top of page

Chroniques - poésie

Getty_Images_Léopold_Sédar_Senghor.jpg

Quand je serai mort mes amis,

couchez-moi à l'ombre de mes ancêtres.

                    Léopold Sédar Senghor (1906-2001)

Ci-contre Léopold Sédar Senghor en costume de l'Académie française le 1er juin 1983 à Paris en France. (Photo by Micheline PELLETIER/Gamma-Rapho via Getty Images)

Feuilles vertes
Bâtiment commercial à la nuit

Joe Jackson, Steppin'Out (Official Video). Un document VEVO et YouTube.

CTh.jpg

Portrait féminin. Un document Facebook.

Un Ensemble poétique
Le 7 avril 2021

HYMNES ET PRIERES Broché – 17 janvier 1996

de PROCLUS (Auteur)

Proclus H & P.jpg

La présente édition de Hymnes et prières de Proclus est bilingue. Elle propose le texte original écrit en langue grecque et sa traduction en regard, celle en l'occurrence de Henri D. Saffrey.

Proclus est un néoplatonicien ; c'est-à-dire un adepte de la philosophie de Platon, au cinquième siècle de notre ère. Dans ces textes, il écrit en vers et en prose des célébrations sous forme d'Hymnes et de Prières. Polythéisme et monothéisme demeurent au coeur de son propos. Les Hymnes d'abord célèbrent les déesses et les dieux de la mythologie greco-romaine : "Écoute, Roi du feu intellectif, Titan aux rênes d'or, écoute", écrit-il dans son "Hymne au Soleil". Les Prières sont orientées, dans leur progression, vers la célébration du Dieu Unique : "approchons-nous de la cause de tout".

D'après son écriture, l'auteur est un érudit. Henri D. Saffrey dit dans sa Préface : "Il avait les oeuvres, non seulement de tous les grands philosophes, mais aussi des poètes, car il appelait 'théologiens' Homère, Hésiode et Orphée."


 

Chaque texte de Proclus, en effet, découvre l'écriture d'un homme de foi et, par conséquent, de vertu, vouant à la connaissance non seulement son entière disponibilité, mais aussi une rigueur intellectuelle très stricte et sévère. Il transmet et, en cela, entend produire, avec une ferme volonté, une écriture sincère à l'égard de son destinataire, à l'égard de soi : "Je Te supplie".

Détails sur le produit

  • Éditeur : ARFUYEN (17 janvier 1996)

  • Langue : Français

  • ISBN-10 : 290882535X

  • ISBN-13 : 978-2908825350

  • Poids de l'article : 299 g

  • Dimensions : 16.1 x 0.8 x 22.5 cm

Un Ensemble qui s'articule autour du cri
Le 15 janvier 2020
Apatride des espaces, Editions Encres Vives, collection "Encres Vives", numéro 495.

Alain Lacouchie

Apatride des espaces.jpg

         Ce numéro des éditions et de la revue Encres Vives, dirigées par Michel Cosem, est un ouvrage poétique dont le thème est celui de l’exil. Apatride des espaces propose une écriture simple, concise, voire lapidaire, qui produit des impressions relatives au sentiment de la solitude et à la souffrance qu’il peut entraîner.

            On peut concevoir chaque texte comme une nécessité de sens s’agrégeant aux autres par le fait d’une grande cohésion d’idées qui traite de la réalité d’exil : « La violence triche ma vie, / rebelles et barbelés, roule. » Exil, enfermement, souffrance, servis par la poésie du cri : « c’est le fracas, c’est la guerre ! »

            La dimension lyrique est ténue mais sa prégnance est sensible et oriente la lecture vers l’idée d’un chant des origines, tel le jeune enfant qui s’éveille au monde et refuse sa violence : «  L’enfance est à voix faible ». À cet égard, ce cri est avant tout une œuvre de silence où le mot est ramené précisément à sa nature originelle de signe.

            Alain Lacouchie, de fait, interpelle son lecteur sur la condition humaine à la façon d’un dramaturge et ces textes ont un véritable effet cathartique.

            On constate une note de nostalgie certaine au demeurant, associée à une volonté de dire, à la façon d’un appel à la fin de toute violence : « Ma vie d’infimes s’en allait ». Un chant de paix, où le devoir de mémoire s’impose comme une évidence. Lacouchie se souvient et semble demander implicitement la résolution des maux en mettant en scène une parole franche, shakespearienne, où le mot a le premier rôle, le mot entendu ici comme un espace de silence où se grave l’histoire des hommes. Ainsi : « Des troupeaux de Richard III / pourrissent à la lune / et m’enferment / dans un silence sépulcral. » Et le poids de cette parole peut se comprendre comme le reflet de la gravité des choses. C’est une parole grave en effet, grave et humaine, une parole de la conscience s’appuyant sur des faits vécus, historiques, qui nous montre distinctement notre Paradis Perdu, tel Milton.

