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Communications

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Monochrome rose sans titre (MP 7), 1957 (source : www.yvesklein.com).

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Assiette bleue sans titre (IKB 54), 1957 (source : www.yvesklein.com).

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Age d'or (MG 35), 1959 (source : www.yvesklein.com).

Conférence du jeudi 16 janvier 2020 à l'Hôtel d'Assézat

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      L’idée d’un débat autour de la poésie et de sa pratique dans la région toulousaine et à Toulouse même est intéressante parce qu’elle propose une problématique qui met en regard la matière d’un genre littéraire assez peu lu d'après les statistiques, et le constat néanmoins qu’une majorité du lectorat de la poésie sont les femmes.

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       Il faudrait peut-être inviter davantage les gens à en lire. Mais comment faire ? En proposant davantage de spectacles autour de la poésie, en créant des ateliers d’écriture, par exemple. Monsieur Christian Saint-Paul donne beaucoup dans ce domaine grâce à son émission Les Poètes sur Radio Occitania, « La Cave Poésie » également qui propose une scène ouverte aux poètes et aux artistes.

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      Toulouse, que l’on sache, est une ville dotée d’un passé très riche s’agissant de l’écriture poétique : L’Académie des Jeux Floraux, la plus ancienne et première Académie d’Europe, est l’acteur majeur de la promotion de cette écriture et de son rayonnement. Elle est, à ce propos, l’héritière d’une grande tradition qui remonte à l’Antiquité, situant la poésie comme le genre noble par excellence. La poésie contemporaine est mise en valeur par cette institution. On le voit chaque année lors de la remise des Prix qui récompense des jeunes poètes et donne de la sorte la parole à la jeunesse. Il s’agit là d’une entreprise nécessaire qui offre à l’éducation les moyens d’ouvrir les élèves sur la voie de l’écriture et de la création.

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         Multiplier l’information par davantage d’acteurs de la poésie ou même du théâtre serait, je pense, un bienfait pour l’avenir de cet art, qui doit demeurer, par sa nature essentielle d’outil de connaissance de soi et des choses.

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      Créer une Maison de la Poésie, comme il en existe dans la ville de Montpellier, par exemple, ou encore en Belgique, ne serait-il pas un projet valable pour ce faire et permettre à la jeunesse de créer, de faire partager sa riche expérience, son énergie ? Le projet semble viable si l’on observe le nombre d’ateliers d’écriture et de volontaires qui contribuent à leur bon fonctionnement dans la région. Cette Maison pourrait les réunir selon un calendrier adéquat respectant leurs disponibilités.

 

          On peut imaginer des débats fructueux mais surtout des écritures riches tant par leur richesse que par leur diversité, des rencontres à la faveur de la création.

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                                            Jean-Michel TARTAYRE

Salon du livre et de la culture 2018 "Utopie et Dystopie"
dans l'enceinte de TBS
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Jeudi 15 novembre 2018

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Table ronde à la Business School  de Toulouse. Les débats furent menés de main de maître par les étudiants de la Business School.

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« L’Utopie et la Dystopie sont-elles des formes forcément engagées ? » 

 

 

            Une telle question pourrait être un sujet de thèse dans le domaine des sciences politiques, de la philosophie et de la littérature. Je ne me prononcerai, quant à moi, que sur celui de la poésie en faisant quelques références à des œuvres narratives que je connais pour les avoir étudiées lorsque j’étais inscrit en Licence à l’Université Jean-Jaurès de Toulouse.

 

             D’abord, il me semble judicieux d’établir la distinction entre Utopie et Dystopie d’un point de vue étymologique. Il faut remonter à l’étymon grec topos qui signifie « le lieu », en langue française. Le préfixe U est privatif et renvoie donc à une négation du lieu, en d’autres termes ce serait un lieu qui n’existe pas ou bien un lieu purement imaginaire, né de la puissance imaginative d’un auteur : je pense ici à L’Eldorado de Voltaire, dans Candide, un pays où tout est précieux, où les cailloux sont des gemmes, où le paysage correspond à une gigantesque bijouterie, pour m’exprimer plus vulgairement. Voltaire le situe au Pérou, « dans l’ancienne patrie des Incas » écrit-il.  Candide et son valet Cacambo entrent au pays d’Eldorado et découvrent avec émerveillement cette région. Ils entrent chez un vieillard et le narrateur confie ceci :

 

          « Ils entrèrent dans une maison fort simple, car la porte n’était que d’argent, et les lambris des appartements n’était que d’or […] l’antichambre n’était à la vérité incrustée que de rubis et d’émeraudes ; mais l’ordre dans lequel tout était arrangé réparait bien cette extrême simplicité […] »

 

            Peu après, les deux héros visitent une ville, dont voici la description :

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           « En attendant, on leur fit voir la ville, les édifices publics élevés jusqu'aux nues, les marchés ornés de mille colonnes, les fontaines d'eau pure, les fontaines d'eau rose, celles de liqueurs de canne de sucre, qui coulaient continuellement dans de grandes places, pavées d'une espèce de pierreries qui répandaient une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle. »

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           Dans le royaume d’Utopie, l’égalité règne chez ses habitants. Aucun délit n’est commis, il n’existe pas de prison.

