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montagnes

PUBLICATIONS LXX

Philosophie

Côte rocheuse

JEAN-MICHEL TARTAYRE

 

 

 

 

PROPOS D’ART JUNGLE

Notions autour de la poésie

 

 

 

 

Philosophie

 

 

 

 

 

 

 

L’écriture est joie. J’en prends la mesure à l’occasion de ces quelques jours de repos que l’on m’accorda. Je suis au fait de l’inspiration du moment dès lors que m’anime l’idée d’écrire. Le contexte en est toujours favorable, dans la mesure où il est d’abord musical et floral. D’idéales voix convoquèrent la plume qui, à son tour, me conduit sur la voie des signes. Telle réflexion prend forme, sans aucune contrainte extérieure. Je suis chez moi, en ma demeure, cultivant la dynamique du bonheur d’être à soi ; par conséquent, sous les ordres de raison. Cette dynamique se suffit à elle-même et nul ne peut la contraindre sitôt que j’ai décidé de la suivre.

 

La Montagne-qui-parle est le paysage auquel je me fie et que je regarde, de même que mon jardin se présente comme motif qui m’oblige, ce avant l’envol de la plume. Aujourd’hui, il pleut. Mon confort intérieur, où dansent et vont les notes en parfaite harmonie, constitue le cadre d’une réflexion précisément autour de la poésie.

 

De fait, je ne peux concevoir le bonheur sans l’agrément que propose la poésie. Il s’agit en ce cas d’offrir, tourné vers la plume chaque signe comme corolle au Soleil. Cette orientation significative nécessite rigueur extrême de ma part, étant donné que je participe de la parole inspirée, accordée par l’Instance dont le Chœur des Muses s’avère le Siège. On me fonda dans l’existence au titre d’être doué de parole et la constante m’est due d’en demeurer digne : je ne trahirai jamais la confiance que l’on m’accorda. Je suis et resterai voué au Chœur des Muses. Tenir parole s’inscrit dans le code d’honneur qui fonde mon engagement au service de la République Française. La parole est naturellement orientée vers la lumière, je me dois de lui rendre grâce par le fait du bonheur qu’elle me dispense tous les jours, par le fait du sentiment de dignité qu’elle convoque dans l’exercice de mon métier, au contact de mes sœurs et frères d’armes.

 

Tenir parole consiste à ne pas errer. Il s’agit au contraire de se fixer sur la constante du silence, d’où peuvent apparaître les signes et ce dans le cadre infrangible de Raison. L’essentiel de la posture, en l’occurrence, demeure notre volonté créative. On ne forcera pas la créativité. On n’empêchera pas la créativité. On pourra la suggérer. Mais la créativité naît d’abord de soi, grâce au renfort des sens. La suggérer y ajoute.

 

Ce matin, par exemple, j’avais déjà en moi l’idée de suivre le cours de cette réflexion sur la poésie. Ce n’est que plusieurs heures après cette émergence, au moment du déjeuner, tandis que nous dégustions, le Capitaine B. et moi, le verre de Chianti et la pizza royale aux truffes, champignons de Paris, jambon, olives noires et parmesan, dans le restaurant 3 étoiles « Trésors culinaires » du Chef L. que me revint le désir de reprendre cette écriture débutée avant-hier. Le Capitaine B., qui m’invita ce jour, me parla de création en termes d’économie.

 

« Vous savez, Jungle, me dit-il alors, je ne peux concevoir l’Art sans la notion d’économie. Composer implique nécessairement équilibrer. De même que cette pizza royale bénéficie de l’agrément du verre de Chianti – ce pourrait être aussi le Gamay ! – selon l’ordre du goût, de même le texte ou le tableau font sens lorsqu’ils se situent au degré optimal. »  

 

De retour chez moi, la dynamique de l’Essai me saisit en effet à nouveau et naturellement j’écris. Le vocable du propos est poésie. Que veut-il dire ? Étymologiquement, il provient de ποιεῖν, vocable du grec ancien qui se traduit en langue française par « faire », « produire », « créer ». À ce vocable, la plume s’accorde nécessairement pour s’envoler vers le Chœur des Muses, qui décide quant à lui ce qu’il en est de mes actes et de ma parole. Mon existence en dépend. Que ce soit au cours de chacune de mes missions ou devant la page, lorsque je rédige, mon existence est soumise à la décision de l’Instance, du Chœur des Muses. Je la crains définitivement et c’est heureux. Car mon bonheur est dû. Ma volonté donc rejoint et s’inscrit dans l’État incontournable de Conscience qui me vit naître à mon existence d’être humain, de sujet pensant et agissant, de personnalité juridique ; constante enfin, où je demeure par nature et, par nature, n’agissant que sur ordre de l’Instance, de sa Grâce, de la Raison Nôtre fixant le degré d’équilibre, de bien-être.

