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montagnes

PUBLICATIONS LVI

Récit fictionnel

Bande de batterie

JEAN-MICHEL TARTAYRE

 

 

 

 

UNE ENQUÊTE D’ART JUNGLE

Le Secret du papyrus

 

 

 

 

Récit fictionnel

 

 

 

 

 

 

 

Je démarre toujours mes journées en totale confiance de mes moyens et de la vie. C’est un jour nouveau. J’ouvre les yeux au contact de la réalité, ce mur de ma chambre par exemple, qui me sert de support pour comprendre la raison de mon existence, agir. La raison de mon existence en effet peut se résumer par ce terme : action. Le mur ne renvoie à aucun objet sensible, si ce n’est à lui-même, un bloc de pierre massif, que je bâtis de mes mains, ayant bénéficié, il y a trois ans, des ressources de la carrière de granit à quelques kilomètres d’ici, après que j’ai justifié auprès des autorités compétentes y avoir travaillé pendant plus de deux ans à titre de soldat ouvrier. Il est 6 AM. Je me suis douché, j’ai pris mon petit-déjeuner, lavé la vaisselle, nettoyé la table. Je ferme la porte à clef et respire l’air de mon jardin, à cette heure baigné des fragrances des tilleuls et des fleurs d’oranger. Il fait bon, en ce début de saison sèche. Je largue les amarres, pose mon regard sur la Montagne-qui-parle et déclenche le démarreur. Mes deux Mercury ronflent de façon rassurante, me portent à la vitesse maximale autorisée sur le Grand Fleuve vers la base portuaire de K. où j’ai rendez-vous avec le Commandant O., Secteur 3, Porte H.

 

Il est 7 AM quand j’en franchis le seuil. Notre secrétaire est là, je la salue : « Le Commandant va vous recevoir, Lieutenant. Je l’appelle pour lui dire que vous êtes arrivé. Vous pouvez vous assoir en attendant. » Dix minutes passent quand le Commandant O. vient au-devant de moi. « Bonjour Jungle. Allez-y, je vous en prie, entrez … Asseyez-vous. » Je m’assois face à son bureau, le Commandant O. prend place. « Voilà, Jungle, me dit-elle. Je vous ai adressé l’e-mail hier soir, comme vous le savez. Ce pour vous demander de venir plus tôt aujourd’hui. Vous l’avez lu. Vous êtes là à l’heure. C’est bien. Il s’agit d’une nouvelle affaire. Je vous la confie. Les faits datent d’avant-hier, pendant la nuit. Voyez plutôt, les pièces du dossier. Prenez quelques minutes pour lire, Lieutenant. » J’ouvre ledit dossier, où figure un numéro d’identification sur la première de couverture. Je compulse l’ensemble, m’attarde sur plusieurs détails d’importance. Puis :

« – Qu’en pensez-vous, Jungle ? demande ma supérieure.

– Le montant du délit est loin d’être négligeable, mon Commandant.

– Il dépasse le million d’euros.

– Je vais analyser le cas dans le détail.

– Bien, on se retrouve cet après-midi ici, dans mon bureau, après le déjeuner. Disons 13 H. Cela vous va ?

– Oui, mon Commandant. »

Je passe la matinée à étudier les pièces du dossier mis à ma disposition. À 13 H, le Commandant O. me fait entrer dans son bureau. Elle est accompagnée du Capitaine B., spécialiste des interventions rapides. Je salue le Capitaine B.

« – Asseyez-vous, Messieurs, je vous en prie …Vous l’avez sans doute compris, vous allez travailler ensemble. Jungle, que retenez-vous du dossier, s’il vous plaît ?

– Mon Commandant, je constate que le vol fut commis avec art, si j’ose dire.

– Vous avez de l’humour, Jungle. 

–   Quant à vous, Capitaine ?

– J’ai lu moi aussi la copie du dossier ce matin, mon Commandant. Ils ont pris des gants. Je lis « aucun indice », signé par votre homologue de l’IRCGN.