 

           La Dystopie, quant à elle, renvoie, par la présence du préfixe grec Dys à un lieu qui est en mauvais état ou qui fonctionne mal. Là encore Candide est une référence dans la mesure où le personnage éponyme est confronté aux obstacles d’une société des plus cruelles, où sévissent l’esclavage et les guerres.

 

           Peut-on dès lors parler d’engagement d’un point de vue politique de la part de Voltaire ?

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           Je répondrais oui, dans la mesure où Voltaire est d’abord un philosophe qui juge son temps et qui s’inspire de faits de société tels que les guerres et l’esclavage, précisément, ainsi que je viens de le mentionner. L’acte d’écriture est ici un acte d’accusation, pour utiliser une partie du titre d’un poème de Victor Hugo dans son recueil Les Contemplations : « Réponse à un acte d’accusation ». Acte d’accusation pour dénoncer les travers d’une société donnée à un temps donné. Le philosophe se fait l’avocat des plus démunis, des misérables et signe un plaidoyer en faveur de la paix dans le monde et de la juste répartition des richesses, je crois.

          Je pense également, de ce point de vue-là, que l’auteur, lorsqu’il traite de l’Utopie ou, dans le cas contraire, de la Dystopie, confie au lecteur son inquiétude face au déséquilibre que peut engendrer tout excès de pouvoir et qui, dans le domaine politique, peut facilement aboutir au totalitarisme. L’Utopie apparaît alors comme la résolution.

 

          Thomas More, dans l’Utopie, est à l’origine de ce concept de société idéale et fonda le terme ; Thomas More, donc, il me semble, évoque une île entièrement régie par les lois mathématiques et où, par ce fait même, règne l’égalité chez tous ses habitants. L’Utopie se pose alors comme le contraire de l’Abraxa d’Érasme, qui est la ville des fous. On peut faire à cet égard un rapprochement entre l’Utopie et la Dystopie, dans leurs différences très sensibles, en imaginant ce que peut être l’Abraxa en matière de comportements de la part de ses citoyens et donc, de politique.

 

           S’agissant de la poésie, les concepts d’Utopie et de Dystopie sont ainsi traités dans de très beaux textes en vers ou en prose. On peut les retrouver chez Charles Baudelaire, chez Arthur Rimbaud ; Baudelaire, lorsqu’il crée le concept de Spleen et d’Idéal, dans Les Fleurs du Mal, ou dans Le Spleen de Paris, Rimbaud dans son poème « Soleil et chair » ou dans les Illuminations. Leurs poèmes se fondent sur une volonté de transformer la société, de changer le monde en donnant à voir ses travers mais surtout en exploitant les ressources de leur imagination pour proposer un univers idéal, leur vision de la vraie vie ; ainsi, Arthur Rimbaud lorsqu’il écrit « La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde. ». Il est permis en l’occurrence de parler de l’engagement du poète dans la perspective d’améliorer la société et d’apporter un éclairage critique sur son fonctionnement. Dans son poème « Fleurs » extrait des Illuminations, Arthur Rimbaud développe le champ sémantique de l’absolue beauté, en sa perfection, un champ sémantique qui élève l’esprit du lecteur grâce au processus de l’alchimie : « D’un gradin d’or – parmi les cordons de soie, les gazes grises, les velours verts et les disques de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil, – je vois la digitale s’ouvrir sur un tapis de filigranes d’argent, d’yeux et de chevelures. Des pièces d’or jaune semées sur l’agate, des piliers d’acajou supportant un dôme d’émeraudes, des bouquets de satin blanc et de fines verges de rubis entourant la rose d’eau. »

 

           De même Victor Hugo dans « La Fonction du poète », lorsqu’il identifie le poète à un visionnaire, à un prophète, c’est-à-dire à un auteur investi d’une mission à la fois éducative et humaniste ; ou bien dans « Melancholia », quand il traite de l’esclavage des enfants, il s’interroge, il interroge : « Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? » ; revendiquant pour eux la culture et l’instruction gratuite dans des établissements scolaires : « Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules. […] Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre, / Qui produit la richesse en créant la misère, / Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un   outil ! / Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ? / Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme, / Une âme à la machine et la retire à l'homme ! / Que ce travail, haï des mères, soit maudit ! / Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit, / Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème ! / Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même, / Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux, / Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux. »

