

 

Dimanche. 21 heures. Nous venons de dîner. Mon épouse et moi avons préparé pour nos enfants et nous un cassoulet, en suivant la recette du Chef toulousain, Pierre Lambinon. On s’est régalé. Mon épouse est revenue à notre bureau, afin de poursuivre la relecture des épreuves de son essai, un volume de plus de 700 pages. Nos enfants regardent un dessin animé de Walt Disney à la télévision. Je suis avec eux dans notre salon, à poursuivre l’écriture de mon Journal. À 8 AM, nous sommes partis du Hangar 15, le Sergent T., le Brigadier-Chef R. et moi, pour mettre à l’eau la Formula « Équipe française ». Arrivés sur la zone d’entraînement, le Commandant O. était déjà présente sur les lieux devant l’appareil, en discussion avec les ingénieurs de l’équipe technique. « Bonjour Messieurs, nous dit-elle, la révision est faite. Nous vous attendions pour mettre la Formula à l’eau. » Une fois à bord et au signal du Brigadier-Chef, je réalisai 30 tours d’essais libres, en un bon chrono. Le Commandant O., tous mes coéquipiers, semblaient, satisfaits. Après cette séquence, nous revînmes à K., Hangar 15. Le Commandant O. nous rappela l’heure de notre départ fixée à 18 H 30 le lendemain, lundi. Nous partons demain en fin d’après-midi pour arriver à L. mardi à 10 H 30. Les principaux représentants de l’écurie nous attendrons à l’aéroport. L’aventure de mon deuxième Championnat du Monde commence. J’ai confiance. Je ne penserai à la course que le jour de la course. Pour l’heure, je me détache de tout ce qui peut nuire à ma concentration. Par exemple, l’écriture du Journal est un moyen de me libérer des sentiments négatifs et du doute. Le doute, ce miroir aux alouettes qui vous enferme dans une forme de surestime où l’ego se noie à proportion du nombre de facettes devant quoi il se regarde, ou plutôt croit se regarder. Nous n’avons pas de temps à perdre avec les considérations de l’ego face à lui-même. Je ne sais pas ce que sera demain. Je ne veux pas savoir ce que demain sera. Nos enfants regardent la chaîne TV Disney, mon épouse travaille à son œuvre. Ils sont ma vie. Toute autre considération de ma part serait fausse. L’instant dicte nos heures, l’instant dicte la trajectoire de nos heures. L’instant, par nature, ne trahit jamais. Je suis à mon Journal comme à une amie, comme à un ami, un ami. Je ne trahirai pas mon Journal. Je ne me cache pas pour le dire, car mon Journal fonde mon intégrité dans le cadre des relations que j’entretiens avec mon entourage familial, professionnel. Mon Journal est l’assemblage des mots et des phrases que j’écris. Il est à lui seul mon miroir, car il est d’abord une page blanche, comme mon épouse et nos enfants sont mon miroir, comme mes sœurs et frères d’armes sont mon miroir. Un bon livre est un miroir. Un bon spectacle est un miroir. Une belle musique, un beau tableau, une belle sculpture, sont un miroir. Un mur est un miroir. Un miroir est un miroir. Mais aucun doute sur le fait que je ne suis pas mon propre miroir. La loi naturelle l’interdit absolument. Non, je ne m’aime pas. Je suis en sursis dans le cours de notre existence, qui n’attend de nous qu’on la vive pleinement. Je ne m’aime pas, non. J’aime la vie. Nos enfants sont concentrés sur le film d’animation. Mon épouse, à la sagesse d’Athéna, écrit. Mon bonheur est là. Mon bonheur me suffit. Mon bonheur est toujours conduit par la Raison.

Je reste sur le jour comme un corps après soi., écrit le grand poète André du Bouchet.