– Je vous l’accorde. Bon … La 508 PSE est à vous. Jungle, vous prenez le volant. Voici les clefs. Le mieux est de vous rendre sur place. À ce soir pour le debrief. Rompez, Messieurs. »

À 1,30 PM, nous quittons la cour du Secteur 3 à bord de la 508 PSE pour nous rendre à la Bibliothèque de K. La nouvelle Peugeot est très maniable, le Capitaine B. met le gyrophare afin d’annoncer notre priorité dans la circulation très dense à cette heure. Nous traversons le trafic aisément et je gagne la Bibliothèque en un quart d’heure, gare notre véhicule dans la zone de l’immense parking qui nous est réservée, « zone prioritaire ». Nous présentons nos cartes d’inspecteurs, le Capitaine et moi-même ; les Forces de Sécurité nous laissent passer. « C’est au deuxième étage, Messieurs. », nous dit l’un d’eux. La dame qui nous accueille n’est autre que la responsable du Département des Manuscrits Anciens. Elle fut informée de notre venue par notre secrétaire, à la demande du Commandant O.  « Voyez, Messieurs les agents, il était déposé sous cette vitrine. », nous répond-elle à la question que lui posa le Capitaine s’agissant de l’endroit du délit. Je constate que le vol fut commis avec beaucoup d’économie dans l’effort. Je dis à mon supérieur : « Ils ont utilisé une ventouse spéciale, un coupe-verre circulaire, Capitaine. » Ce dernier m’adresse un signe d’approbation confirmant mon point de vue.

« – De quoi est-il question précisément, Madame ? Je veux dire : quel type de manuscrit a été dérobé ? Nous manquons d’informations détaillées …, dit le Capitaine en s’adressant à notre interlocutrice.

– Vous savez Capitaine, je suis Cheffe de ce Département, dans notre prestigieuse Bibliothèque, et je n’ai encore jamais vu ça. Oui, pardon, il s’agit d’un papyrus de l’ère d’Alexandrie où furent composés des Chants en hommage à la Grande Mère, Magna Mater, dans une langue qu’aujourd’hui très peu de personnes connaissent. Néanmoins, de rares tribus la parlent encore dans notre région. C’est du phénicien.

– En possédez-vous une copie, Madame ? demande mon supérieur.

– Bien sûr, Capitaine.

– Peut-on voir, s’il vous plaît ?

– Oui, suivez-moi. »

La Cheffe du Département nous conduit alors dans une salle aussi vaste que la moitié du Port de Plaisance de K., conçue selon le modèle des armoires sur rail. Les rangées métalliques, coulissantes, se succèdent à l’infini, mais d’après un ordre parfait. Chaque rangée est numérotée et renvoie à des cotes. Nous arrivons, au terme de dix minutes de marche, devant le casier contenant la copie du papyrus dérobé.

« – Voici Messieurs, nous dit notre interlocutrice.

– Puis-je en faire une photographie avec mon téléphone, Madame ? demande le Capitaine.

– Faites, Messieurs.

– Jungle, me dit mon supérieur, faites de même, s’il vous plaît. »

Nous prenons chacun une photo à l’aide de nos smartphones respectifs.

« Et quant aux indices, Jungle, pensez-vous que cela vaille la peine ? », me demande le Capitaine B. Notre interlocutrice intervient dès lors :

« –Excusez-moi, Capitaine, si je puis me permettre, ils ont su passer à travers les lignes de défense au laser de notre système de sécurité. Ils ont opéré durant la nuit. La nuit d’avant-hier, comme vous le savez.

– Vers quelle heure, selon vous, Madame ?

– Je dirai entre Minuit et 4 AM. C’est la plage horaire où la cabine des Forces de Sécurité fonctionne en autonomie, je veux dire uniquement avec le système des caméras au laser.

– Allons voir de plus près, si vous le voulez bien, Madame. »

Nous arrivons devant la vitrine, devenue le centre de la scène de crime. Je regarde alentour l’emplacement des caméras. La vitrine est leur point de convergence. Je demande à notre interlocutrice s’il est possible de faire un essai de mise en place des caméras laser. La Cheffe du Département des Manuscrits Anciens ferme toutes les portes de la salle d’exposition, des portes qui sont blindées, et nous conduit dans une cabine protégée par des vitres sans tain. Elle appuie sur une clef digitale, tous les projecteurs et les lampes néon s’éteignent pour ne laisser apparaître devant nos yeux qu’un inextricable réseau de fils lumineux, des rayons laser, de fait, propres à déclencher l’alarme générale. Le Capitaine B. me regarde, je regarde le Capitaine B. La Cheffe du Département dit : 

« – Je ne comprends pas, Messieurs. Je ne comprends pas comment …

– Madame …

– Oui, Capitaine ?

– À combien évaluez-vous précisément le montant du vol ?

– Il n’a pas de prix, Capitaine. Mais, d’après les critères d’ancienneté, la qualité du support et celle de l’écriture, sa lisibilité, les experts gouvernementaux établissent une liste que je vais vous montrer. »

Nous arrivons dans le bureau de la Direction du Département des Manuscrits Anciens. Après avoir ouvert un des tiroirs, elle en ressort un dossier, l’ouvre à une page précise et pose son index sur le montant entouré au surligneur pour nous le montrer : 1 700 000 euros. Elle n’a pas dit un mot sur ce montant mais s’est simplement appliquée à nous le donner à lire.