 

         Aujourd’hui, la poésie a repris ces deux motifs, les réinvestit dans des formes et des mises en page diverses. Michel Cosem privilégie la prose lyrique, comme Blaise Cendrars, Christian Saint-Paul la versification dans des poèmes souvent longs tel « Tolosa   Melhorament », un magnifique texte sur Toulouse et son histoire. Antoine Emaz reprend, à la façon d’Eugène Guillevic ou d’André du Bouchet le principe du haïku, dans des formes souvent versifiées, courtes, denses sur le plan du ou des signifiés. Ces trois poètes contemporains ont adopté un lyrisme extrêmement ténu, ce que Jean-Michel Maulpoix, qui lui-même écrit sur ce mode, définit par le concept de lyrisme critique. Le poète est un observateur de son temps et ne cherche pas systématiquement la métaphore pour en parler. Il l’évoque en musique et en couleurs certes, mais avec sobriété, réalisme. Personnellement, lorsque j’écris ma poésie je m’appuie fréquemment, régulièrement, sur le jazz ; en particulier, le jazz de Miles Davis, le jazz de John Coltrane, le jazz de Chet Baker, le jazz de Keith Jarrett, toutefois sans exhaustivité. Bernard Lavilliers a longtemps été aussi pour moi une référence et le reste.

           Les motifs utopiques et dystopiques se confondent très souvent dans un même texte et, de la sorte, sont perçus par le lecteur comme des phénomènes de société tout à fait accessibles, presque normaux, pourrait-on dire, et je ne peux dire si l’engagement politique est voulu par les poètes contemporains que je viens de citer. Je pense que oui, quand même, mais, par principe poétique, il est suggéré, presque insensible. C’est avant tout une prégnance.

       Le poète n’est jamais satisfait de la misère du monde, des guerres et de la souffrance de l’être humain. Il veut améliorer, transformer, à la manière d’un chimiste, d’un alchimiste ; et, dans tous les cas, employer le mot comme on peut se servir d’une arme contre tous les abus et toute infraction aux droits fondamentaux de la Nature, à la liberté et à l’intégrité que chaque femme, chaque homme possède naturellement. Je cite Antoine Emaz : « la lumière cerne serre ferme / même les mots // un silence de verre // l’air fait bloc / la lumière le traverse / comme une loupe. »

 

           Plus en amont dans le temps, mais relativement proche de notre époque, Aimé Césaire dit la vérité de la condition du peuple Noir et s’en fait le porte-parole avec, je pense, une force, une puissance, inégalées, à l’instar de Martin Luther King ou de Léopold Sédar Senghor. Ainsi, ce poème intitulé « Indivisible » : « contre tout ce qui pèse valeur de lèpre / contre le sortilège mauvais / notre arme ne peut-être / que le pieu flambé de midi / à crever / pour toute aire / l’épaisse prunelle du crime // contrebande / vous tenez mal un dieu et qui toujours s’échappe // ta fumée, ma famine, ta fête / Liberté ». Les deux motifs utopiques et dystopiques  se complètent ici. Le poète nous fait entendre que nous ne vivons pas dans un monde idéal, mais que l’art, sous toutes ses formes, est là non seulement pour nous donner à voir ce fait, mais aussi et surtout pour le transformer radicalement. L’« arme », « le pieu flambé de midi », dont il est question dans ce poème de Césaire pourraient aussi bien être un tomahawk, une flèche, un katana, un kandjar, une plume. Il le fait entendre.

           René Char, Antoine de Saint-Exupéry, Jacques Prévert, ont écrit dans ce sens, avec, très présente en eux, la volonté d’arrêter les massacres et de rendre au cœur et à la raison leur suprématie sur l’Homme et le monde.

 

           Monique-Lise Cohen, confirmant cela, écrit dans son poème qui a pour titre « La Sagesse » : « La Sagesse est la modulation d’une parole. / Elle articule la voix depuis les origines / Ses paroles habitent le monde à la faveur de / grands sages comme le Roi Salomon. »

 

           Pour conclure sur ce sujet, je considère que le devoir de tout artiste, tout écrivain, tout philosophe, est d’instruire son lecteur sur ce qui peut être changé, et cette volonté de changer le mauvais fonctionnement de la société, ou d’une société donnée, passe par la réalité du cœur et de la raison, l’unique réalité je pense, et par les limites qu’elle nous impose, dans leur parfaite adéquation. Un tel engagement est somme toute politique, puisque la Science Politique est une affaire de gestion de la Cité, pour reprendre une topique de la philosophie de Platon, et donc cette Science fusionne, doit fusionner, avec l’Éthique. Une fusion intrinsèque à toute femme, tout homme, et qui concerne d’abord chaque individu.

