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Chroniques - polars

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Peter Falk

Je ne suis jamais seule ni totalement abandonnée, du moment qu’il y a des livres.

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Madeleine Chapsal

Je ne suis pas ce qui m'est arrivé, je suis ce que je choisis de devenir.

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                  Carl Gustav Jung

Romans policiers, romans noirs : Raison d'un choix de lecture, d'un choix d'ordre générique.

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Un texte de Jean-Michel Tartayre

et illustré par Monsieur Jean-Claude Claeys.

    Ces ouvrages fondent véritablement ma compréhension de la société, du moins par l’ouverture qu’ils en présentent. Leurs thèmes traitent du racisme, des rapports de force qui peuvent exister au sein même de la Police sur le plan hiérarchique, entre les agents, les inspecteurs et l’autorité politique, de l’action – le génie pourrait-on dire – liée à la filature d’un ou des délinquants, de la mise en valeur des anti-héros, des flics eux-mêmes qui frôlent les limites de la délinquance, et des infiltrés.

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    Je crois que ma lecture du genre policier – ou polar – fut, il y a plusieurs années, une vingtaine d’années environ, motivée par une enfance où le jazz eut une grande influence.

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    Ce fut d’abord et surtout James Ellroy, puis les classiques américains tels Dashiell Hammett, Raymond Chandler, William Riley Burnett, les principaux acteurs de la hardboiled school dont le magazine Black Mask fut le point névralgique de leurs travaux.

 

    Il y a aussi Chester Himes, qui m’a fasciné au début, et me fascine encore, par sa description « sauvage », complètement libérée, du Harlem des années 1940-1950 avec ses deux fameux inspecteurs de police Coffin Ed Johnson et Grave Digger Jones.

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    Et, dans tout cela, j’ai beaucoup de mal à dissocier l’écriture du polar de ce que l’on voit ou entend dans les médias – les actualités – ou au cinéma – parce que c’est une réalité. Je pense que c’est cela qui m’attire : le réalisme du genre. Une notion par ailleurs que je m’efforce de respecter moi-même dans mon écriture ou dans la vie de tous les jours. Dans le cas contraire, il me serait impossible d’avancer. Je ne peux d’ailleurs disjoindre – par cette notion même – le genre poétique du genre policier. L’écriture est prise de conscience du réel et c’est elle, associée à la lecture, qui m’a par exemple orientée vers de nombreux styles de musique mais aussi vers la peinture. Jean-Michel Basquiat, en particulier, dont j’admire sincèrement l’œuvre.

    Lire Basquiat c’est comme lire un grand roman policier ou un poème d’Aimé Césaire, ou encore une composition de Miles Davis. Basquiat confond tous les genres. J’y retrouve le New York de Chester Himes, de Woody Allen et de Jerome Charyn.

Jean-Michel Tartayre

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Miles Davis, Kind of Blue, 17 août 1959 - YouTube

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Canon photos

Une mort en rouge Broché – 12 mars 1996

de Walter Mosley (Auteur), Gabrielle Merchez (Traduction)

Ezechiel Rawlins est occupé par des affaires relatives à l'entretien de plusieurs immeubles dont il est propriétaire, non loin du quartier de Watts, dans Magnolia Street.

Lors d'une visite à Poinsettia Jackson pour demander le règlement du loyer, celle-ci se plaint de ne pouvoir satisfaire à ses obligations de locataire. Mofass, l'administrateur du quartier, refuse d'entendre ce défaut de paiement accumulé depuis plusieurs mois déjà et menace de l'expulser. Malgré les efforts auxquels s'emploie Rawlins pour temporiser la tension de plus en plus pressante qui oppose les deux plaignants, Mofass refuse catégoriquement d'écouter les arguments de Poinsettia : "La grosse voix de Mofass résonnait dans l'escalier. Puis vinrent les braillements de Poinsettia. [ ... ] Bientôt Poinsettia serait à la rue et le soleil du matin entrerait dans une cellule, en prison."

À la suite de cet incident, Easy Rawlins reçoit une lettre de l'administration fiscale qui lui annonce qu'elle engage une procédure de contrôle pour absence de déclaration de revenus de sa part durant une période de plusieurs années.

Quelque temps après, au terme de maintes négociations avec le contrôleur et grâce à l'aide de l'Agent Spécial Darryl T. Craxton, Ezechiel parvient à éviter la prison. Néanmoins, un drame survient, qu'il ne pouvait pour cette raison prévenir, à savoir la mort de Poinsettia Jackson, a priori un suicide : "Une fois les ambulanciers partis, je me retournai et vis Poinsettia pendue là." Une enquête difficile l'attend dès lors : Poinsettia s'est-elle pendue ? ou l'a-t-on obligée ? et qui, dans ce dernier cas ? ("Qu'elle se soit suicidée ou qu'elle ait été assassinée, c'était une mort brutale, inutile.")