« – Avant que vous ne refermiez le dossier, Madame, puis-je prendre une photographie du montant, s’il vous plaît ?

– Faites, je vous en prie, Capitaine. »

Nous remercions notre interlocutrice pour son obligeance et repartons vers le Secteur 3. Il est 4 PM. À 4,30 PM, le Commandant O., nous reçoit dans son bureau pour le debriefing.

« – Capitaine B., Lieutenant Jungle, que pensez-vous de votre début d’enquête ? … Oui, Capitaine ?

– Peu d’éléments en l’occurrence, mon Commandant.

– Mais encore ?

– Comme il est précisé dans le dossier, le travail préalable effectué par l’équipe de l’IRCGN déduit : « Aucun indice », répond le Capitaine. De fait, nous n’avons que très peu d’informations sur ce délit, mon Commandant.

– Bien. Un avis très réservé, Capitaine B. Lieutenant Jungle ?

– Je partage l’avis du Capitaine, mon Commandant. Nous ne savons pas qui, ni comment, à cette heure. Si ce n'est que l'ouverture pratiquée dans la vitrine, d'un diamètre suffisant pour dérober le papyrus, fut pratiquée au moyen d'un coupe-verre circulaire avec ventouse. Mais, de mon côté, je vais éplucher toutes les pièces du dossier ce soir chez moi. Nous avons les photos d’une copie du papyrus. Je vais faire de mon mieux pour savoir ce que dit le texte.

– Très bien, Jungle. Tenez, le dossier. Capitaine B. ?

– Je veux bien aussi que vous me remettiez l’exemplaire qui me revient, mon Commandant. Je vais, pour ma part, étudier le plan architectural de la salle d’exposition.

– Je vous remercie, Capitaine. Tenez, voici votre exemplaire. Soyez vigilants, Messieurs. Bonne soirée. »

À 5 PM, le Capitaine B. et moi-même saluons et remercions notre supérieure. Puis, nous discutons un brin sur le quai, devant l’emplacement où se trouve amarré mon bateau. 

« – Jungle, me demande mon interlocuteur, je crois savoir que vous êtes un spécialiste de la navigation. Sans vous mentir, je pense que nous aurons à utiliser le hors-bord de la Brigade.

– Je le pense aussi, mon Capitaine.

– Nous connaissons, vous et moi, les lieux et les coutumes de notre région. Cela nous servira. À demain, Jungle.

– À demain, mon Capitaine. »

Il est 6 PM quand j’amarre mon bateau à quai devant chez moi. Je rentre, pose le dossier sur mon bureau, bois un soda et commence mon travail d’analyse après avoir allumé la radio FM. Je constate à terme que je n’ai rien appris de nouveau en lisant les témoignages, mais le texte que j’ai traduit m’apporte quelque chose d’essentiel : le mobile et peut-être le lieu du recel. Le texte que je viens de traduire en effet, d’après la photographie numérique que j’ai prise avec mon GALAXY dit ceci :

 

Nous sommes enfants de la Grande Mère

Né(e)s sous le ciel de l’Indépendance

Quand la lune d’ouest rencontra l’oiseau messager de la Nuit.

Ce fut en ce lieu de la Forêt

Où rivières et océan saluent le Repos.

 

Et l’oiseau se lève à l’aube pour nourrir le Jour Nouveau.

Et les poissons volants s’accordent avec l’Oiseau.

 

Gloire soit rendue à Notre Grande Mère.

 

À le lire, j’arrive approximativement à situer le lieu décrit dans la Forêt. Je ferme les dictionnaires. Il est minuit passé, je mange un sandwich au jambon beurre que je me suis préparé, un verre d’eau, une part de pastèque, un thé. J’éteins la radio, je vais dormir. Demain, lever 6 AM. Je ferai le point avec mes supérieurs. Je ne suis pas du tout mécontent de ma traduction.

 

Le lendemain, j’amarre mon bateau au Port de K., à 8 AM. Le Capitaine B. et moi arrivons presque en même temps dans le Hall d’Accueil du Secteur 3, Porte H. Mme la Secrétaire nous demande de nous assoir. « Je suis arrivé il y a 5 min, me dit le Capitaine. » Le Commandant O. ouvre la porte de son bureau pour nous demander d’entrer. Il est 8,15 AM. « Je vous en prie, prenez place Messieurs. », nous demande le Commandant. Puis :

« – Bien, je suppose que vous avez travaillé tous deux sur le dossier hier soir. Capitaine, que pouvez-vous nous dire de plus sur cette affaire, somme toute difficile ?