           Je pense qu’il n’y a qu’en soi que cette forme de dichotomie entre le concept d’Utopie et de Dystopie n’en est pas une, de fait. Il s’agit, je pense, d’accepter tout mauvais fonctionnement en soi pour l’éluder, l’effacer, de façon définitive. Et c’est un principe de volonté absolue qui rejoint l’intégrité et l’amour des belles choses, un principe où « Amour, Entendement et Raison » ne disjoignent jamais, comme l’écrit Baruch Spinoza.

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                                                 Jean-Michel TARTAYRE

Rencontre poétique du Salon des Gourmets de Lettres 2018

Dimanche 7 octobre 2018

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Discours prononcé lors de la conférence de clôture du Salon des Gourmets de Lettres :

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« Existe-t-il une poésie féminine ? »  

 

        À cette grave question, il me paraît nécessaire d’abord de considérer que toute poésie est féminine, même « exclusivement féminine », pour reprendre le titre d’une chanson de Véronique Sanson. Tous les grands poètes du genre masculin, depuis l’Antiquité, célèbrent la Muse, terme générique identifiant la déesse de l’inspiration et, dans la mythologie greco-romaine, elles sont en réalité neuf à présider tous les arts : Clio – pour l’Histoire , Euterpe – la musique, Melpomène – la tragédie, Erato – la poésie lyrique et chorale, Polymnie – s’agissant de la rhétorique, Thalie – pour la comédie, Terpsichore – la danse et le chant choral, Uranie – l’astronomie, et Calliope – en ce qui concerne l’éloquence et la poésie épique.

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            Il me semble ensuite de fait impossible d’inventer, de créer, sans cette présence manifeste à l’esprit qu’est la féminité, c’est-à-dire la grâce féminine, l’essence pour moi de toute chose, et, de ce point de vue-là, on peut dire que la femme incarne la poésie.

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            Victor Hugo évoque la femme en ce sens, lorsqu’il écrit à propos du poète qu’ « il est doux comme une femme ». Arthur Rimbaud, dans son extraordinaire poème intitulé « Soleil et chair » célèbre Cybèle, la Mère des dieux, comme point d’ancrage de sa composition en mettant en relation la déesse avec la Nature, la mère Nature, la Magna Mater ; « Parce qu’il était fort, l’Homme était chaste et doux. […] Le Monde a soif d’amour : tu viendras l’apaiser. » Charles Baudelaire, quant à lui, est associé par de nombreux critiques littéraires à la féminité du fait de maintes évocations dans son œuvre relatives à sa compagne Jeanne Duval, sa Muse, ou à Vénus, en particulier dans son ensemble Les Fleurs du Mal. De même Aimé Césaire à l’égard de son épouse Suzanne ou des « amazones du roi de Dahomey ».

 

            Parmi les femmes écrivains et les poétesses, on compte de nombreux Prix Nobel, dont Nelly Sachs, lauréate en 1966, et Wislawa Szymborska, lauréate en 1996, pour ne citer qu’elles. Sappho, dans l’Antiquité, Louise Labé, à la Renaissance, Marceline Desbordes-Valmore, au XIXe siècle, ou beaucoup plus récemment Andrée Chedid et Annie Le Brun sont des poétesses qui marquent leur temps par leur esprit rebelle et résistant face à toute forme d’impérialisme masculin. Simone Veil, en tant que femme politique, ancienne déportée et écrivaine, mena ce combat toute sa vie. Je pense là également à l’auteure Virginie Despentes et aux chanteuses de jazz telles que Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Dee Dee Bridgewater, Grace Jones. Toutes ces femmes incarnent la poésie, parce qu’elles élèvent la poésie à l’essence de toute personne et elles en font une arme contre toute adversité, tout autoritarisme, une arme pour l’égalité entre les hommes et les femmes, une arme en faveur des droits de la femme et de l’enfant, car on ne peut dissocier la femme et l’enfant ; ils sont à eux deux une même force, une vraie puissance poétique et la vertu même dans l’idéal philosophique ou religieux. Citons un extrait du poème d’Andrée Chedid, le premier quatrain de « Regarder l’enfance » :« Jusqu’aux bords de ta vie / Tu porteras ton enfance /  Ses fables et ses larmes / Ses grelots et ses peurs »