L'Alchimie poétique
Le 13 juillet 2019
Poésies. Une Saison en enfer. Illuminations

Rimbaud

Préface de René Char

Edition de Louis Forestier

 

Cet ensemble réunissant toutes les œuvres poétiques d’Arthur Rimbaud, à savoir Poésies, Une saison en enfer et Illuminations, est édifiant à maint égard. D’abord, parce qu’on découvre le cheminement régulier du poète dans son écriture, qui débute par des structures harmoniques classiques pour se clore, tel un accomplissement, par le choix de la prose, lequel peut s’entendre comme une volonté de dire sans la contrainte des règles trop strictes. Ensuite, car ce qui s’avère remarquable chez cet auteur c’est, quel que soit le point de vue adopté, la force, l’intensité et la gravité de son langage. Un langage qui s’oriente vers le domaine de la mythologie, celui de l’Histoire, celui de la philosophie, celui de la métaphysique et celui de la poésie proprement dite, puisqu’il invente véritablement une langue qui demeure unique.

 

De fait, le premier recueil Poésies s’inscrit chronologiquement dans sa période de pré-adolescence, et même de son enfance, puisque certains de ces textes furent composés vers l’âge de douze ans, si l’on se réfère aux ‶ Premiers écrits ″. On note d’ailleurs que le tout premier :   ‶ Charles D’Orléans à Louis XI″ est déjà écrit en prose, faisant écho à Une Saison en enfer et aux Illuminations :  Sire, le temps a laissé son manteau de pluie ; les fourriers d’été sont venus ; donnons l’huys au visage à Mélancolie ! Vivent les lays et ballades ! moralités et joyeusetés !

 

De même, toujours dans ce premier recueil, la prose est utilisée dans deux textes intitulés ‶Les Déserts de l’amour‶ et ‶Proses en marge de l’Ếvangile‶. Les deux autres recueils Une Saison en enfer et Illuminations s’inscrivent dans la continuité et l’achèvement de cette catégorie de poèmes. Arthur Rimbaud s’en sert comme d’un outil permettant d’enrichir le discours et de puiser dans les ressources de son imagination. Ainsi dans ‶L’Impossible‶, lorsqu’il évoque les philosophes, il écrit très librement : Les philosophes. Le monde n’a pas d’âge. L’humanité se déplace, simplement. Vous êtes en Occident, mais libre d’habiter dans votre Orient, quelque ancien qu’il vous le faille – et d’y habiter bien.

 

Rimbaud livre (couverture).jpg

Au demeurant, on peut dire que l’écriture d’Arthur Rimbaud est d’une sincérité absolue, qui est celle de l’enfance, et porteuse de révélations sur l’âme humaine et sa puissance créatrice, ses vertus. Il dit : Rien n’est vanité, à la science, et en avant ! Et, à cet égard, Rimbaud est l’alchimiste de la poésie puisque ses mots opèrent, comme par magie, dans le registre de la célébration  de la beauté féminine, de la divinité : Par l’esprit on va à Dieu ; J’ai embrassé l’aube d’été.

 

René Char, qui a préfacé cet ensemble, écrit : Il sait la vanité des renaissances, mais plus et mieux que tout, il sait que la Mère des secrets, celle qui empêche les sables mortels de s’épandre sur l’aire de notre cœur, cette reine persécutée, il faut tenir désespérément son parti.

Rimbaud.jpg

Ci-dessus un portrait de Rimbaud par Georges Rodenbach (1898)

Détails sur le produit

  • Broché: 342 pages

  • Editeur : Gallimard (14 mai 1999)

  • Collection : Folio Classique

  • Langue : Français

  • ISBN-10: 2070409007

  • ISBN-13: 978-2070409006

  • Dimensions du produit: 17,5 x 10,7 x 1,8 cm

Une très belle anthologie poétique
24 novembre 2018
Phosphènes

Anthologie de poésie sous la direction de Pierre Benazech ; ill. Valentin Piquemal

47edc3_4d92504ca1ae4c0ab2e74ad3a39a1a16~

Les Chiroptères éditions, coll. "Biānfú"

Parution : 5 novembre 2018

ISBN 979-10-96850-01-3

Nombre de pages : 62. Prix : 20 €

Pierre Benazech a réuni dans cet ouvrage plusieurs poèmes illustrés. Il a choisi de l'intituler Phosphènes en soulignant que ce terme est à l'image de la qualité des textes et des dessins. Il ajoute la définition suivante dans son propos introducteur : « Les phosphènes sont des taches lumineuses et colorées. Ils apparaissent lorsque l'on ferme les yeux après avoir fixé une source de lumière. » Un véritable hommage à l'écriture poétique de fait et aux auteurs qu'il publie, auteurs dont il fait partie par ailleurs.

On rencontre le style de Roselyne Morandi, d'Esther Milon, d'Amandine Reist, d'Anne Lahaye, de Monique Ruffié, de Michel Cosem, de Sébastien Mayot, d'Aurélien Clause, de Mathéo de Bruvisso, de Véronique Flabat-Piot, de Ludovic Chaptal, d'Othman Ben Taleb, tous sensiblement différents et dont la qualité est toujours mise en valeur par le talent de Valentin Piquemal, l'illustrateur.