– Oui, mon Commandant. J’ai étudié pour ma part le plan de la salle, comme vous le savez. Au vu des heures d’ouverture et de fermeture de la Bibliothèque, respectivement 9 AM et 8 PM, et sachant que toute la journée la salle d’exposition est ouverte au public, ce à raison de quatre jours par semaine, j’en déduis simplement que le suspect a agi seul, en entrant et sortant par la porte principale.

– Ni vu, ni connu ? demande le Commandant.

– Ni vu, ni connu, mon Commandant.

– Il a donc su éviter la défense au laser ?

– Il n’en a pas eu besoin, mon Commandant.

– Comment ça, Capitaine ?

– Regardez, mon Commandant. Le plan nous montre une petite salle, ici, près de la porte principale de la grande salle d’exposition. Elle dépend du Département des Archives et demeure ouverte toute la journée. En outre, après l’avoir vérifiée moi-même d’un regard lors de notre visite hier, notamment en nous rendant dans la salle principale des Archives, elle ne peut se fermer que de l’extérieur. Elle est, à mon avis, programmée pour se fermer à 20 H, heure de sortie du personnel.

– Oui. Et alors ?

– Il suffit, mon Commandant, d’y entrer discrètement et d’en ressortir quand on veut. Une fois sorti le personnel à 20 H, la porte se ferme à clef automatiquement.

– Vous voulez dire que le suspect a pu opérer en toute discrétion sans avoir à passer la défense au laser, soit entre 20 H et Minuit, soit après 4 H du matin ?

– Exact, mon Commandant. Je crois que le vol fut commis entre 4 AM et 4, 05 AM.

– En 5 minutes ?

– Oui, mon Commandant. Le temps que les Forces de Sécurité éteignent le système d’alarme au laser et remettent en place le réseau classique des caméras, en d'autres termes le système de sécurité diurne.  En outre, c’est l’heure où les agents spécialisés viennent faire le service de nettoyage.

– Oui. Et alors ?

– Je suppose que le suspect est déjà venu plusieurs fois dans cette salle. Il a eu le temps de repérer les lieux, les rythmes horaires, les équipes, de savoir à quelle heure les agents de nettoyage entrent faire leur service. Il entre, par exemple, à 19 heures dans la petite salle des Archives, munie de nombreux placards, de toilettes, d’un bureau ; il est muni de sa tenue d’agent de nettoyage sous ses vêtements classiques. Il trouve une planque en quelques secondes. Il patiente là neuf heures. À 4 AM, il sort en tenue d’agent et commet le délit.

– Mais le coupe-verre circulaire avec ventouse dont il a dû se servir pour ouvrir la vitrine. Comment n’a-t-on pas pu identifier sa présence. Les sacs sont contrôlés à l’entrée.

– Il n’a pas de sac. Juste sa tenue d’agent de nettoyage sous son costume et dans laquelle tenue se trouvent les pièces propres au coupe-verre, à monter tranquillement durant la période des neuf heures où il patiente. Cette salle annexe du Département des Archives, voyez sur le plan, à une superficie non négligeable, celle d’un T4.

– Oui, je vois : 100 m². Le voleur a de l’espace. 

– C’est là, voyez, mon Commandant, que se trouve le Bureau des Dépôts, là où sont consignés les manuscrits anciens à restaurer.

– En effet, Capitaine B. Votre perspicacité m’étonne. Quant à vous, Lieutenant Jungle ?

– J’ai traduit le texte, mon Commandant. Voyez plutôt. »

Le Commandant O. lit ma traduction.

« – Soit. Qu’en déduisez-vous, Lieutenant ?

– Plusieurs éléments du lexique renvoient à une topographie précise.

– Laquelle, s’il vous plaît ?

– Une zone portuaire où, pour l’avoir fréquentée moi-même assez souvent lors de sorties à la pêche, se trouve des bancs d’exocets et conséquemment des aigles pêcheurs. Outre qu’à ma connaissance au moins une tribu parle une langue qui se fonde sur les étymons phéniciens.