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            Parmi les poétesses françaises contemporaines qui ont acquis la renommée pour la qualité de leur écriture et la puissance de leur pensée, Silvaine Arabo, Simone Alié-Daram, Jacqueline Saint-Jean, Annie Briet, Régine Ha-Minh-Tu, Monique-Lise Cohen, Marie-Claire Bancquart, Brigitte Maillard, Annie Le Brun, Nathalie Quintane, Monika Del Rio me donnent à voir dans leurs textes l’héritage de leurs aînées, s’agissant de l’engagement pour la liberté de pensée et la paix dans le monde. Cet esprit, ce talent, cette volonté, je les retrouve par exemple chez la chanteuse de rap Diam’s  qui dit : « Ecorchée vive depuis qu'on m'a prouvé, / Qu’les passionnés soulèvent le monde quand les sceptiques / le laissent tomber ». Brigitte Maillard écrit dans L’Au-delà du monde, un recueil qui fut récompensé par le prix de poésie des Gourmets de Lettres en 2017 : « Face à la démesure / invente-toi /  […] Prends ta vie / ne l’oublie pas / elle est offerte // Personne n’y peut rien. »

 

            Je conclurai ce propos sur la question de la poésie féminine en rappelant que la femme incarne le poème et en insistant sur le fait que la femme en tant qu’objet de désir chez l’homme, être aimé et sujet pensant par excellence est à l’origine de la vertu et, par conséquent, de la puissance. Elle est matrice, à l’image de La Nature. Sans la femme, ou la part féminine, l’homme, selon Victor Hugo, ne serait qu’« une brute ». Simone de Beauvoir écrit : « La femme est tout ce que l’homme appelle et tout ce qu’il n’atteint pas. » La prégnance féminine enfin se révèle dans la poésie légionnaire, une poésie très élevée, sublime, qui fleurit tous les contextes ou théâtre des opérations tragiques que chaque auteur connaît ou a pu connaître. C’est la dame ou l’amie qui est le plus souvent célébrée, deux termes évoqués de manière récurrente : « Allez Marie de France / Chante nous la chanson / La chanson d’une France / Pour laquelle nous mourrons », ou bien par exemple ce vers « Adieu ! soyez heureuse amie, et … soyez rose. »

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                                               Jean-Michel TARTAYRE

ESOF 2018

12 juillet 2018

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Du 9 au 14 juillet 2018, Toulouse a été la Cité européenne des Sciences. Dans le cadre de ces rencontres, une journée était dédiée à "La Science rencontre la Poésie". L'Académie des Jeux floraux était coorganisatrice de cette journée avec ESOF et la Société des poètes français. "La Science rencontre la Poésie" a eu lieu le 12 juillet 2018, à l'Hôtel d'Assézat, salle Clémence-Isaure. Sept poètes toulousains (dont Jean-Pierre Lassalle et Christian Saint-Paul) se sont exprimés sur le thème "Les langues, frontières invisibles dans les sciences et dans la poésie". Voici la communication de Jean-Michel Tartayre à cette table ronde :

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« Les langues, frontières invisibles dans les sciences et dans la poésie. »  

 

             Poser la question de savoir si les langues sont des frontières invisibles dans les sciences et dans la poésie revient à se demander ce que sont les langues. On pourrait répondre de suite par l’affirmation, oui, les langues sont des frontières invisibles dans ces deux domaines, d’abord, je pense, parce qu’en tant que systèmes de signes, elles sont des limites, des « frontières » donc, qui relèvent du don, du fait identitaire et très structuré d’un groupe social, d’une collectivité, et qui, par leur nature verbale et adéquate au propos, interdisent le divertissement – au sens pascalien du terme –, défendent absolument que l’on se paye de mots ou que l’on s’écoute parler, sous peine d’être sanctionné par la chimère ; ensuite, parce qu’elles communiquent l’esprit d’un auteur, elles en sont le reflet, la ligne de conduite ; d’où la référence à leur dimension invisible, si l’on se rapporte en particulier à ces deux phrases célèbres d’Antoine de Saint-Exupéry extraites du Petit Prince et prononcées par le personnage du Renard s’adressant au Petit Prince : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »  Les langues doivent mener au silence et à la paix du cœur, au silence et à la paix de l’âme, afin de mieux s’aimer, se retrouver et être soi-même, mieux aimer, éradiquant toute hypocrisie, tout « narcissisme de mort », pour reprendre une expression du psychiatre et psychanalyste André Green. L’esprit est la vie, il est puissance et rayonnement vital. Il offre son absolue résilience, sa nature infrangible, son absolue autosuffisance, en tout un chacun. Les mots naissent du silence de l’esprit et doivent y retourner, quand un livre est lu, ou que la parole est prononcée.

