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montagnes

PUBLICATIONS LVII

Récit fictionnel

Danseurs élégants

JEAN-MICHEL TARTAYRE

 

 

 

 

UNE ENQUÊTE D’ART JUNGLE

Le Phare de Jupiter

 

 

 

 

Récit fictionnel

 

 

 

 

 

 

                                                                                In Memoriam Bruce Lee,

 

Le Soleil se lève au-dessus de la Montagne-qui-parle. Je contemple l’aurore en prenant mon petit-déjeuner, un croissant trempé dans le café. Il est 6 AM. C’est le début de la saison des pluies. Le ciel est clair ce matin, après une nuit d’averses. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec le Capitaine H., Département BFG, Secteur 3. Je me prépare, revêt mon uniforme, ma fierté, et sors dans le jardin, respirant l’air frais une fois fermée la porte. Des fleurs et des arbres fruitiers émanent les senteurs sublimes qui font le charme de ma demeure et où je me plais à vivre. Je démarre les moteurs de mon bateau et quitte le rivage tranquillement, à vitesse réduite. Il est 7, 30 AM. À 8 AM, j’accoste le quai du Secteur 3, amarre mon hors-bord et me dirige vers le bâtiment de la BFG. Le Capitaine H. est déjà là, discutant avec Mme la Secrétaire. « Bonjour, Jungle. Je vous en prie, entrez dans mon bureau. » Après que j’ai salué ma supérieure, je franchis le seuil de la porte de son bureau et patiente une dizaine de minutes. Puis : « Asseyez-vous, Lieutenant. » Elle prend place à son bureau, face à moi.

« – Lieutenant Jungle, je vous ai informé hier en fin d’après-midi des grandes lignes de l’affaire qui nous intéresse depuis maintenant quatre jours dans les locaux de notre Brigade. Mon courriel est succinct mais, vous en conviendrez, suffisamment explicite.

– Oui, mon Capitaine.

– Qu’en pensez-vous ?

– Aucune information sur les auteurs des délits, mon Capitaine ?

– Aucune, Lieutenant.

– Ce que je ne parviens pas à saisir avec précision, mon Capitaine, c’est le modus operandi. Je m’explique : il y a trois jours, ils cambriolent une bijouterie. Avant-hier, ils dérobent une toile de maître dans la maison d’un collectionneur et hier matin ils s’en prennent à un agent de sécurité, dans le hall du Plaza de K., et le blesse gravement. Comment peut-on savoir, mon Capitaine, que ce sont les mêmes personnes qui ont agi ?

– Les collègues de l’agent de sécurité blessé avaient au préalable fait le lien grâce aux ressources du système de surveillance vidéo. Ils ont observé que le nombre des malfaiteurs est le même, leur comportement identique, que ce soit dans la bijouterie ou chez le collectionneur. Ce qui empêche d’identifier leurs visages est le port de la cagoule et des vêtements sombres.

– Combien sont-ils, mon Capitaine ?

– Quatre, Lieutenant.

– Et pour quelle raison l’agent de sécurité de l’Hôtel Plaza a-t-il été agressé, mon Capitaine ?

– Il s’est rendu jusqu’ici et nous a prévenu, aussitôt fait le constat avec ses collègues. Mais il s’est montré trop curieux vraisemblablement. Il s’est fait agresser juste après, au moment il prenait son poste à l’entrée de l’hôtel. Il dit dans sa déclaration qu’il les a vus et, fait majeur, avoir vu leur bateau. J’attends confirmation toutefois.

– Ils l’ont suivi. Mais comment étaient-ils au courant ?

– Je ne sais pas, Lieutenant. Je demeure sceptique. Ils ont dû le voir à leur tour, c’est ce qu’il déclare en tout cas. Vous l’avez lu aussi bien que moi dans mon mail, aussi bref soit-il ? … bon. J’ai sollicité le Capitaine B. pour qu’il travaille avec vous. Je vous donne à lire le dossier et la copie sur clé de l'enregistrement vidéo des deux systèmes de surveillance, tenez. Il est 9 heures, Lieutenant. Le Capitaine B. sera là dans une heure. Il est déjà au courant de l’affaire. Je vous revois donc dans une heure, Lieutenant Jungle. »

Je sors du bureau du Capitaine H. et gagne le mien afin d’y analyser le dossier et la clé USB dans les détails.