J’agis en poète quand je bâtis, écris, applique les lois de la République Française ; c’est-à-dire, à chaque instant de mon existence. Je doit s’entendre Nous, de jure, sans appel. Nous avançons selon l’ordre instantané du Poème. On l’édicta, on le réalisa, de temps immémoriaux. On, soit impérativement Le Chœur des Muses, à qui je rends grâce.

 

Je suis bien dans ma vie et dans mon époque. Je me sens bien dans ma vie et dans mon époque. On m’y fonda à titre de veilleur, je veux dire d’être humain conscient de soi. J’ai des devoirs et des obligations par conséquent. Tôt, on m’y éduqua. Mon statut de veilleur est une grâce que je dois au Chœur des Muses. Il me forgea à l’idée de Nature. Le poème est son miroir. J’y ajoute par moment des rythmes sur le mode du vers ou de la prose, car je suis au fait de la plume, à laquelle on les confia. Le poème est sa liberté. J’y ajoute par moment des rythmes sur le mode du chant, du propos ou du compte-rendu d’une journée, d’une enquête. Tôt, ordre me fut donné d’agir au service du Bien. La Raison Nôtre m’y engagea. J’engageai, par conséquent. Mes sœurs et frères d’armes me portèrent, me portent, sur cette voie par leur écriture, leurs poèmes respectifs, leur exemple, leurs actes absolument irréprochables, car mes sœurs et frères d’armes m’aidèrent, m’aident, à bâtir les fondations de mon existence ; et mes sœurs et frères d’armes me transmirent le Code d’Honneur qui fonde mon existence. Mes sœurs et frères d’armes participent de l’Instance de mes jours et de ma veille. Pierre est la nuit. Étant donné enfin que le Poésie ne peut s’entendre sans l’Instance, à la Justice, je rends grâce.

Table de café de plage
Peinture grecque

JEAN-MICHEL TARTAYRE

 

 

 

 

PROPOS D’ART JUNGLE

Notions autour de la poésie (II)

 

 

 

 

Philosophie

 

 

 

 

 

Je puis concevoir l’impact fulgurant des émotions à ne pas considérer la gravité qui dicte. Cet état des choses, la gravité, comprend des notions qui sont autant de vertus. Mes actes en dépendent. Écrire, agir, impliquent cette considération de l’effacement au profit de soi. L’exigence en pareil cas tient au fait de ne pas s’écouter parler, de ne pas se regarder écrire, agir. Dans le cas contraire, celui de ne pas répondre favorablement à cette exigence, je suis dans l’errance. Aller de l’avant nécessite la fixité du regard sur le jour.

 

Le thème autour duquel il m’est encore aujourd’hui donné de réfléchir est la poésie. Il m’est dû de le considérer avec gravité. À titre d’exemple, pour introduire un tel propos, je choisis la rencontre. Écouter la personne qui s’adresse à vous s’inscrit naturellement dans le cadre de l’échange de paroles. Il s’ensuit ou pas l’évocation, grâce au souvenir du moment qui peut ou non s’actualiser sur le mode du texte ou du tableau. Cet après-midi, il y a une heure, tandis que je regardais la Montagne-qui-parle sous la pluie derrière la vitre de la fenêtre de mon séjour, le propos m’engagea à rejoindre ma table de bureau pour écrire. L’idée du poème m’était venue au souvenir d’une discussion avec une dame artiste qui me reçut dans sa loge par bonheur et dont la grâce m’oblige. « Nous sommes amenés à nous revoir. Ce sera dans mon bureau, avant votre prochaine mission. Pour la série de tests. Oui, s’il vous plaît, vous pouvez fermer la porte en partant, Lieutenant Jungle. » Je suis au fait de la plume maintenant, à laquelle le Chœur des Muses confia ses rythmes, ses signes.

 

Je l’avoue : j’aime cette dame et c’est sans narcissisme aucun, car je crains sa gravité à l’écouter me parler et à la regarder les yeux dans les yeux avec le plus grand respect. Elle s’inscrit parfaitement dans l’ordre de la poésie ; d’abord, à titre de Femme, ensuite parce qu’elle m’honora de sa présence au titre, en l’occurrence, de danseuse de grand talent. Je n’en suis pas esclave, sa gravité me maintient à distance et me protège. Elle ne m’appartient certes pas, c’est absolument inconcevable. Je ne lui appartiens pas. Mais elle éclaire ma vie et peut m’inspirer. Ces trois jours de congés s’avèrent en effet un contexte favorable à l’Essai, à la Poésie. Je reprends le travail demain. Aujourd’hui, il m’est loisible de poursuivre le propos déjà exploité dans une première partie.