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           Antoine Emaz, quant à lui,  parle d’ « interface » quand il évoque l’écriture poétique et cette perception est intéressante dans le cadre du débat qui nous réunit ici, dans la mesure où Antoine Emaz évoque, par extension, le fait linguistique dans sa fonction de lien permettant à l’esprit humain de s’instruire et de se former. Ainsi, peut-on considérer que la langue est l’outil éducatif par excellence. La langue guide, conduit, permet à l’enfant de grandir, de se découvrir. La langue est à la fois le lien fondamental qui unit le maître et l'élève, les parents et l’enfant. Et par cette qualité-là, elle fonde la jonction entre tous les domaines du savoir ; en l’occurrence, d’après le sujet proposé aujourd’hui : les sciences et la poésie. Le poème, en effet, par sa structure rythmique, peut rejoindre les domaines de la musique et des mathématiques. Charles Baudelaire et, plus récemment, Eugène Guillevic, ont traité de cette jonction entre la mathématique et la poésie. Baudelaire écrit ceci dans L’Art romantique, s’agissant de la poétique de Théophile Gautier : « Il y a dans le style de Théophile Gautier une justesse qui ravit, qui étonne, et qui fait songer à ces miracles produits dans le jeu par une profonde science mathématique. Je me rappelle que, très jeune, quand je goûtai pour la première fois aux œuvres de notre poète, la sensation de la touche posée juste, du coup porté me faisait tressaillir, et que l’admiration engendrait en moi une sorte de convulsion nerveuse.» Guillevic, enfin, dans son recueil intitulé Euclidiennes, compose par exemple un haïku qui a pour titre   « Triangle équilatéral » : « Je suis allé trop loin / Avec mon souci d’ordre, / Rien ne peut plus venir. »

 

            Je pense que la langue, les langues, sont intrinsèquement liées à la nature humaine. D’où encore cette dimension d’invisibilité. La langue est innée, en adéquation avec le cerveau humain. Il demeure fondamental de la cultiver dès le plus jeune âge, parce qu’elle nourrit l’entendement. Dans la tradition africaine, il est dit que « l’écriture précède la parole ». La langue est applicable autant dans le domaine des sciences que dans celui de la poésie. Les scientifiques l’utilisent pour démontrer le plus souvent, ou argumenter, dans la perspective d’atteindre la vérité. Je tiens à préciser que le domaine des sciences auquel je pense s’étend jusqu’à la psychanalyse et à la philosophie, considérant que ces deux sciences sont dites humaines mais s’appuient régulièrement sur la mathématique et, de ce point de vue-là, la mathématique est la science exacte par excellence, car elle sert toutes les autres. Galilée n’a-t-il pas écrit : « Les mathématiques sont l’alphabet grâce auquel Dieu a écrit l’univers » ? Pythagore, Lao-Tseu, Confucius, Aristote, Averroès, Baruch Spinoza, René Descartes, Blaise Pascal, Gottfried Wilhelm Leibniz, Emmanuel Kant, Friedrich Nietzsche, Sigmund Freud, ont fait de leurs langues écrites respectives – le grec ancien pour Pythagore, le chinois pour Lao Tseu et Confucius, le grec ancien pour Aristote, l’arabe pour Averroès, le latin pour Spinoza, le latin et le français pour Descartes, le latin et le français pour Pascal, le latin, le français et l’allemand pour Leibniz, l’allemand pour Kant, Nietzsche et Freud – ont fait de leur langue écrite, dis-je, une référence universelle pour penser ou apprendre à penser.

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            Parmi les écrivains de langue française, François Rabelais occupe à cet égard sans doute une place capitale puisque le pouvoir de sa langue annonce la bioéthique. Ainsi, lorsqu’il écrit dans son œuvre majeure Pantagruel : « La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme.», les mots sont le lien direct entre l’âme humaine et toute démarche scientifique. Il pose la problématique essentielle de l’intégrité de l’individu face à la mission qui lui est confiée, et le terme « confiée » est, je pense, très important, car il implique qu’une instance accorde sa confiance à l’individu et que ce dernier se doit de l’honorer, d’y répondre dignement. La langue fixe de la sorte des devoirs et des obligations. Cette idée est corroborée par Albert Einstein quand il dit : « L’homme et sa sécurité doivent constituer la première préoccupation de toute aventure technologique. » ou encore, toujours dans son propos sur La Science : « La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle » et « L’imagination est plus importante que la connaissance. La connaissance est limitée alors que l’imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, suscite l’évolution. » L’imagination, d’après cette dernière citation d’Albert Einstein, sert le principe de réalité ; elle sert la réalité.