– Je vous remercie Messieurs. Je vous propose maintenant d’aller vérifier sur place, avant que nous décidions de former le Groupe d’Intervention. Appelez dès que nécessaire. Lieutenant Jungle, le hors-bord de fonction est amarré Quai 6. À ce soir, disons 8 PM, peut-être avant … Tenez Jungle, le mandat, en cas de nécessité. »

 

Nous sortons de l’établissement, le Capitaine B. et moi, pour gagner le Quai 6. À 9 AM, nous larguons les amarres, direction le petit port de M. afin d’y recueillir d’abord des informations. 9,30 AM, j’amarre le hors-bord, puis nous nous dirigeons vers la Capitainerie pour nous inscrire dans la zone prioritaire. À la suite de quoi, nous nous rendons dans l’unique galerie d’art de cette station balnéaire de M. Nous présentons nos cartes d’officiers enquêteurs de la BFG et interrogeons nos deux interlocutrices quant à leurs connaissances éventuelles d’un collectionneur d’œuvres d’art. La gérante du magasin vérifie sur son logiciel et nous donne quatre noms avec leurs coordonnées respectives. Nous constatons, mon supérieur et moi, que trois d’entre eux ne correspondent aux critères du profil suspect ; en revanche, un nom patronymique m’interpelle par le fait de sa non appartenance aux origines tribales de notre région, s'agissant de l'onomastique. De surcroît, c’est la seule personne qui possède un bateau de luxe d’après les renseignements complémentaires obtenus par Mme la gérante.

 

Nous remercions les deux dames et filons vers le port à destination de la Capitainerie. Là, le Capitaine F. nous reçoit au terme de dix minutes d’attente. Il nous donne le numéro de quai, le nom du bateau suspect et son numéro de série. « Quai 2, Messieurs, nous dit-il. Je vous accompagne. »

 

Nous sommes face à un yacht de très grand prix. Le Capitaine B. passe en tête sur la passerelle, je le suis de près. J’ai sur moi le mandat de perquisition que me remit le Commandant O. avant que nous quittions notre secteur, « en cas de nécessité. » La porte est fermée, nous commençons notre marche sur le pont du navire. Des voix à la proue se font entendre. Silence. Nous avançons sans nous faire remarquer, jusqu’à ce que le Capitaine B. intervienne et dise sur le ton de l’autorité : « Bonjour Mesdames et Messieurs. Qui est le propriétaire de ce bateau, s’il vous plaît ? » Le propriétaire se désigne, il correspond au portrait de la carte d’identité que nous délivra tout à l’heure le Capitaine F. Ce dernier l’a d’ailleurs identifié immédiatement.

« – Nous devons procéder à une inspection de votre bateau. Veuillez nous ouvrir, Monsieur, s’il vous plaît.

– Pour quelle raison voulez-vous que je vous ouvre ?

– Perquisition, Monsieur. Jungle, appelez le Commandant O. pour le renfort. »

Je contacte aussitôt le Commandant O. pour lui signaler le refus d’obtempérer. À peine ai-je raccroché que deux hommes de main surgissent derrière nous, chacun un pistolet de gros calibre à la main. « La situation s’aggrave pour vous, Monsieur … ,  gronde le Capitaine B. C’est bon Jungle. » À ces derniers mots, je neutralise l’agresseur le plus à ma portée, d’un coup de pied retourné en plein visage, tandis qu’à la même seconde le Capitaine B. dégaine son arme de service SP 2022 et tire, plus vite que le deuxième agresseur, le touchant exprès à l’épaule droite. Le Capitaine F., quant à lui, a pu récupérer l’arme de mon agresseur, tombée sur le pont du bateau à la suite de l’impact que j’exerçai, et le tient en joue. Nous apprendrons plus tard, lors du procès, que cet homme, mon agresseur, était le voleur de la Bibliothèque. Une femme pousse des hurlements de peur.

« Plus personne ne bouge ! », crie le Capitaine B.

 

Nos collègues du Groupe d’Intervention arrivent au terme de quinze minutes, avec leur V 12. Le propriétaire se plie dès lors au commandement du Capitaine B. et nous ouvre l’intérieur du yacht. « Ici, voyez Jungle ! Le papyrus. », me dit mon supérieur. Je vois l’œuvre d’art déposée à plat sur une immense table de marbre et la saisit. « Embarquez tout ce beau monde, Messieurs. », ordonne à ses hommes le Commandant de la Brigade d’Intervention.

 

Je regarde le Capitaine B., pendant que nos collègues conduisent menottes aux poignets coupables et suspects à bord de la navette V 12 Mission Spéciale. « Flagrant délit de vol et recel  dans le cadre d’une association de malfaiteurs, avec circonstances aggravantes, Jungle. Les coupables prendront au moins 20 ans. Mission accomplie, Lieutenant. » Le Capitaine F. nous prend en photo devant l’objet rare retrouvé. « Au nom des Vertus, Jungle. », me dit le Capitaine B.

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