Ce qui ressort principalement, me semble-t-il, à la lecture de l'ensemble, c'est la sobriété de ces textes et leur richesse chromatique, richesse qu'a su exploiter avec génie Valentin Piquemal. Esther Milon, par exemple, écrit : « Mon funambule a le vertige / Sur les surfaces planes / S'il ne rêve pas de voltige / Il se courbe, il se    fane ». Véronique Flabat-Piot écrit : « Sentir une présence, au cœur de l'impalpable, / Un souffle d'amour pur, chaud comme un soleil d'or, / Un chant intérieur, tel le confiteor / De l'invisible Tout, gommant l'intolérable ... »

Autant de mots, autant de fleurs écloses dans l'esprit de ces poétesses et poètes, dont l'imaginaire sert celui de son lectorat et le fait grandir dans les proportions de « l'amour infini » évoqué par Arthur Rimbaud.

Enfin, dans ses « Quais de la gare Montparnasse », Pierre Benazech donne à voir le quotidien de cette gare parisienne, celui d' « une lycéenne » qui « s'emballe / de musique avec ses écouteurs » ou encore d' « un étudiant » qui « flotte dans les plumes du sommeil », d' « un ouvrier » ouvrant « le journal rubrique sports », d'« un cadre » réajustant « sa cravate bleue ». L'écriture rappelle les touches impressionnistes et demeure remarquable de simplicité et d'humanisme.

Un ensemble autour d'un récit poétique d'Elsa Berg
17 octobre 2018
Roman d'une âme simple

Monique-Lise Cohen

810dvUat26L_edited.jpg

Éditions : Books on Demand

Date de parution : 19/05/2014

Nombre de pages : 80 p.

Prix : 4,10 €

EAN 9782322036455

Monique-Lise Cohen nous propose dans son ouvrage Roman d'une âme simple une réflexion autour de la femme et de sa fonction essentielle dans l'ordre de la Nature et de toute société humaine. Citant plusieurs extraits de la Bible ou des textes sacrés judéo-chrétiens, elle nous donne à voir et à entendre que l'épouse a le rôle majeur en matière de filiation et d'éducation.

Son propos de fait s'organise autour de l'oeuvre d'Elsa Berg pour rendre compte que l'éducation de l'enfant doit se concevoir comme une science, Elsa Berg qui fut victime d'un viol durant son enfance et qui se confie dans son récit Poupée de sang ou l'écriture de la douleur. Monique-Lise Cohen tente ici de comprendre en nous faisant partager ses pensées, le plus souvent sous la forme poétique : « Vie étrange, vie au-delà de la survie / Ce n'est plus l'angoisse qui se transmet / Mais une douce lumière ».

L'écriture de Monique-Lise Cohen est brillante, érudite. Cet hommage rendu à Elsa Berg peut s'entendre comme un cri de femme adressée à toutes les femmes maltraitées et victimes de la violence masculine, mais davantage, en l'occurrence, à l'enfance maltraitée, comme un appel dont chaque mot est la résonance profonde dans le silence de notre lecture, un appel qui se fonde sur la parole et la science des grands exégètes, un appel lumineux enfin, à l'image des plus grands poèmes ; ainsi : « L'attente se recueille à la naissance infinie des / appels ».

Une écriture lumineuse

 2 août 2018

Dans la chaleur vacante, suivi de Ou le soleil

André Du Bouchet

41xYw1tuS4L.jpg

Cette oeuvre est un ensemble dans lequel André Du Bouchet exploite le champ sémantique de la lumière, qu'il se situe sur le plan du paysage extérieur, souvent montagneux, ou bien sur celui de l'intimité de sa chambre.

Chacun de ses textes s'organise toujours de façon singulière selon que le support de la page blanche lui inspire telle disposition des mots ou telle autre. Un poème d'André Du Bouchet peut, dans ce recueil, se présenter soit sur le mode de la structure éclatée, soit sur celui des vers suivis, plus classique.

Les deux parties Dans la chaleur vacante et Ou le soleil sont très écrites et invitent à s'interroger sur l'influence des quatre éléments, non seulement sur l'inspiration du poète à divers degrés, mais aussi sur nous lecteurs, dans notre quotidien ; ainsi : « À la seconde apparition de la terre, j'entre dans le front blanc qui me domine, et que je ne remarque pas à côté de moi [...] // Tout rosit jusqu'au sol. Tout est chaleur, et pièce de feu. »

Somme toute, la poétique d'André Du Bouchet peut se percevoir dans ce recueil comme une façon de penser le poème en tant que révélateur d'un paysage ou de lien entre tel paysage et la pensée, les sentiments, de l'auteur, où les plages de silence signifiées par les espaces blancs de la page ont une importance capitale dans la lecture puisqu'ils fondent le rythme du texte et, par conséquent, l'intensité de l'image et ses chromatismes.