 

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Détails sur le produit

  • Éditeur ‏ : ‎ Points (12 mars 1996)

  • Langue ‏ : ‎ Français

  • Broché ‏ : ‎ 300 pages

  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2020259893

  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2020259897

  • Dimensions ‏ : ‎ 110.1 x 1.8 x 18 cm

Au demeurant, ce roman de Walter Mosley relate une affaire de plusieurs meurtres commis dans les quartiers afro-américains de Los Angeles durant les années 1950, une période où sévit le maccarthysme. La dimension socio-historique de cette oeuvre est très prégnante. L'auteur sait avec génie décrire et faire ressentir à son lecteur le climat répressif qui régnait alors. Son héros, Easy Rawlins, subit lui-même, non sans violence, la politique menée à Los Angeles, cité où il réside, au moment où l'Administration décide de dénoncer son défaut de déclaration de revenus et de l'emprisonner. Plusieurs membres de sa connaissance, de ses relations, vont être assassinés parce qu'ils sont africains ou communistes. Ce livre est enfin une oeuvre critique, que la fiction sert magistralement.

 

Présentation de l'éditeur

 

Ezekiel Rawlins, personnage fétiche de Walter Mosley, est une figure du quartier noir de Los Angeles. Il fait partie de ces détectives indulgents vers lesquels on se tourne lorsqu'on souhaite éviter l'aide de la police. Fraudeur sympathique, il a toujours su s'adapter aux circonstances. La variété de ses talents finit malheureusement par attirer l'attention d'un agent du FBI. L'époque de la chasse aux sorcières commencera pour lui de manière plutôt déplaisante : le voilà contraint d'infiltrer un syndicat fantôme et de se rapprocher d'une église baptiste africaine. Le temps des petites entourloupes et des escroqueries familiales semble révolu.
 

La Voie de l'ennemi Poche, 3 septembre 1990

de Tony Hillerman (Auteur), François Guérif (Series Editor), Daniele Bondil (Traduction), Pierre Bondil (Traduction)

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Détails sur le produit

  • Éditeur ‏ : ‎ Rivages (3 septembre 1990)

  • Langue ‏ : ‎ Français

  • Poche ‏ : ‎ 228 pages

  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2869303971

  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2869303973

  • Poids de l'article ‏ : ‎ 222 g

  • Dimensions ‏ : ‎ 11 x 2.1 x 17 cm

Tandis que Horseman s'aventure sur un plateau des Lukachukai en quête de gibier, il aperçoit un nuage de poussière causé par deux camions, mais encore loin, à plusieurs kilomètres de son campement : "À ce moment-là, Horseman prit conscience du bruit, faible tout d'abord puis de plus en plus fort. Il n'y avait pas à s'y tromper. Un camion. Non. Deux. Qui roulaient à petite vitesse. Loin vers l'ouest."

Le lendemain, marchant sur les traces d'une colonie de chiens de prairie, il est surpris par le Loup Navajo, un homme de fait, couvert de peaux de loups et d'imposante stature, qui le pousse à s'enfuir : "Et derrière lui il entendit le Loup qui riait."

Cette oeuvre de Tony Hillerman nous plonge dans l'univers des croyances des Indiens Navajos et leurs moeurs. L'auteur écrit une enquête menée par des personnages issus de ce peuple : Bergen Mc Kee et Joe Leaphorn ; Mc Kee est un professeur d'université, Leaphorn est un policier chargé des affaires indiennes. Ils demeurent associés dans le contexte d'une disparition, celle de Horseman, dont ils apprendront, au terme de leurs premières recherches, qu'il a été assassiné. À la suite de quoi, leurs investigations vont les conduire à faire maintes rencontres, dont celle de George Jackson, connu sous le nom de Grand Navajo, lequel s'avère être une riche source de renseignements. Derrière cette dénomination se cache en effet un homme de main frayant avec des personnalités d'origine indienne qui entendent défendre leur territoire au mépris des règles d'ordre étatique, une organisation mafieuse qui sévit sur la Voie de l'Ennemi, un passage situé dans la région des Lukachukai où fut retrouvé le corps de Horseman.

Tony Hillerman est somme toute un conteur de génie qui parvient à impliquer son lecteur, à l'instar de ses personnages, dans l'univers des légendes indiennes et des affaires criminelles en conférant à cette oeuvre la dimension à la fois sociologique et linguistique, grâce à laquelle on peut prendre conscience de la gravité de son regard quant aux conditions d'existence des Indiens aujourd'hui, ou à la question identitaire
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Présentation de Claude Mesplède

 

Joe Leaphorn est un policier d'origine indienne à la double culture et selon son créateur "un personnage de synthèse". Pour débusquer les coupables, il allie à la parfaite connaissance des coutumes de son peuple une maîtrise des méthodes policières modernes. Dans sa première aventure de La Trilogie Joe Leaphorn, La Voie de l'ennemi, il part à la recherche d'un petit délinquant, et retrouve son cadavre sur une piste de la réserve. Dès lors, il se pose deux questions : qui a commis ce meurtre, et pourquoi la victime a-t-elle été exposée au grand jour ? Il trouvera les réponses en affrontant le Loup Navajo, un porteur de peau qui a décidé de se consacrer au mal.