 

10 AM. Ma supérieure frappe à la porte, entre et me demande de la suivre car le Capitaine B. vient d’arriver. Je prends le dossier avec moi et la rejoins. Je salue le Capitaine B.

« Asseyez-vous, Lieutenant Jungle … », me demande le Capitaine H. en prenant place à sa table de bureau.

« – Messieurs, ajoute-t-elle, je vous ai réunis ce jour à des fins de résolution d’une affaire au premier abord complexe. Capitaine B., est-ce que vous partagez cet avis ?

– Capitaine H., je suis d’accord. Nous n’avons que très peu d’éléments pour identifier les coupables. La seule personne qui peut nous en dire plus est la victime du Plaza. Elle a témoigné, et dit succinctement avoir identifié les suspects et leur bateau.  À confirmer. Je suggère que nous allions l’interroger dans sa chambre d’hôpital. Qu’en pensez-vous Lieutenant ?

– Oui, c’est juste Capitaine B. Il est le mieux à même de nous renseigner et de confirmer son témoignage.

– Bien, Messieurs …

–  Excusez-moi, mon Capitaine.

– Oui, Lieutenant Jungle ?

– J’ai lu tout à l’heure les deux dépôts de plainte qui figurent dans le dossier. Regardez, mon Capitaine … ici … et ici. Je constate d’abord que le tableau de maître est un Rembrandt, prêté par le Musée H. de Los Angeles à la victime du deuxième vol, Monsieur C., pour une durée d’un an et, d’après le témoignage de ce dernier, il devait lui-même le céder au Musée National de K., avec, je cite, « obligation de le rendre à l’institution californienne à échéance d’une année ». « Il s’agit, déclare le requérant, d’une exposition provisoire qui devait débuter en début de semaine prochaine, mardi matin à 10 heures précisément, dans l’établissement culturel de notre cité ». Or, mon Capitaine, nous sommes jeudi. L’exposition du Rembrandt est donc prévue dans un délai de cinq jours.

– Mais, malheureusement, je crains que nous devions demander aux autorités compétentes de l’annuler, Jungle. À moins … à moins que vous réussissiez à retrouver le tableau avant mardi. Je vous fais confiance.

– Merci. Autre chose, si vous le permettez mon Capitaine.

– Je vous en prie, Lieutenant.

– Je constate ensuite que l’autre dépôt de plainte, je vous l’ai déjà montré, … ici mon Capitaine, mentionne parmi la liste des objets d’orfèvrerie, somme toute peu nombreux, un joyau hors de prix. Voyez ?

– Oui, Jungle … Je lis « Collier Héra diamants et or ».

– Regardez à nouveau, si je puis me permettre mon Capitaine, le titre mentionné du tableau de Rembrandt.

– « Junon ». Oui, je saisis, Lieutenant. Il y a correspondance dans le domaine de la mythologie gréco-romaine. Qu’en déduisez-vous ?

– Je n’en sais encore rien, mon Capitaine. Je vais y travailler.

– À creuser donc. Très bien. Nous nous revoyons après votre visite à l’hôpital, messieurs. 14 heures, dans le hall ? À tout à l’heure. Vous pouvez disposer. »

Je démarre la 508 PSE. Nous quittons le Secteur 3, le Capitaine B. et moi, sans un mot, jusqu’à notre arrivée sur le parking de l’hôpital.

 

« Vous avez une place … là, Jungle. », me dit mon coéquipier, au terme de vingt minutes d’un trajet sans aucun échange de paroles entre nous. Il est presque midi. Nous entrons dans le hall de l’hôpital. « Ici, Jungle, Traumatologie, 4e étage, Porte C. » La porte de la chambre est ouverte. Au préalable, nous avons présenté nos cartes d’officiers à l’accueil du Service. Ladite porte est surveillée par deux policiers. Ils nous interrogent sur le motif de notre visite. Nous présentons à nouveau nos cartes respectives, ils nous laissent passer. L’agent de sécurité a la tête entièrement bandée ; seuls les yeux et la bouche sont découverts. Il a un bras et une jambe dans le plâtre.

« – Bonjour Monsieur. Pouvez-vous nous parler ? demande le Capitaine B.

– Oui, Capitaine. Bonjour Lieutenant.

– Bonjour Monsieur, dis-je.