Éditions : Gallimard. Collection : "Poésie/Gallimard". 

Date de parution : 24/10/1991. 

Nombre de pages : 216 p. . Prix : 11,00 €

EAN 9782070326648

Un coloriste du quotidien 

L'Espace commence au bord de la fenêtre

Daniel Birnbaum

L’Espace commence au bord de la fenêtre, de Daniel Birnbaum, est un ensemble qui s’organise autour du temps, du temps qui passe. Le poète fait état du quotidien sur le mode du poème souvent humoristique et empreint de réalisme : « Il m’arrive / de broyer des aliments / dans un appareil / ils en sortent en miettes / en petits bouts […] je me demande / s’il serait bien / de pouvoir faire de même / avec des bouts de passé. »

 

En outre, la femme aimée semble une figure récurrente. Le poète l’évoque toujours avec beaucoup de discrétion et d’humilité ; ainsi, dans le poème intitulé « Avant » : « Chaque matin / je regarde le ciel / différent mais toujours le même / il ne change pas / avant je regardais tes yeux ». Sur ce plan, on observe une tranquillité d’âme, une âme éprise associant les souvenirs au contexte de l’écriture : « à travers / mes yeux fermés de solitude / les graffitis du temps / ne sont plus sensibles / que le long de ton absence. » Le poésie amoureuse s’augmente, chez Daniel Birnbaum, de sa vision de la femme, figure éclairante ou muse du quotidien qui peut lui inspirer l’autodérision : « Il fait un froid glacial / elle marche dans  la rue / […] et je cherche comment rompre la glace / entre nous. »

De fait, l’auteur semble souvent donner à voir dans sa praxis, dans sa pratique de la parole écrite, poétique, la joie d’aimer, d’aimer la Femme, d’aimer la vie, y compris dans ce qu’elle a de plus âpre : la mort, le deuil, la solitude : « au bout du silence / les mêmes mystères / qu’au bout de la nuit noire / plus de rêves. » Son écriture paraît témoigner à la fois de sa prise de distance face aux obstacles et de son acceptation des choses ; une écriture de l’instant qui somme toute relativise le monde et ses aléas par la dynamique d’une pensée tout orientée vers l’espoir, la lumière, l’enthousiasme : « et là-haut / qu’il y ait un Dieu / qu’il y en ait dix / ou qu’il n’y en ait pas / il y a quelques types / avec des crayons / qui comme avant nous montrent / que toutes les couleurs / se mélangent librement. »

Daniel Birnbaum est comparable à un coloriste du quotidien, où l’existence demeure l’objet d’une transmutation d’ordre alchimique qui, par les mots, s’ouvre à l’esprit du lecteur tel un arc-en-ciel, ici, où « l’espace commence au bord de la fenêtre».

Éditions : Alcyone. Collection : "Surya"

Date de parution : 11 décembre 2017. Nombre de pages : 44 p. Prix : 11,00 €. EAN 9782374050324

« Lyrisme critique »

     22 août 2017

Toiles bretagnes

Christian Saint-Paul ; préface Alem Surre-Garcia

Toiles bretagnes est un recueil de Christian Saint-Paul qui éclaire le lecteur sur plusieurs points de sa poétique.

 

D’abord, on peut penser au lyrisme critique, notamment mentionné par Jean-Michel Maulpoix ou encore Antoine Emaz, ce dans la mesure où Christian Saint-Paul, dans les trois sous-ensembles qui composent Toiles bretagnes, mêle à l’émotion un savoir d’érudit dans chacun de ses textes, une émotion au demeurant qui relève davantage de la sérénité ou de la complétude que de l’exagération ou de la démesure. Le lyrisme chez Saint-Paul est très ténu.

 

Ensuite, dans le premier sous-ensemble éponyme « Toiles bretagnes », comme dans le second intitulé « Le Tregor », il se pose à la fois en observateur des lieux et des paysages où il s’inscrit, et en historien. Chacun de ses poèmes, ou plutôt, son poème breton, nous plonge dans maintes périodes historiques de la région, qui s’étendent du Moyen-Âge à aujourd’hui, via les tragiques épisodes des deux guerres mondiales : « … dans les vitraux de l’année de la guerre 1939 […] Mais le monde ne s’est pas engourdi ». À ces références spatio-temporelles précises, le poète ajoute sa pensée critique, relevant de sa philosophie de vie et de son expérience de lecteur ; ainsi : « Ne pas regarder négligemment vers Dieu ».

Et cette pensée, ce jugement, font partie intégrante, semble-t-il, de la poétique de Saint-Paul, comme le fait d’associer un grand poète ou un écrivain aux lieux dans lesquels il se situe ; dans son poème sur Dinan, par exemple, où il cite Charles Duclos : « Mais gens de lettres / sont gens de bien // Charles Duclos écrivain académicien / maire de la ville en 1746 […] pour jeter leur ombre / sur les feux de la guerre ». Les lieux sont de fait chez Saint-Paul le motif de son poème et, par là même, de son érudition.