 

Ainsi, l’une des notions fondamentales qui portent la poésie est l’inspiration. La dame à qui je fais référence est une personne et, à ce titre, elle est digne du respect suprême. Le Chœur des Muses est son privilège et sa défense, l’entité qui me tient à ma place au pied de la Montagne-qui-parle. Autre notion que la poésie convoque : la sincérité. Je ne pourrais jamais écrire un poème si ce que je dis n’était pas de moi, ne provenait pas de soi. Le Chœur des Muses m’oblige nécessairement et il est l’Instance. L’Instance dicta à la plume. Je me tiens sur le seuil de la page, la plume transcrit l’ordre de l’Instance. Moi-même participant des rythmes. La sincérité est le gage de mon service de veilleur auprès de la dame et, par extension, auprès du Chœur des Muses. La troisième notion qui m’apparaît révélant le vocable poésie est la fidélité. Je suis fidèle à la beauté et à la grâce de la dame, comme je suis fidèle à soi. Incorruptible.

 

L’engagement ne peut s’entendre que dans le cadre de son alliance avec cette notion de fidélité, alliance que l’on forgea près le Chœur des Muses et notion, à l’image des deux notions précédemment nommées, qui est vertu. Je sers la dame par Raison Nôtre, qui tôt m’engagea, au service du Bien par conséquent.

JEAN-MICHEL TARTAYRE

 

 

 

 

PROPOS D’ART JUNGLE

Notions autour de la poésie (III)

 

 

 

 

Philosophie

 

 

 

 

 

 

 

 

La conscience de soi implique l’effacement au profit de la clarté d’un propos. Je pense au propos qui m’occupe ces derniers jours, celui de la poésie. Les notions animant un tel concept s’organisent autour de la parole évocatrice fondée sur l’harmonie sonore. Comme l’art musical, l’écriture du poème propose des rythmes.  On la met en voix, on la chante.

 

Le mot s’inscrit dans ce genre littéraire à titre d’unité de sens transportant une partie rythmique considérable par le fait de son indissociabilité eu égard à l’ensemble. Il peut être mineur ou majeur, telle la note d’accord, et s’entend ainsi que la ligne de relief éclairante, significative pour l’esprit de la lectrice ou du lecteur. Le mot s’offre comme la fleur. Le mot sert l’intention du poète en l’occurrence. L’intention est par conséquent vocable synonyme de célébration. Je dis la beauté du monde, je dis la merveille, je célèbre. 

 

La poétesse est sujet et objet de la célébration. Elle incarne la célébration. La poétesse est la Muse siégeant aux trônes du Chœur. Je lui suis redevable. Je lui serai toujours redevable. Lorsque j’écris, je compose un bouquet à l’intention de la poétesse. Je ne reviens jamais sur moi-même ni sur l’intention qui m’anime quand j’écris. Un poème est acte qui m’oblige. J’ai l’intention d’offrir à la dame : je dépose le bouquet à ses pieds, je m’en vais. Je ne me retourne pas. J’engageai. Les Vertus, tôt, me sollicitèrent car je les admirais ; tôt, elles m’engageaient donc à les servir. Et à les servir, l’idée du poème naturellement ajouta avec bonheur.

 

La rencontre de la poétesse doit à cet égard se concevoir tel l’actant destinateur de mon existence, de mes devoirs et obligations de soldat dans la circonscription de K. Je suis d’une hiérarchie qui elle-même sert les valeurs de la République française, la hiérarchie des Vertus. Je ne reviens pas sur moi-même, je ne reviens jamais sur moi-même. La posture contraire aurait des conséquences nocives parce qu’elle relève exclusivement de l’imagination. Mon existence, je l’entends due, à la mémoire de nos Anciens, à l’instant où la poétesse m’ancra, l’instant du bonheur que Raison conduit. J’écris, j’agis, j’aime dûment. La poésie mobilise mes sens à écrire cela, à le dire, à considérer ma demeure, la Montagne-qui-parle, la Forêt, le Grand Fleuve, l’Azur. Au-delà, mon existence au quotidien, parmi mes sœurs et frères d’armes, justifie le contact avec la plume.