– Voilà, ajoute le Capitaine, nous sommes ici pour vous poser quelques questions relatives à l’affaire dont vous êtes victime avec circonstances aggravantes. Mon collègue va enregistrer notre conversation. Allez-y Jungle. Vos collègues du Service de Sécurité et vous-même détenaient plusieurs informations notables, pour ne pas dire majeures, s’agissant des auteurs des deux vols successifs commis avant-hier et il y a trois jours. Vos collègues ont témoigné et ont reconnu les mêmes coupables d’après leur comportement, grâce au système de surveillance vidéo.

– Oui, Capitaine. Les suspects ne se sont pas vraiment méfiés car, dans les deux cas, que ce soit dans la bijouterie ou chez le collectionneur, les caméras sont parfaitement dissimulées. La tactique des suspects est la suivante : ils agissent à quatre ; deux font le guet, tenant chacun un fusil militaire, tandis qu’un troisième se poste avec un revolver devant le quatrième pour le couvrir, tandis que ce dernier dérobe les objets et les met à l’intérieur d’un sac de voyage de couleur bleu marine. Les suspects sont cagoulés jusqu’aux yeux et portent des verres fumés. Ils portent tous la même combinaison bleu marine. Ils vont très vite, entrent et sortent en cinq minutes, montre en main ; j’ai vérifié. C’est quand il n’y a personne, en l’occurrence dans la bijouterie ou même chez le collectionneur, soit entre midi et midi cinq. Ce sont là les quatre modes d’action qui justifient l’existence du modus operandi.

– Je vois, dit le Capitaine. Vous les avez bien observés. Et puis vous êtes venu témoigner, enregistrements vidéo à l’appui, auprès de nos services, ceux du Secteur 3, c’est-à-dire le secteur de la BFG. Pourquoi Monsieur ? Pourquoi la BFG ?

– J’ai mené ma propre enquête le soir du deuxième forfait, Capitaine. La bijouterie, vous le savez, est situé en front de mer, dans le port de plaisance de K. Quant à la maison du collectionneur, elle se trouve à 200 mètres de ce commerce, plus au nord, proche de l’hypercentre. Vers 23 heures, le soir du vol du Rembrandt, après que nous avons fait le point avec mes collègues sur le modus operandi, je me suis assis à la terrasse d’un café, « Le Rendez-Vous », vous connaissez Capitaine, pour boire une bière, puis j’ai marché le long des quais me disant « sait-on jamais, mon gars ». Excusez-moi, Capitaine, je parle encore sous le coup de l’émotion. Mais oui, je les ai vus. J’ai vu le bateau, j’ai reconnu la combinaison sombre de l’un d’entre eux. Ils étaient bien quatre. Je me suis posté devant, à peine une minute, Quai 7, pourtant on m’a vu. Je suis reparti aussitôt, comme si de rien n’était, mais c’était trop tard.

– Ils vous ont suivi et ce jusqu’à votre venue dans nos locaux, le lendemain, pour procéder à la déclaration. À la suite de quoi …

– Oui, Capitaine, un véritable lynchage. Je n’ai rien vu venir. Là encore, entre midi et midi cinq, quand il y a peu de personnes dans le hall du Plaza.

– À coups de battes de baseball, c’est cela je crois.

– Oui, Capitaine.

– Je vous remercie, Soldat. Nous reviendrons vous voir, prendre de vos nouvelles. Soyez rassuré, nous les aurons …Une dernière question, Soldat, avant que nous partions …

– Oui, Capitaine ?

– Leur bateau ? Vous confirmez que c’est un Pardo ?

– Affirmatif, Capitaine.

– Je vous remercie, Soldat. »

Je termine l’enregistrement. Nous saluons l’agent de sécurité et rentrons à la Base.

– Jungle, qu’en pensez-vous ? me demande le Capitaine B. sur le chemin du retour.

– Il dit strictement la vérité, Capitaine. Je le crois.

– Oui, je le crois aussi. Mais je pense qu’ils sont déjà à plusieurs nautiques de K., déjà loin, à cette heure.

– Je le pense aussi, mon Capitaine.

– Un Pardo …

– Oui, Capitaine, un Pardo.

– Cela dit, nous avons une super vedette à la BFG.

– Oui, la vedette équipée du V 12 Verado.