 

Une démarche enfin qui ne peut aller sans la dimension de plaisir, écrit-il dans le troisième sous-ensemble, qui est un discours rédigé, prononcé, à l’occasion du Salon du Livre des Gourmets de Lettres, au mois d’octobre 2016, et fondé sur la problématique suivante : « Où se niche la poésie ? » : « Claude Vigée m’avait certifié qu’écrire un poème ou faire l’amour relevait du même plaisir […] la poésie niche dans le plaisir. » Et c’est bien ce que l’on éprouve en lisant Toiles bretagnes, car le poète Christian Saint-Paul est avant tout un homme du verbe, un « homme de paroles », pour reprendre une œuvre de Claude Hagège ; c’est-à-dire, « un inventeur », et qui aime à le faire partager sur les ondes comme dans ses ouvrages avec une réelle appétence et une non moins réelle volonté. Citant Federico Garcia Lorca, il dit : « C’est Federico Garcia Lorca qui a raison : ʺ Ce n’est pas de partisans que la poésie a besoin, mais d’amants. Elle se couvre de ronces épineuses et d’éclats de verre, afin que celui-ci qui étend sur elle sa main s’ensanglante.ʺ » Alem Surre Garcia, qui a préfacé cet ensemble, écrit ceci : « L’auteur se risque à l’inventaire des silences, des détresses et des ʺfausses immobilités marines.ʺ » Ce terme de « fausses immobilités marines » confirme, je crois, l’adhésion que Christian Saint-Paul manifeste à l’égard du langage poétique et de sa complexité, en particulier lorsqu’il le passe dans le filtre des lieux.

Éditions : Monde en poésie

Date de parution :7 septembre 2017. Nombre de pages : 126 p. Prix : 12,00 €. EAN 9782955495353

« Comment écrire ce qui se parle en silence »

      27 novembre 2017

Arthur Rimbaud, poste restante, Marseille

Francis Ricard ; préface Serge Pey

Cet ensemble de Francis Ricard, Arthur Rimbaud Poste restante Marseille, propose une réécriture très approfondie des derniers mois de Rimbaud d’après, on le suppose, les documents historiques et biographiques qui concernent l’existence du célèbre poète.

Francis Ricard a su exploiter avec talent l’œuvre de Rimbaud et ses lettres du Harar. Mais, comme le dit Serge Pey, dans la préface du recueil, c’est avant tout un poète qui écrit sur un poète. « Ce texte est, écrit-il précisément, le témoignage d’un poète sur un autre poète. » Et Francis Ricard parvient avec une grande justesse à nous plonger dans l’univers rimbaldien (« Comment écrire ce qui se parle en silence / […] nous avons quitté Harrar le sept avril 91 / je l’ai noté dans mon journal / »).

On a le sentiment que c’est Rimbaud lui-même qui écrit. L’émotion est très forte, l’écriture puissante. Ricard crée des rythmes et des images qui relèvent de la fulgurance. Chaque mot a son poids et rayonne en chacun de nous – donnant à voir ainsi le calvaire de Rimbaud et son célèbre « Je est un autre » ; une formule réalisée dans ce texte comme une vérité absolue, où l’âme du lecteur et celle de l’auteur Rimbaud-Ricard se confondent dans l’espace tragique du poème.

On adhère somme toute à cette parole de Serge Pey lorsqu’il écrit : « Rimbaud n’est pas Rimbaud, n’a jamais été Rimbaud, car son Je a toujours été un autre, et son Autre un Je infini. » Cet ouvrage pourrait en effet se concevoir comme une transmission, d’un regard à l’autre, une logique fusionnelle grâce à laquelle Francis Ricard prête ses sens et sa voix à Arthur Rimbaud, l’espace d’un poème.

Éditions : Hors limite

Date de parution : 27 juin 2016.

Nombre de pages : 77 p.

Prix : 12,00 €.

EAN 9782913367173

« Un vrai rythme ! »

     27 novembre 2017

Éthiopiques : Voyage vers le bout des rêves

Monika Del Rio

Éthiopiques, de Monika Del Rio, est un ensemble qui donne à voir une grande cohésion tant dans la forme signifiante que dans les motifs traités.

On a, dès l’abord, l’impression de découvrir un bestiaire qui s’organise autour de la faune éthiopienne : les comportements de la hyène, du chacal, du serpent ou du singe dominent la métaphorisation et la personnification de la parole (exemple : « Même la / Hyène / Bavarde d’habitude / Se tut / En retenant / Son rire / Au fond de Ténèbres. »).