 

 

Mardi. 22 heures. Avant d’aller me coucher, je retrouve mon Journal. Je partage la chambre d’hôtel avec le Sergent T. et le Brigadier-Chef R. Un hôtel trois étoiles, au centre de L. avec vue sur le fleuve. L’intérieur de l’établissement est parfumé des senteurs sublimes de thé à la bergamote et au jasmin. La partie de la Cité où auront lieu les essais et le Grand Prix est décorée de drapeaux aux couleurs du monde. Toutes les nations participant à la course sont représentées par leurs pavois respectifs. La nuit est venue. La ville illumine. Le pourtour du fleuve, à l’endroit où j’ai rendez-vous après-demain avec tous les concurrents pour les premiers essais s’orne des plus belles couleurs lumineuses. Ce sont des guirlandes de fleurs de lumière. Posant mon regard à la fenêtre, je vois que les tribunes sont déjà montées, les stands prêts ; je vois que l’écran géant près du pont affiche en lettres capitales l’annonce de l’événement, au-dessus du symbole d’un grand peuple : le drapeau de l’Union Jack. Le Sergent T. prévoit de me conduire demain à la salle de Basic-Fit de l’hôtel pour nous entraîner. Dans la salle de conférence, les représentants de l’écurie « Équipe française » sont venus nous présenter les dernières options de la Formula 500. Le pilote italien, qui reste mon coéquipier pour ce deuxième Championnat du Monde auquel je participe, est confiant, comme moi. « Nous ferons une belle course, Artemus, j’en suis sûr. Buona fortuna a te. », m’a-t-il dit. Je lui ai souhaité à mon tour de réaliser une belle course, après l’avoir remercié pour sa gratitude. Je ne sais pas comment sera ma course, de fait. Je sais que je ferai au mieux. Voilà tout. Les options de la Formula qui nous furent montrées au moyen d’un vidéoprojecteur d’après un document confidentiel, commenté ensuite par deux experts, sont des atouts indéniables quant à la tenue optimale de la trajectoire sur l’eau. Je n’en dis pas plus. Les essais vont pour moi être l’occasion de me situer, non seulement vis-à-vis des concurrents, mais aussi vis-à-vis de la Formula nouveau modèle. Est-ce que ma technique de pilotage va changer ? Non, je ne crois pas. En revanche, je ne peux que l’améliorer. Le Sergent T. et le Brigadier-Chef R. viennent d’entrer dans la chambre. Ce sont deux personnes remarquables par le fait que, lorsqu’ils discutent ensemble, il en ressort toujours une joie sereine, tranquille, sans excès ; une joie sérieuse, dirais-je, qui rassure et qui sait vous tenir à distance. Voix du Sergent T. : « Lieutenant, bientôt 23 heures. Pensez à dormir. Bonne nuit. Demain, lever 7 AM. » Nous partageons une chambre aux dimensions d’un T3, chacun sa pièce ; le confort est luxueux. Je te laisse, Cher Journal, pour aujourd’hui. Je vais téléphoner à mon épouse, lui dire que tout va bien, tout est bien, je suis bien arrivé, la Cité est belle, ses habitants égaux à eux-mêmes, dignes et respectueux.

 

 

Samedi. 22 heures. Je réalise le quatrième temps des essais officiels. Je ne suis pas déçu. Je remportai ce Grand Prix l’an dernier. Je ferai au mieux demain.