 

Le quotidien appartient en effet à l’écriture, soi parmi les signes, soi-même signe et moi-même au service de la poétesse dès l’envol de la plume à destination du Chœur des Muses. Mes vœux vont à la sphère poétique ποιεῖν , où « faire », « produire », « créer », demeurent notions à suivre, à réaliser. L’inspiration leur est indissociable. Je ne reviens jamais sur moi-même, il est juste d’affirmer que personne ne me forcera à prendre la décision contraire parce que je tiens ma garde, en ce cadre où Raison m’intima l’ordre de rejoindre lesdites notions, engageant de fait pour Nous, craignant la poétesse qui m’éveilla depuis son degré d’Absolu.

Femmes multiculturelles

JEAN-MICHEL TARTAYRE




PROPOS D’ART JUNGLE
Notions autour de la poésie (IV)





Philosophie



 

 

 

 

 





S’affranchir de toute passion demeure un commencement dans le projet d’écriture. La notion d’Essai se conçoit dès lors grâce à la posture humble que cette idée d’affranchissement exige. Je dois être humble devant la page jusqu’à disparaître aux rythmes confiés dont la plume est seule destinataire. On la convoqua près le Chœur des Muses sitôt que le projet d’un propos m’apparut quand je posai mon regard sur la Montagne-qui-parle et sur mon jardin, où la pluie en cette saison s’observe fréquemment et nourrit l’arbre, la plante. Pierre est le jour.

Le propos, tel le leitmotiv, revient à la pensée qui m’occupe en ce moment avec pour objet le thème de la poésie, ποιεῖν. Je ne force pas l’inspiration en l’occurrence. Je suis un mouvement, à l’orée. Il m’est dû de ne m’y projeter pas, ni avant, ni après, mais de m’ancrer dans l’instant de la rythmique nouvelle en accord avec le sens du vocable prosodie

La poétesse décide et je l’écoute, car au poste de veilleur elle m’assigna. Voix de l’Instance siégeant près le Chœur des Muses, elle désigna ma place au pied de la Montagne-qui-parle, proposant des métriques et en disposant selon. J’écris sans hésitation sitôt que la mesure est donnée pour réaliser la formule sur le mode de la figure, sur le mode des accords musicaux. J’écris en me tenant sur le seuil, veillant à la bonne organisation du procès syntaxique dont la voix de la poétesse instamment dispose, grâce au ressort de la plume confidente, sur la page. Je m’en tiens à ma fonction d’actant sujet que l’amour anime. 

Je crois que la poésie ne peut s’entendre sans amour et sans respect de soi. 

Je nous revois elle et moi au cours d’un déjeuner au mess. Le Chef et sa Brigade nous proposèrent la saucisse de Toulouse grillée au feu de bois et sa purée de pommes de terre, plat du jour qu’ils assortissaient d’une bouteille de Nuits-Saint-Georges. Le poème s’installa alors naturellement à regarder mon interlocutrice, à l’écouter. Je la retrouvais après l’événement de la rencontre dans sa loge d’artiste.  
« – Je vous revois en d’autres circonstances, Lieutenant Jungle. Notez que notre prochain rendez-vous a lieu dans deux semaines. 
– Je sais, Madame. 
– Ce Nuits-Saint-Georges convient. Qu’en pensez-vous ?  
- Tout à fait, Madame. »

Je ne la regardais pas, je la contemplais. Elle était la poésie qui parlait. Elle est le poème qui m’inspire et l’abnégation que le poème commande. Mes sœurs et frères d’armes le savent, qui écrivent et répondent favorablement à l’appel de l’abnégation. Elle était, elle est, la Vertu présidant la Table, sise sur son trône et siégeant parmi les trônes. Chacun de ses mots est une note florale qui ajoute au bouquet dont elle me fait honneur en m’adressant la parole. Et sa parole me fonde au titre de veilleur. Elle est l’ordre de Raison, le rythme des alliances harmonieuses entre notes musicales et florales, le rythme des nuances de l’or invitant les gemmes, l’infrangible loi que je sers, celle de l’intégrité au nom des valeurs propres à l’Éthique. Nous sortions du mess, elle me dit : « Vous m’avez fait rire, Lieutenant. »








 

JEAN-MICHEL TARTAYRE

 

 

 

 

PROPOS D’ART JUNGLE

Notions autour de la poésie (V)

 

 

 

 

Philosophie

 

 

 

 

 

 

 