Par extension, la poétesse inscrit sa parole au sein de la terre éthiopienne et en fait éclore la substance poétique, à savoir son imaginaire et ses rythmes. Tous les textes, à cet égard, sont marqués par la syncope : les vers sont très brefs et rappellent un battement de tambour (exemples : « Impossible / De regarder au fond / De son œil » ; « Oser de vivre, / Rejeter le manteau / Lourd de notre / Tribu, / Rester libre – »).
Le Professeur Jacques Arlet, qui a composé la préface de ce recueil, note : « Comme vous le voyez, la poésie de Monika est moderne contemporaine, à vers courts, adossés à la marge, à la phrase cassée ce qui ne lui empêche pas de maintenir un vrai rythme ! »

La syntaxe est, quant à elle, parcouru par de nombreuses ellipses telle : « La sagesse / D’existence / Parmi tous les / Dangers / Et avancer vers / La mer / De savoir, / Plonger … »

Somme toute, Éthiopiques révèle à sa lecture un climat dépaysant et solaire. On est conduit, au fil des poèmes, à partager l’expérience unique de Monika Del Rio et son sentiment de la Nature qui traduit à la fois ses facultés d’adaptation au milieu et son amour sincère pour l’Éthiopie.

Éditions : Edilivre

Date de parution : 12/05/2017

Nombre de pages : 134 p.

Prix : 12,50 €.

EAN 9782414071906

Une partition vitaliste engageante

3 janvier 2012

Les Herbes de safran

Michel Cosem

Ce recueil de Michel Cosem se compose de cent soixante-huit poèmes dont la grande majorité est écrite en prose. L'auteur y propose une lecture originale du monde conçue au cours de ses nombreux voyages en France mais également en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Algérie et en Égypte. L'analyse descriptive se conjugue avec l'emploi régulier du procédé rhétorique dans ce processus verbal qui fonde à la fois la dynamique de l'ensemble et le plaisir de la découverte auquel le lecteur demeure convié : « Je dis la beauté qui frissonne, la frivole invite, le charme de l'instant », écrit Cosem. Il ressort en effet de chacun de ses textes une volonté de dire l'objet poétique et de capturer l'instant où l'âme fait corps avec la nature, selon le mode de la sobriété. Le style à cet égard relève aussi bien du mouvement vitaliste que de la forme orfévrée. La présente édition a su du reste le mettre en valeur en lui assortissant une encre de Silvaine Arabo, datée de 2009, qui ajoute à la dimension dépaysante de l'œuvre.

Les Herbes de safran ou comment Michel Cosem invite le lecteur à la rencontre inopinée avec le miracle naturel, avec soi-même, réalisant le signe fraternel d'une main tendue sous sa plume.

Éditions : l'Atlantique

Date de parution : 10 mai 2011. Nombre de pages : 85 p. Prix : 18,00 €. EAN 9782358450683

« l'exil s'en va ainsi dans la mangeoire des astres »

     11 septembre 2011

Ferrements et autres poèmes

Aimé Césaire - préface Daniel Maximin

Cette oeuvre d'Aimé Césaire se compose de cinq sous-ensembles respectivement intitulés : « Ferrements », « Tropiques », « Soleil cou coupé », « Noria » et « Comme un malentendu de salut ». L'auteur les publia à diverses périodes de sa vie. « Tropiques » est le plus ancien et le premier dans la chronologie puisqu'il fut écrit entre 1941 et 1945. Le plus récent est « Comme un malentendu de salut », datant de 1994. « Ferrements », la partie éponyme, date de 1960. La poésie de Césaire est de la sorte proposée à la lecture avec un grand choix de textes et de thématiques propices à la compréhension de l'ensemble. L'originalité de l'écriture y apparaît comme le reflet d'un style qui se caractérise à la fois par la grande richesse du vocabulaire et la prégnance d'un lyrisme de nature péléenne.

Césaire compose avec une rare énergie conférant à chacun de ses textes le dire jaillissant de l'individu engagé dans « la décolonisation des peuples et des esprits », comme le souligne Daniel Maximin, préfacier de l'oeuvre. Associant tour à tour la technique du collage propre aux surréalistes et celle de la superposition des rythmes et des images, le poète pratique l'art du foisonnement et du chant épique en l'honneur du peuple caribéen et, par extension, du peuple Noir, de la Nature et de la Femme, en particulier Suzanne Césaire, sa compagne et épouse :

« Amie / Nous gonflerons nos voiles océanes, / Vers l'élan perdu des pampas et des pierres / Et nous chanterons aux basses eaux inépuisablement la / chanson de l'aurore. »

Daniel Maximin, critique et poète lui-même, corrobore à cet égard que : « La poésie de Césaire est bien celle d'un artisan bâtisseur de désirades au milieu d'un "paradis raté", solitaire fraternel loin des nostalgies et des ressentiments, attentif à renouer le fil des mots perdus, en célébrant la transmutation du silence en "mot de passe de la connivence et de la puissance". » S'agissant de la connivence invitant l'adhésion du lecteur à la parole du poète Césaire, à la mythologie qu'elle invente et véhicule, elle est de fait le moyen de pourvoir à la magie et à la jubilation du texte.