Dans sa seconde apparition, Là où dansent les morts, Joe mène une enquête difficile pour retrouver le Petit Dieu du Feu, un jeune garçon issu d'une tribu zuñi qui a disparu. Là encore, il est confronté à des archéologues et trafiquants de tous poils.

Dans le dernier volume de cette trilogie, Femme qui écoute, un vieillard malade, Hosteen Tso, fait appel à Margaret Cigaret, une Femme-qui-Écoute aveugle. En lui posant des questions, elle doit pouvoir déterminer comment le soigner. Profitant du moment où Margaret entre en transe, un inconnu assassine sa jeune nièce Anna qui lui servait de guide, ainsi que Hosteen Tso. Joe se retrouve face à un cas qui défie toute logique.

Dans ces trois enquêtes de Joe Leaphorn, le propos de l'auteur reste identique : faire découvrir la nation Navajo et sa culture, ses coutumes et ses croyances, ses rites et ses mythes. Tony Hillerman y réussit parfaitement et donne ainsi – à la suite d'Arthur Upfield – ses lettres de noblesse au "polar ethnologique". --Claude Mesplède

L'Homme qui venait du passé Broché – Livre grand format, 30 septembre 2004

de Driss Chraïbi (Auteur)

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Détails sur le produit

  • Éditeur ‏ : ‎ Denoël (30 septembre 2004)

  • Langue ‏ : ‎ Français

  • Broché ‏ : ‎ 208 pages

  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2207245888

  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2207245880

  • Poids de l'article ‏ : ‎ 281 g

  • Dimensions ‏ : ‎ 14.3 x 1.7 x 20.6 cm

Un homme a été tué. Sa mort suscite de nombreuses interrogations à "l'échelle internationale". L'inspecteur Ali, convoqué par le ministre du Maroc en personne, est chargé d'enquêter. Ses recherches débutent par une visite à la morgue. Le médecin légiste, le Docteur Mahjoub, lui présente le corps et s'entretient avec lui autour de l'identité du défunt ; l'inspecteur reconnaît là une personne surgie du passé : "Et c'était comme s'il l'avait photographié à jamais dans un des classeurs de sa mémoire."

Ce récit de Driss Chraïbi invite son lecteur à découvrir une nouvelle enquête de l'inspecteur Ali, ce dans le cadre d'un contexte social qui succède aux attentats de New York, le 11 septembre 2001. L'écrivain, dans un style où l'humour et le réalisme se conjuguent avec une grande justesse, propose, outre l'énigme relative à cette enquête policière, une réflexion profonde de la part de son personnage, autour du problème identitaire, précisément celui du monde arabo-musulman confronté à l'intégrisme religieux, mais aussi, par extension, celui de l'humanité vis-à-vis de la croyance : "Que signifie le mot 'croire' ?"

Enfin, la dimension sociale, qui est souvent traitée par les auteures et auteurs de romans noirs, émane de l'écriture de Driss Chraïbi avec gravité, un très grand écrivain qui, comme nous interpellant sur les événements tragiques des dernières décennies du XXe siècle et du début du XXIe siècle, réalise en l'occurrence un projet de roman historique avec génie.

Présentation de l'éditeur

 

L'inspecteur Ali n'est jamais pressé, même quand la sécurité du monde est en jeu. A fortiori quand une huile du gouvernement marocain le convoque pour lui annoncer une macabre découverte : un cadavre au fond d'un puits dans le patio d'un ryad, un palais de Marrakech. Entre deux bouffées de kif et quelques tajines épicés, Ali mène l'enquête grâce à son traditionnel réseau d'indics, composé de femmes de ménage, de chauffeurs de taxi et de caïds de la drogue. Mais il déploie cette fois ses antennes beaucoup plus loin que d'habitude, du côté de la France, des États-Unis et de l'Afghanistan. Qui est donc le mort du ryad, de quel réseau islamiste était-il le chef ? De la mafia marocaine aux coffres-forts des banques suisses, en passant par les hautes sphères du renseignement occidental, un gigantesque jeu de piste se met en place, où Ali progresse nonchalamment vers les secrets les mieux gardés de la planète. L'Homme qui venait du passé est une irrésistible comédie sur le monde musulman d'aujourd'hui et la pseudo-guerre qui l'oppose à l'Occident.