« Lieutenant, le jour J c’est demain. Vous faites un bon chrono aux essais. Ne soyez pas inquiet. », me dit le Sergent T. au moment de l’amarrage de la Formula. Non, je ne suis pas inquiet. Hawk réalise le meilleur temps, les deux pilotes de l’écurie anglaise font respectivement les deuxième et troisième temps. Mon coéquipier italien est cinquième, derrière moi, à une demi-seconde. Je suis moi-même à une demi-seconde du troisième, pilote de la Formula n°7, à une seconde du deuxième, le n°3, et à deux secondes du premier, le n°2. Ma Formula porte le n°1, au vu du classement du dernier Championnat du Monde, et partira donc en quatrième position sur la ligne de départ. C’est bien. De nombreux journalistes sont présents. Toutes les chaînes TV de la planète sont présentes. Je ferai de mon mieux. Mon titre de Champion du Monde reste et m’honore mais je dois absolument en faire abstraction. Le paradoxe négatif serait de me sous-estimer demain aux commandes du hors-bord, alors que je détiens le titre. Le Brigadier-Chef R. m’apprit lors de notre trajet aller dans l’avion que le Lieutenant-Colonel Hawk, quant à elle, vient de remporter le titre de Champion des U.S.A. pour la cinquième fois. Je l’ai déjà dit, Hawk est un monument de la F1H20. Je m’en remets aux déesses et dieux de la F1H20. Il serait bien que je passe une bonne nuit de sommeil. L’acte d’écrire s’inscrit dans le prolongement de mon pilotage de la journée. Je sens peu à peu une saine fatigue m’envelopper et l’envie de dormir. Ce qui importe le plus, c’est d’être en forme demain. Peu de choses à ajouter, sinon que mon énergie psychique est constante. Je ne connais pas le doute. Le Sergent T., le Brigadier-Chef R., les représentants de notre écurie, contribuent à maintenir ma concentration au top et à ne pas me poser de questions : « Ne réfléchissez pas, Lieutenant. », me disait à nouveau tout à l’heure le Brigadier-Chef, tandis que nous discutions tous autour d’un thé à la bergamote dans le luxueux salon de l’hôtel, où les piliers sont en marbre bleu et les tableaux de maîtres posés sur des cloisons conçues en pierres de taille et bois de rose. Non, je suis tranquille et même joyeux de ma condition. Au demeurant, je ne suis pas triste. Presque 11 PM … Je vais consulter un article du dernier numéro de la revue de la Marine Nationale avant de me mettre au lit.

 

 