Éditions : Points. Collection : "Poésie" n° 1873

Date de parution : 28 février 2008. Nombre de pages : 200 p. Prix : 7,30 €. EAN 9782757807040

« Le poème de l'Andalousie »

     26 août 2010

Romancero gitan

Federico Garcia Lorca - traduit de l'espagnol et annoté par André Belamich

Cette oeuvre est le recueil de vingt-deux poèmes que complète le discours d'une conférence récital donnée par Garcia Lorca le 9 octobre 1935 à la Résidence des Étudiants de Barcelone, dans lequel l'auteur confie à ses auditeurs que sa présence a pour finalité première l'acte de communication, d'échange entre eux et lui sur la poésie, qu'il définit comme « substance et magie pure ».

 

Et, de fait, c'est bien de la magie dont relève l'écriture de cet ensemble, qu'il s'agisse d'évoquer, par exemple, les anecdotes tragiques de la mort d'Antonio Torres Heredia (« Ô Antoñito el Camborio, / digne d'une Impératrice ! / Rappelle-toi à la Vierge, / car tu vas bientôt mourir. »), du martyre de Sainte Eulalie (« Sur le sol, déjà sans norme, / sautent ses deux mains coupées / pouvant encore se croiser / dans une prière ténue, / ténue mais décapitée. »), du coup fatal que le torero Ignacio Sanchez Méjias reçut dans les arènes de Manzanarès en 1934 (« Il n'y eut prince de Séville / que l'on pût lui comparer, / ni d'épée comme la sienne, / ni de coeur si véridique. ») ou encore qu'il s'agisse de célébrer la culture gitane (« Ô la ville des gitans, / qui jamais peut t'oublier ? / Ville de douleur musquée / avec tes tours de cannelle. »)

La matière dominante de ces représentations d'ordre épique, qui fonde à la fois l'intensité dramatique et son contexte, est l'Andalousie, dépeinte à travers le prisme du métissage de sa population, de la situation politique de l'Espagne à la veille du franquisme, de ses paysages et de ses moeurs dont le quotidien demeure rythmé par les battements de coeur et de sève d'une nature innocente, prodigue de climat toujours ensoleillé, de la beauté généreuse des fruits et des senteurs de « jasmin », de « cannelle », de « verveine », de « romarin », d' « olive », qui baignent les nuits (« Mes souliers rouge cerise, / mes camées d'ivoire fin / et jusqu'à mon teint pétri / à l'olive et au jasmin. »)

Éditions : Gallimard. Collection : Folio n° 5061

Date de parution : 30 avril 2010. Nombre de pages : 86 p. Prix : 2,00 €. EAN 9782070436576

« Mais plus que tout respecte-toi toi-même. »

     17 octobre 2010

Les vers d'or : texte grec original 
Pythagore ; avec la traduction française littérale précédée d'un avertissement et suivie de notes explicatives par Léonard Saint-Michel

Cette oeuvre de Pythagore de Samos est un recueil de soixante et onze méditations versifiées dans lequel l'auteur s'attache à instruire son lecteur en lui prodiguant des conseils de bonne conduite de vie. Ainsi, chacun de ces fragments demeure assimilable à une règle de pensée susceptible de permettre aux adeptes de vivre en harmonie avec soi-même et avec son prochain. En d'autres termes, il pourrait s'agir d'un ouvrage de philosophie où l'auteur, qui fait le choix de la structure poétique, propose un enseignement accessible rendant compte des fruits de sa propre expérience et de l'héritage spirituel, en particulier sur le plan de l'éthique, dont il se réclame. Léonard Saint-Michel, traducteur et préfacier des « Vers d'or », observe même à l'égard du Pythagorisme que : « Nous avons affaire à une Église véritable, une Église avec ses dogmes constitués, ses règles et ses interdictions, son éthique, ses lois organiques internes et sociales, ses rites, voire ses lieux saints et ses sanctuaires - qu'il suffise de rappeler l'existence de la Basilique de la Porte Majeure. »

Éditions : Adyar

Date de parution : 1er octobre 2014. Nombre de pages : 62 p. Prix : 6,00 €

EAN 9782850002847. Texte en grec ancien, traduction française en regard

« Adieu ! soyez heureuse amie, et... soyez rose. »

     13 décembre 2007

Légion, notre mère : anthologie de la poésie légionnaire, 1885-2003
Préface Jean-Louis Franceschi ; postface Charles Villeneuve

Cette anthologie de la poésie légionnaire regroupe cent cinquante quatre poèmes évoquant le quotidien des âmes guerrières au képi blanc.

Le réalisme de ces écrits donne à voir le contexte au sein duquel chaque auteur choisit de prendre la plume pour rendre compte de ses émotions ; un contexte qui demeure celui du conflit armé et de l'ailleurs, terre étrangère, songe ou présence de la Femme, à la fois complice, témoin et inspiratrice de l'évasion éphémère du soldat, front penché sur sa feuille, l'espace d'une composition lyrique.

Somme toute, le dépaysement caractérise cet ensemble : les textes en vers qui le composent relèvent autant de l'épopée que de l'ode amoureuse. Le genre poétique se trouve investi par l'esprit virtuose du soldat dans toute sa diversité et sa richesse.