– Bien, Lieutenant. »

Je gare la 508 PSE sur le parking du Secteur 3. Il est 13 H 15. Nous allons nous restaurer au mess, le Capitaine B. et moi. Nous dégustons un bon steak frites sauce au poivre, suivi du dessert : le gâteau basque, une spécialité du Chef ; un café, l’addition. 14 heures. Le Capitaine H. nous reçoit dans son bureau. Le Capitaine B. fait la synthèse de notre visite à l’hôpital auprès de l’agent de sécurité blessé. Je passe ensuite l’enregistrement de l’entretien. Le Capitaine H. reprend la parole, nous disant : « Il faut déployer les Forces de l’Ordre sur l’ensemble du territoire. Nous devons les trouver.  Ils ont quitté K. hier à 13 H, d’après les informations que m’a donné la Capitainerie. J’ai contacté la surveillance aérienne. Nous devons patienter avant d’intervenir. Vous pouvez rentrer chez vous, Messieurs. Tenez-vous prêts toutefois. »

 

Il est 5 PM quand je rentre chez moi. Je revois le dossier, le témoignage de l’agent de sécurité notamment. Puis, en relisant la liste des objets volés, objets précieux s’il en est, je cherche à m’expliquer le mobile des vols. Les objets sont invendables mais ils peuvent être échangés, dans le cadre d’une association de malfaiteurs, contre des sommes d’argent exorbitantes pour servir le financement de quelque projet. Le nom de la déesse Héra / Junon se présente alors à mon esprit comme un mot-clé. Le joyau et le tableau de maître sont hors de prix, nous l’avons vu, mes collègues et moi. Les deux œuvres réunies ont une valeur financière qui dépasse 400 millions d’euros. Selon la mythologie, la déesse vit sur le Mont Olympe. Elle est l’épouse de Zeus / Jupiter. Son caractère est souvent marqué par des accès de jalousie, ou même de colère. Ses symboles sont le Mariage et la Fécondité. Ses attributs … je consulte le dictionnaire. Cinq minutes suffisent. J’appelle le bureau du Capitaine H. Elle décroche.

« – Allô ? Oui, Jungle ?

– Je connais un endroit où vit le coucou gris et où foisonnent les grenadiers. Il s’agit d’une petite île au nord-est dans l’océan. L’île du Rhinocéros, du nom du premier galion qui y accosta au XVIIe siècle. Je m’y suis déjà rendu. Les pêcheurs de mon village surnomment cette île «  El Faro de Júpiter », « Le Phare de Jupiter », je ne savais trop pourquoi jusqu’à présent. Je ne m’étais jamais posé la question. Je commence à comprendre. De magnifiques villas avec jardins luxuriants et fleuris y sont construites. Cette petite île prévient des dangers, de fait, que représentent les forts courants dont elle est entourée. L’océan, lors des jours de tempête, peut former près de ses rivages d’énormes tourbillons. Plusieurs se sont avérés fatals aux marins.

– C’est en somme, Lieutenant, la Charybde de notre région.

– Exactement, mon Capitaine. L’île est protégée par ces très forts courants. Mais …

– Mais, Lieutenant ?

– Il est vrai que c’est une île paradisiaque.

– Je le vois sur la carte, Lieutenant. L’île du Rhinocéros, avec son pic rocheux culminant à 800 mètres d’altitude, nommé « Le Glaive ». En effet. N’y aurait-il pas des bancs de requins aussi, dans les parages de l’île.

– Affirmatif, mon Capitaine. C’est ce que confirment les pêcheurs de mon village.

– Bien, je vous attends ce soir 19 H, Jungle, dans mon bureau. Opération de Nuit. Je préviens le Commandant N. du Groupe d’Intervention. À tout à l’heure. »

 

6, 30 PM. J’amarre mon bateau au quai de la Base. 6, 45 PM, je suis dans le bureau du Capitaine H. 

« – J’ai vérifié vos informations dans le détail, Jungle, me dit cette dernière. Après votre appel, j’ai demandé à l’aéroport militaire d’orienter la surveillance vers l’île du Rhinocéros. Le Pardo y est effectivement ancré, sur un canal intérieur. Tenez, voyez la photographie prise par un des membres de l’équipage.

– Oui, Capitaine. Cela nous situe au bord de cette villa, ici … le toit en terrasse avec piscine, n’est-ce pas, Capitaine ?

– Exactement, Lieutenant. Donc, vous l’avez compris …

– Nous sautons.