 

            Il est également à noter qu’il y a une nuance peu sensible, mais sensible quand même, entre langue et langage. Par exemple, la langue sert – dans la mathématique – le langage des chiffres, des nombres et de toute opération. De fait, je crois que la langue est applicable à tous les domaines. Elle est avant tout, comme le dit et l’écrit Umberto Eco, « un système de signes » – une définition que j’ai préalablement reprise dans mon introduction – et, sur ce plan, on ne peut disjoindre la langue et le langage. Car la langue est un langage : une partie de ce domaine, qui est très vaste quant à lui, puisqu’il concerne les gestes, l’organisation des structures numériques, l’architecture, les animaux, l’univers. C’est sans doute sur ce point que la poésie a un statut fondamental, parce que la Muse fait le lien entre les règnes et les mondes. Si l’on considère avec Simone de Beauvoir que : « La femme est tout ce que l’homme appelle et tout ce qu’il n’atteint pas. », la Femme, la Figure Féminine, est le cœur, le fondement, le principe, du poème.

 

            La langue poétique est si vaste, à mon avis, qu’elle rejoint, ou peut rejoindre, tous les domaines du langage. Je pense qu’il n’y a pas de spécificité en matière de langue, dans la poésie. La poésie, du grec poiêsis, est création. Et la création est l’apanage des neuf Muses. Elle est le fait de tous les métiers, autrement dit de toutes les pratiques, en matière d’art et de science – et ce dans le respect de l’éthique. La poésie, rappelons-le, est la langue des sibylles et des prophètes, des griots, des aèdes, des bardes, des troubadours et des trouvères. Elle se fonde sur la figure et le rythme. On parle facilement d’un langage poétique qui rejoint et célèbre la Nature dans sa globalité. Sous ce rapport, Michel Deguy écrit « La poésie comme l’amour risque tout sur des signes », et « La vérité que cherche l’œuvre d’art, c’est la vérité universelle de ce qui est singulier ». Au demeurant, la différence qui me semble sensible entre la langue des sciences et la langue du poème, c’est que le poème n’est pas tenu de démontrer ou d’argumenter, ou encore de raconter. La poésie dit les choses, et c’est pourquoi le terme de « langage poétique » est peut-être plus approprié. Un langage par ailleurs qui, comme je l’ai déjà évoqué, s’avère prégnant dans le domaine des sciences aussi bien que dans tous les genres littéraires ou artistiques. Regarder un film de Charlie Chaplin, de Jean-Pierre Melville, par exemple, la basilique Saint-Sernin de Toulouse, la cathédrale de Notre-Dame de Paris, le Colisée, les Pyramides d’Égypte, la Mosquée de Cordoue, assister à la performance d’une danseuse, d’un danseur, à celle des artistes martiaux,, des sportives et sportifs, à la représentation d’une pièce de Jean Racine, de William Shakespeare, de Samuel Beckett, écouter une composition de Mozart, de Beethoven, de Miles Davis, de Bernard Lavilliers, un discours de Simone Veil, d’Andrew Wiles, de Cédric Villani, humer et savourer des yeux et du palais un bon plat, regarder et humer un bouquet de fleurs, lire un texte de Baruch Spinoza, de Victor Hugo, de Simone de Beauvoir, de Marguerite Duras, de Bruce Lee, un extrait de la Bible, un tableau de Pablo Picasso, un roman de Julien Gracq, de Patrick Modiano, de Chester Himes, un poème de Bashô Matsuo, d’Arthur Rimbaud, d’André du Bouchet ou un poème d’Aimé Césaire, permet d’identifier en chacune de ces œuvres le langage poétique. Je ne fais pas de différence. Où se réalise en chacun l’épiphanie, cette révélation silencieuse, signifie selon moi que la poésie est là, intrinsèque à l’oeuvre.  Un bateleur, une étoile filante, une dame, un enfant, le soleil, un chien qui jappe, un oiseau qui vole, le jeu musical du jazz, du blues, du rock, n’ont pas aux yeux du poète – sauf lorsqu’ils s’inscrivent dans le cadre d’une enquête d’ordre philosophique, sociologique, criminologique, scientifique – à être démontrés ; ils sont. Ainsi, la poésie les nomme en diverses langues mais ils sont eux-mêmes la poésie.

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               Je pense que c’est l’être qui fait la poésie.

 

              Michel Cosem écrit sur ce propos qu’il maîtrise parfaitement, en tant que poète et fondateur des éditions Encres Vives : « Ce qui me plaît dans la poésie c'est que l'on peut tout dire avec les mots de tous les jours : dire le vent, la pluie, les fleurs, l'herbe qui pousse, mais derrière ces choses simples se cache ce que l'on pense du monde, comment l'on y vit, comment l'on y est bien ou mal. La poésie, c'est un peu de liberté pourvu qu'on l'aime et que l'on sache la goûter ».

