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PROPOS D’APRÈS SENSATION, D’ARTHUR RIMBAUD

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Un des poèmes les plus beaux d’Arthur Rimbaud, selon moi, même s’ils le sont tous, est Sensation. Beaucoup de thèmes gravitent autour de ce leitmotiv, celui du sentiment de la nature notamment. Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, premier vers dans lequel l’auteur pose son regard sur le futur ; sans doute un futur proche, je ne sais pas précisément, mais il s’agit bien d’une projection dans l’avenir où la nature constitue le cadre essentiel.

 

La couleur bleu peut évoquer la sensation de fraîcheur en été, apaisante, et la proximité de la nuit, après le couchant ou bien à la fin d’une journée estivale au moment où le soleil va se coucher ; ce qui nous permet de noter le fait chromatique bleu. La nature et son sentiment se laissent percevoir par une mobilisation de deux catégories de sens : le sens tactile, d’une part, et le sens visuel, d’autre part.

 

Au vers 4, il écrit : Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Là encore, Rimbaud propose la sensation tactile, dans l’attitude du marcheur et dans un total abandon aux éléments, le vent en l’occurrence.

 

Ce qui m’apparaît intéressant d’après cette lexicologie qui compose le texte, c’est la façon dont le génie qu’est Arthur Rimbaud perçoit le phénomène sensoriel.

 

Ce poème est de fait conçu en deux quatrains et il traduit un parfait équilibre grâce à leur complémentarité, leur logique. Le premier quatrain dit les sensations, tandis que le second propose la conduite à tenir pour se laisser accompagner par le phénomène naturel et, donc, par celui de la captation sensorielle : j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, écrit-il au vers 7. Cette conduite pourrait être celle de la volonté. Autrement dit, être en phase avec soi-même, et surtout avec son prochain, est de marcher, d’avancer, sans se poser de questions, sans se laisser perturber, tel l’enfant ; se laisser porter par la vie, malgré les contingences ou grâce aux contingences, néanmoins dans une parfaite adhésion à l’instant.

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Ainsi que l’écrit et le dit Alain Souchon dans une chanson célèbre : On avance, c’est une évidence.

 

La sensation serait donc une question de plénitude des sens, par le fait d’une volonté tenace, constante, de saisir l’instant. Arthur Rimbaud est un marcheur invétéré qui aime la nature et le dit dans ce poème par le phénomène d’une écriture parfaitement réglée, dont la chute est : par la Nature, - heureux, comme avec une femme où le poète établit une relation majeure, sous la forme d’une comparaison, entre la Nature et la féminité. On peut y voir une référence à la Muse et à l’élévation de l’esprit qu’Elle préside.

 

Somme toute, Arthur Rimbaud me semble donner à entendre de la sensation un fait nécessaire et nécessitant une disposition de la pensée à l’Amour dans la pleine conscience de la réalité, qui lui demeure indissociable, et de ses Lois absolues.

 

                                                                                       

 

Jean-Michel TARTAYRE

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