– Oui, cela évitera de vous confronter au barrage des courants très violents qui sévissent en cette saison des pluies. Néanmoins, une vedette est déjà sur place à cette heure. L’équipage de deux zodiacs V 8 est prêt à intervenir, six hommes au total. Ils ont reçu l’ordre de vous ramener après l’Opération. S’agissant du saut de nuit, l’avion est prêt lui aussi. Il décolle dans à peine un peu plus d’une heure. Voyez, le Soleil est déjà couché. Vous êtes cinq à sauter : les collègues que vous connaissez, à savoir le Sergent T. et le Capitaine B., deux membres du Secteur 5, celui des Commandos Parachutistes, et vous, Jungle. Vous êtes un peu en avance. Ils seront là dans cinq minutes. »

 

À 7 PM, nous sommes tous les cinq réunis face au Capitaine H., qui prend immédiatement la parole : « Bonsoir, Messieurs. Opération de Nuit. Je vais vous demander en premier lieu de revêtir votre tenue et l’équipement nécessaire dans la Salle de Garde. On vous largue ensuite à 33 000 pieds. Je vous confie le plan de vol du Falcon, chacun une photocopie. Tenez … tenez … tenez … tenez … tenez … Je vous revois dans la Cour d’Honneur. Le Brigadier-Chef R. vous accompagnera jusqu’à l’aéroport. Vous décollez dans 55 minutes. Vous avez donc dix minutes. À tout de suite. »

 

À 7,15 PM, nous nous retrouvons au garde-à-vous devant le Capitaine H. qui nous donne les dernières instructions. Puis : « Bon courage, Messieurs. À tout à l’heure. » Le 4x4 banalisé conduit par le Brigadier-Chef R. est à l’arrêt dans la zone prioritaire de l’aéroport, à 7, 40 PM. 8 PM, nous décollons à bord du Falcon. Silence. Je regarde à travers les verres à écran numérique de mes lunettes. Je suis calme, très calme, à l’image de mes six frères d’armes, pilote et copilote inclus. 8, 29 (+ 30 secondes) PM. Au signal du copilote, le Capitaine B. prend la parole : « 30 secondes, Messieurs. On se retrouve au bord de la piscine …10 secondes … 5, 4, 3, 2, 1 … C’est parti, Messieurs. »

Je suis dans l’air, telle une note de musique. Notre chorégraphie est simple : le plongeon vertical, stricto sensu, jusqu’à l’ouverture du parachute ; cela demande beaucoup de travail. Je consulte mon chrono et son altimètre. 5 minutes exceptionnelles de chute libre. À 1000 mètres au-dessus de la cible, nous ouvrons nos parachutes. Il est 8, 45 PM quand nous posons les pieds au bord de la piscine de la villa suspecte. Je regarde autour, une table est mise pour l’apéritif. Personne. Nous entrons à l’intérieur. Télévision allumée et chaîne HI-FI diffusant du Rock dans l’immense séjour. Le Capitaine prévient un homme et procède au premier tir de sommation. Une femme pousse un cri depuis le canapé, part en courant. J’exécute un deuxième tir de sommation. Trois hommes n’obéissent pas, dégainent et tirent sur nous. Je fais signe derrière moi en descendant l’escalier : le Sergent T. remonte en quelques secondes, se met en place sur le toit à son poste de tireur d’élite. Il tire à deux reprises, deux hommes s’écroulent dans l’escalier. Je mets en joue le troisième homme, pendant que le Capitaine B. le désarme et lui demande de le mener vers le quatrième complice. Mais ce dernier fut maîtrisé par les deux Commandos de notre équipe, le Sergent V. et le Lieutenant K., descendus en rappel contre la façade de 30 mètres, pour parer à toute tentative de sortie par l’entrée principale. Les deux Commandos l’encadrent. Ils lui ont passé les menottes aux poignets. Les deux suspects que le Sergent T. toucha ne sont que blessés. Les six hommes du renfort naviguant sont déjà là. Ils nous signalent la présence du Rembrandt et du joyau d’orfèvrerie dans le coffre du propriétaire, après l’avoir ouvert avec précaution. Le Commandant N. nous salue.

Il dit : « Messieurs, c’est du bon travail. La situation est totalement sous contrôle. Il est 9, 10 PM. Opération de Nuit réalisée en 25 minutes. Nous ramenons les quatre coupables à bon port. Je vous invite à revenir avec nous, comme prévu. »

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