 

               Somme toute, je répondrai à cette problématique touchant au domaine identitaire et à l’invisibilité des langues, en citant à nouveau le poète contemporain Antoine Emaz ; car ce terme d’ « interface » est une vérité. La langue est un ensemble de signes qui doit, me semble-t-il, par sa fonction cathartique et l’éclairage du monde qu’il propose, conduire le lecteur, l’auditeur ou le spectateur – dans le cas du langage des signes ou du langage dramatique – vers une vérité ; une vérité qui aide tout individu à s’éclairer lui-même et à se fonder une structure mentale infrangible afin de pouvoir avancer dans la vie, trouver, grâce au fondement mathématique et à sa langue absolument et nécessairement logique, sa voie, sa force, sa puissance intellectuelle, « mettre, ainsi que l’écrit Baruch Spinoza, les neurones à l’équerre » ; et, de là, pouvoir s’ouvrir au langage du monde, à celui de l’univers, à la dimension poétique, aux signifiés dantesques, c’est-à-dire, le sens littéral ou historique, le sens allégorique, le sens tropologique et le sens anagogique, fruits des travaux des exégètes juifs et chrétiens, à la Muse enfin.

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                                                   Jean-Michel TARTAYRE

XIIe Salon du livre des Gourmets de Lettres, Toulouse
Dimanche 29 octobre 2017

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Discours prononcé lors de la conférence de clôture du Salon des Gourmets de Lettres en présence de plusieurs académiciens et de gens de lettres. Ce discours s'organise autour de la thématique du lieu en poésie. Le thème précis en est : « Le poème, éloge, témoin ou inventeurs du lieu. »

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« Le lieu en poésie »  

 

                La question du lieu en poésie est intéressante à plusieurs égards.

 

            D’abord, il s’agit, je crois, pour l’auteur, de se situer. Le lieu est un cadre, un repère géographique, un support d’écriture, une inspiration. Le poème, de ce point de vue-là, je pense, peut traduire le lien, la relation, qui unit l’auteur à son cadre et en révéler l’harmonie, en particulier au sens musical du terme. L’inspiration étant toujours porteuse d’un tempo, de pulsations.

 

               Ensuite, le lieu est un paysage. J’entends par là qu’il s’inscrit dans une dimension picturale. Car, selon moi, le poème est à concevoir aussi comme un tableau ; chaque mot posé sur la page pouvant être assimilé à un coup de pinceau et, par extension, à un regard. Je ne dirai pas un regard subjectif ou objectif, mais juste un regard.

 

             Enfin, le lieu comme fondement de ce regard, je veux parler ici du lieu intérieur, cet espace de liberté qui doit éclairer le texte par sa flamme, faire écho à  la part d’innocence en chacun de nous propre à l’enfance, que l’on pourrait appeler la bougie du soi, soi au sens où Friedrich Nietzsche l’entend, c’est-à-dire d’ipséité, d’identité intime, ou comme l’écrit Julien Gracq : « ce je-ne-sais-quoi ». Je pense dès lors que le lieu dans cette optique est un point de transmission entre l’auteur et le lecteur. Par sa typoscénie –un terme de Jean-Claude Barrère –, à savoir la disposition des mots sur la page, le texte est à concevoir comme une scène de théâtre. Chaque mot serait alors comme un acteur qui résonne en nous de sa voix et augmente l’épaisseur du blanc, des blancs, de la page, en d’autres termes du silence. Cela est particulièrement vrai dans la poétique d’André du Bouchet pour qui j’ai un attrait de prédilection.

 

               Somme toute, le mot « poésie », au sens d’« invention », de « création », « d’action de faire en fonction d’un savoir », si l’on se réfère à son étymon grec poiêsis, est, je pense, indissociable de celui de « lieu ». Un poème devrait être le fruit de cet ensemble de déterminations : cadre, paysage et parole du soi – pour toucher à l’art, me semble-t-il. André du Bouchet, Aimé Césaire, Eugène Guillevic, Victor Hugo, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Blaise Cendrars, Bernard Lavilliers, Antoine Emaz, Philippe Jaccottet, Yves Bonnefoy, Progreso Marin, Henri Heurtebise, Matthieu Gosztola, Romain Fustier, Cédric Le Penven, Annie Briet, Sylvaine Arabo, Jacqueline Saint-Jean, Simone Alié-Daram, Monique-Lise Cohen, Paul Van Melle, Gilles Lades, Didier Thurios, Jean-Pierre Lassalle, Christian Saint-Paul et Michel Cosem sont pour moi des maîtres en la matière – j’ai grandi avec eux. Michel Cosem, sans qui je ne serai pas parmi vous pour parler de ce thème, puisque sa collection éponyme, la collection « Lieu » des éditions Encres Vives, dont il est le créateur, fonde depuis presque vingt ans ma démarche poétique, une véritable « poule aux œufs d’or », pour le dire comme Jean de La Fontaine.

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                                                     Jean-Michel TARTAYRE

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