On peut à ce titre citer plusieurs exemples qui témoignent de cette savante pratique de l'alchimie du mot et de sa musique :

« Et puis je vous tuai... heureux de vos sanglots, / Sans pitié pour les pleurs et la folle panique / Qui passant dans vos yeux s'éteignit sous la trique, / De la Réalité dure comme Othello. » (Sergent O. 13e DBLE, « A mes trompeuses », 1949) ;

« Adieu, je sais que vous m'oublierez dès demain, / Que vous continuerez sans heurts, votre chemin. / C'est un regret léger que sur vos doigts, je pose. / Adieu ! soyez heureuse amie, et... soyez rose. » (Sergent G.S., « Rupture », 1948) ;

 

« Le baiser d'une femme fit rouvrir mes paupières... / Un frisson dans mon coeur m'a tiré du néant... / Mon âme s'est dressée sur sa couche de pierres / Moi qui me croyais mort, serais-je donc vivant ? » (Auteur légionnaire inconnu,

 

« J'ai ouvert mon cercueil », 1948) ;« Ils vrombissent toujours autour de nos oreilles, / Attaquant en piqué dans un bruit effrayant. / L'aurore fait cesser cette bataille épique ; / Victorieux et repus ils partent... les Moustiques. » (Caporal-Chef Rivière, « Les Moustiques », 25 janvier 1947).

Belmondo.jpg

Jean-Paul Belmondo dans Les Morfalous, un film d'Henri Verneuil (un document Facebook)


Le Général Jean-Louis Franceschi, Commandant la Légion étrangère et Charles Villeneuve, journaliste, grand reporter, ont respectivement écrit la préface et la postface de ce recueil. Le premier évoque « le charme » que peuvent exercer de pareils textes sur le lecteur, le second rappelle qu' « il n'existe aucune organisation militaire au monde comme la Légion étrangère », qu' « aucune n'a donné naissance à autant de mythes, d'éloges épiques ou, à l'inverse, de critiques féroces », que « le sens de l'humour aide le légionnaire à supporter la solitude, et sa cohorte de substituts à l'oubli », que « l'espoir, essentiel au coeur des hommes, est vital pour un légionnaire. » Citant Giono, il ajoute enfin : « S'il y a un professeur d'espérance, c'est bien le poète. La Légion n'en manque pas. »

Les noms de Cendrars et Mac Orlan, entre autres, corroborent son opinion.

Éditions : Italiques. Collection : "Vert et rouge"

Date de parution : 22 mai 2003. Nombre de pages : 280 p. Prix : 23,40 €

EAN 9782910536299. Textes en français et anglais

Liberté grande

Julien Gracq

Une épigraphe extraite des Illuminations donne le la à ce recueil de poésie. Des textes imprégnés des climats rimbaldiens et surréalistes. Une écriture dont le style confère à l'ensemble une forme d'étrangeté par la raison que l'auteur sait convoquer la pratique savante de la syntaxe et la précision topographique pour en tirer une substance essentiellement figurative, affranchie de toute représentation arbitraire, une substance hors-limites. Cette étrangeté qui, pour le dire comme Charles Baudelaire, « est le condiment nécessaire de toute beauté ».

Éditions : José Corti. Date de parution : 1990

Nombre de pages : 126 p. Prix : 14,20 €. EAN 9782714302595

La poésie de la rupture

10 février 2007

Du monde entier au coeur du monde : poésies complètes 

Blaise Cendrars ; préface Paul Morand ; édition établie par Claude Leroy

« Cendrars a voulu être celui par qui la modernité arrive - comme un scandale permanent » écrit Claude Leroy dans l'introduction de ce recueil. Les textes qui figurent dans cette nouvelle édition des poésies complètes de Cendrars couvrent près de cinquante ans de la vie du poète, depuis les poèmes de jeunesse jusqu'aux « Archives sonores ». On découvre à la lecture de l'oeuvre, l'écriture très variée du poète, qui passe de la pratique du distique et de la versification régulière à un démembrement de la syntaxe auquel est associé un « montage » des sensations fondé lui-même souvent sur des structures elliptiques. Ainsi, la trame narrative très présente dans la « Prose du Transsibérien » (1913) évolue dans « Le Panama » (1914) vers une narration éclatée qui tend à représenter les dimensions du monde entier (exemple : « Des livres / Il y a des livres qui parlent du Canal de Panama / Je ne sais pas ce que disent les catalogues des bibliothèques / Et je n'écoute pas les journaux financiers / Quoique les bulletins de la Bourse soient notre prière / quotidienne. ») Somme toute, les poèmes de Cendrars sont une invitation au voyage et au dépaysement portée par un style réaliste et précis qui érige son auteur au rang des plus grands artistes du verbe. Cendrars, pour qui le mouvement et la nouveauté furent deux mots-clés dans son travail de création.

Éditions : Gallimard. Collection : "Poésie" n° 421

Date de parution : 23 mars 2006. Nombre de pages : 427 p. Prix : 11,00 €. EAN 9782070318995

bottom of page