La poésie existe grâce aux valeurs fondamentales qui la fondent et qu’elle transmet : l’inspiration, la sincérité, la fidélité. La poésie m’apparaît selon le motif de l’arabesque, naturellement. D’un mot à l’autre, d’un rythme à l’autre, la constante significative du mouvement de plume établit des champs. Ces champs sont à la fois chromatiques, floraux, sémantiques et musicaux. Lorsque je lis un poème, je participe du chant et des champs autour desquels il s’organise. La voix est d’abord silencieuse, c’est-à-dire contenue par les signes sur telle page, avant que je ne décide de la porter quand l’obligation de la scène l’exige. La voix tue est celle de la poétesse, je l’entends et la plume s’envole. Dès lors, on me dicte où l’on m’assigna, à mon poste de veilleur. Sur le seuil je demeure en effet. Dès lors, il se peut qu’on me propose de chanter après avoir écrit au service du Chœur des Muses auprès de quoi travaille la poétesse. Car la poétesse est Dame près le Chœur des Muses.

 

Il m’est dû de veiller au bon déroulement du procès en cours, dont la prosodie se réalise selon les rythmes de l’arabesque. Sans fantôme aucun, ni complexes. Je me tiens devant la Porte d’Apollon et n’entre pas. La plume, que je sers à titre d’écrivant, est seule habilitée à prendre note du chant et, parce qu’elle pratique la voie des airs, elle est de la nature du chant. Je suis les mouvements qu’on lui dicta et m’apparaît ce motif essentiel : l’arabesque, indissociable de la dimension musicale à laquelle on me voua. Je côtoie donc par bonheur ces champs qui constituent l’horizon de la Porte d’Apollon. Ils se fondent aux quatre éléments et de cette suprême alliance naissent le concept floral, l’absolu de parfum. Je parle d’un palais en l’occurrence. Je n’en connais pas le lieu, car je me tiens sur le seuil de la Porte, soit loin, où l’on m’assigna ; c’est-à-dire au pied de la Montagne-qui-parle. Et mon jardin suffit, qui est motif de l’inspiration souvent. Au-delà est l’arabesque, le domaine de la plume promise par l’Azur à emprunter la promenade des nuages et à œuvrer près le Chœur des Muses.

 

Le Capitaine B. me disait hier à Midi, au mess, tandis que nous dégustions la paëlla valenciana que nous proposèrent le Chef cuisinier et sa Brigade :

« Vous écrivez sur la poésie en ce moment, Jungle ? C’est bien. Pour ma part, je considère le genre gravement. Il demande une approche sérieuse. D’ailleurs, il va de soi que l’écriture ne va pas sans la gravité. Gravité est notion intrinsèque à l’écriture. Vous me parlez d’Essai, Jungle. Oui, il m’arrive d’en faire. Je vais à l’Essai comme je vais à table. J’entends que la proposition soit réussie, Jungle. Cette paëlla valenciana par exemple satisfait au goût, a fortiori de retour de nos quatre jours de mission en forêt passés à nous nourrir exclusivement de l'eau des rivières ou des ruisseaux, n'est-ce pas ? Oui, la proposition est réussie. Le Chef et sa Brigade m’ont convaincu. Aller à l’Essai suppose d’abord le projet. L’Essai est le But. Et la proposition nécessite qu’on puisse en disposer de façon optimale, soit avec économie. Le projet qui prend forme se doit d’être significatif, efficient. Vous et moi avons l’expérience du Génie, Secteur 4. Je pense ici notamment, vous l’avez compris, à la construction. Le projet de construction convoque les idées d’épaisseur, d’isolement et de solidité. En d’autres termes, j’avance avec modestie et donc, gravité. Le résultat doit à cet égard être exact sur le plan du rythme. L’inspiration naturellement crée le rythme adéquat et, pour ce faire, je garde toujours confiance en moi. Pensez à me faire lire votre propos, Jungle. C’est intéressant. »

 

Garder confiance en soi ; oui, le Capitaine m’y exhorte fréquemment par sa façon d’être et de parler dès que nous sommes l’un et l’autre sollicités dans le cadre d’une enquête, dès que nous nous retrouvons autour d’une bonne table. Lorsque j’écris, je forge. Proposer l’idée du chant, associée au concept de poésie, nécessite la considération pour le chantier, la réalisation d’une écriture qui répond au projet ποιεῖν : « faire », « produire », « créer ». Le poème se comprend telle l’étude et la poétesse siégeant près le Chœur des Muses en dispose dans le cadre éclairant de son bureau attitré. Le lieu du Poème est le Palais Craint. L’or et les gemmes unifiés révèlent les rythmes de la merveille autour du motif de l’arabesque.

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Éditeur : Jean-Michel Tartayre

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