Dimanche. Jour J. Jour du Grand Prix. Départ 9 H 30. Nous nous levons à 6 AM, mes coéquipiers et moi, après une bonne nuit de sommeil. À 8 AM, le breakfast pris, nous rejoignons la salle de conférences d’un autre hôtel situé près des stands. Tous les concurrents y ont rendez-vous pour la demi-heure de briefing. Le Président de la Fédération Internationale nous rappelle d’abord les lois et les codes d’une telle compétition, puis il laisse la parole au Commissaire de course qui nous présente dans le détail le parcours et la conduite à tenir en toute circonstance. « Mesdames et Messieurs, vous le voyez aujourd’hui, il pleut beaucoup, il y a du vent. Je fais donc appel à votre responsabilité de pilotes émérites. Bonne chance. », conclut Monsieur le Président. À 8,45 AM, nous arrivons devant les stands. Les animatrices et animateurs de la radio de la Cité de L., diffusent les variétés internationales depuis leur tribune aux multiples enceintes. Billy Idol chante Rebel Yell. La foule des spectateurs, nombreuse et munie de parapluies, commence à prendre place sur les gradins. Le Sergent T., le Brigadier-Chef R. et moi, discutons avec les deux ingénieurs de notre écurie. « Le moteur est en très bon état, Lieutenant, me dit le Capitaine V. Vous devriez assurer sur l’ensemble des 35 tours. La Formula est prête. Bonne course. » À 9 H 05, nous rejoignons nos postes respectifs. J’ai bouclé la ceinture, saisi le volant. Le bateau-remorque nous conduit la Formula et moi sur la ligne de départ, en quatrième position. 9,15 AM, le Sergent T. me demande de programmer le Pace-Boat, ce que je fais aussitôt. Je regarde ensuite le tableau de bord, tout est en place. L’anémographe m’informe que le vent est de Force 1 à 2. Le temps est très pluvieux. Je jette un coup d’œil sur le compte-tours, le compteur MPH, la boussole. 9,25 AM. Restent 5 minutes. Le feu est rouge. Je pense à mon épouse, à nos enfants. Tout est calme. Les gouttes de pluie font des figures transparentes sur le parebrise du cockpit. Les concurrents sont tous à l’arrêt sur la ligne de départ. Comment sera la course ? Je n’en sais rien. Je ne sais pas quelle va être l’évolution de la course. Surtout, ne pas me surestimer. Surtout, ne pas me sous-estimer. Tenir ma trajectoire. Voix du Sergent T., « l’homme-radio » : « 30 secondes avant le démarrage, Lieutenant. » Au terme de 30 secondes, les moteurs de tous les bateaux alignés au départ résonnent sur le plan d’eau. 10 secondes, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2. J’embraye. 1. Feu vert, drapeau vert. J’ai débrayé. Je franchis la première bouée au bout de la première ligne droite de 0,5 mille à 160 MPH et entre dans la double chicane de 0,2 mille à 90 MPH. Cette double chicane est particulièrement dangereuse, très resserrée. J’en sors à la vitesse de 120 MPH et retrouve la vitesse maximale dans la courbe Est de 0,3 mille, ce jusqu’à la fin de la deuxième ligne droite de 0,5 mille, puis rétrograde à 90 MPH dans l’entrée du virage à 180° Ouest de 0,1 mille ; enfin, j’accomplis le premier tour, en quatrième position. Nulle impatience. Je gagne la troisième place au quatrième tour, dans la double chicane. Le vent est à Force 2 dès le 10e tour.  Numéro 3 et Numéro 2 sont toujours devant. Au 20e tour, ma position n’a pas changé. Le vent est passé à Force 3, Petite brise. J’en tiens compte dans chaque ligne droite, sans modifier ma trajectoire. Toutefois, je suis tenu de réduire sensiblement la vitesse. Voix du Sergent T. dans les écouteurs de mon casque intégral : « Lieutenant, vous êtes à 1 seconde de Numéro 3 et à 2 secondes de Numéro 2. La Force du vent reste à 3. Maintenez votre vitesse de pointe à 140 MPH. Attention à la chicane, privilégiez 80 MPH, s’il vous plaît. » Éviter l’erreur. Assurer ma place sur le podium. Numéro 3 et moi sommes presque bord à bord au 30e tour. Numéro 2 n’est pas loin. Je l’ai en point de mire, juste devant moi, entre chaque passage de l’essuie-glace. Il pleut beaucoup, de plus en plus. Nulle impatience. Ignorer la surestimation de soi. Ignorer la sous-estimation de soi et de la concurrence. Accepter l’ordre des choses. Respecter l’ordre des choses. Tenir la trajectoire. Numéro 2 et Numéro 3 franchissent la ligne d’arrivée, respectivement à la première et deuxième place. Je finis troisième, à une demi-seconde de Numéro 3. Voix du Sergent T. dans mes écouteurs : « Bravo, Lieutenant ! Vous êtes sur le podium. » J’accomplis le tour d’honneur derrière Numéro 2 et Numéro 3. La radio de la Cité de L. diffuse The River, de Bruce Springsteen. Sur l’écran géant qui trône au-dessus du pont, mon nom s’inscrit en lettres lumineuses sous les noms de Hawk et de Banning, deux géants, deux légendes de la F1H20. Banning est quadruple Champion du Royaume-Uni, une fois Champion du Monde. Je retrouve ces deux pilotes exemplaires sur le podium, après notre passage au contrôle antidopage. Tina Turner chante Private Dancer. Le Sergent T. a pris une photographie de ce moment. Il me l’a transmise. Ce soir, il était 22 heures quand je repris le cours de mon Journal. Je viens de rapporter les faits de ma journée exceptionnelle, sincèrement. Ma montre affiche 23 H 28 à présent. Demain matin lundi, nous aurons le temps de visiter une partie de l’hypercentre de la Cité de L., ce jusqu’au lunch que nous prendrons à l’aéroport. Notre arrivée à K. est prévue à 16 H 15 le mardi. Nous décollons de l’aéroport de L. à 14 H. Je regarde à nouveau la photographie du podium, prise par le Sergent T. : nous sommes trois pilotes heureux, biens dans notre vie, biens dans notre sport, respectueux de ses lois, de ses codes. J’adresse la photographie à mon épouse, sur le mode du fichier joint. J’assortis cet envoi d’un SMS stipulant que tout va bien. La réponse de mon épouse ne se fait pas attendre. Son message me parvient après un laps de temps d'à peine 5 minutes :

« Nous sommes très heureux de ton podium, nos enfants, mes parents et moi. Nous sommes fiers. Je te revois après-demain, Art. Je t’embrasse. »

L’idée du poème se proposant, je note :

 

                 SŒURS ET FRÈRES DE LA MER

 

Au-dessus de l’eau

Nous voguâmes sans émoi. –

Ainsi, les nuages.

 

 

 

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