Enquête sur un double meurtre
 Le 19 septembre 2021

Les Clowns sacrés Poche – 9 juin 2021

de Tony Hillerman (Auteur)

Au moment de la période des fêtes populaires du pueblo de Tano, situé au nord de l'Arizona, Jim Chee s'est posté sur un toit afin de prévenir toute infraction due à un dépassement des limites de distance qui pourrait survenir dans la foule, nombreuse au demeurant, ou tout type d'incident majeur : "C'était un excellent perchoir pour assister à la danse des kachinas de Tano ... pour le travail comme pour le plaisir."
Il opère, en l'occurrence, en compagnie de Janet Pete, avec laquelle il partage des affinités, outre les fonctions de sécurité au sein des forces de l'ordre.

Le lendemain, Chee apprend dans le "Navajo Times" qu'un professeur a été assassiné lors de l'événement : "Ça s'était produit la veille, pendant son jour de congé." La victime se nomme Éric Dorsey et est décédée à la suite d'un coup de canne portée à la tête.

Joe Leaphorn confie aussitôt l'affaire à Jim Chee, lequel débute son enquête par une recherche de témoins, notamment le jeune Delmar Kanitewa, un élève de Dorsey, mais qui demeure introuvable. Quelques jours plus tard, c'est un koshare, Sayesva, un des Clowns Sacrés, en d'autres termes, qui se produisent dans les rues du pueblo, qui est également trouvé mort : " Peut-être que Sayesva savait des choses qui pouvaient se révéler préjudiciables."


 

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Ce roman de Tony Hillerman nous invite à découvrir avec réalisme les moeurs des Indiens Navajos au moment des événements populaires d'un pueblo d'Arizona, Tano. Les deux enquêteurs, Joe Leaphorn et Jim Chee, agissent au coeur d'une affaire politique qui va peu à peu les amener et ce, au terme de maints interrogatoires, maintes réflexions, à identifier le principal indice : un objet de fait, appelé "la canne de Lincoln", conçu en deux exemplaires, dont l'un est une contrefaçon ; objet devant servir à accuser et à détrôner l'actuel gouverneur de Tano, Penitewa. Somme toute, le réalisme de l'écriture de Hillerman ancre l'intrigue dans les dimensions socio-économique et politique des réserves indiennes. L'enquête se fonde sur une expérience richement documentée des moeurs du peuple des Indiens d'Amérique, qui elle-même s'augmente des savoirs juridiques, judiciaires, de l'auteur, conférant à cette oeuvre sa qualité de roman socio-historique et policier ; un chef-d'oeuvre du genre.

Détails sur le produit

  • Éditeur ‏ : ‎ EDITIONS PAYOT & RIVAGES (9 juin 2021)

  • Langue ‏ : ‎ Français

  • Poche ‏ : ‎ 368 pages

  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2743653159

  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2743653156

  • Poids de l'article ‏ : ‎ 220 g

  • Dimensions ‏ : ‎ 11.1 x 2.4 x 17 cm

Présentation de l'éditeur suivi d'un extrait d'article paru dans Le Figaro Littéraire

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Réédition d’un classique (vendu à 34.000 ex) du catalogue Rivages/noir : le cinquième opus des enquêtes du célèbre duo de flics Navajo, Leaphorn et Chee. Une plongée passionnante dans l’univers des native Americans par un auteur qui a grandi parmi eux.

 

Tony Hillerman est un magicien redoutable et un poète de talent.

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                                        Le Figaro littéraire

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L'inspecteur Ali à Trinity College Poche – 25 février 2016

de Driss Chraïbi (Auteur)

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Détails sur le produit

  • Éditeur ‏ : ‎ Points (25 février 2016)

  • Langue ‏ : ‎ Français

  • Poche ‏ : ‎ 144 pages

  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2757825860

  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2757825860

  • Poids de l'article ‏ : ‎ 100 g

  • Dimensions ‏ : ‎ 11 x 1 x 18 cm

La princesse Yasmina, jeune étudiante inscrite au sein de l'institution de Trinity College, située à l'Université de Cambridge, a été assassinée. L'inspecteur Ali, dépêché immédiatement sur les lieux par le patron de la police criminelle de Casablanca, débute son enquête avec le soutien, et dans le cadre, de Scotland Yard.

Il rencontre d'abord Miss Kelly qui, par ailleurs, est l'un des premiers témoins arrivés dans la chambre de la jeune princesse, et qui le conduit sur la scène du crime. Elle lui apprend que Yasmina fut tuée par étranglement au moyen d'une ceinture de robe de chambre : " À la crémone de cette fenêtre était nouée l'extrémité d'une ceinture de robe de chambre. L'autre bout faisait office de lasso autour du cou de Yasmina." L'inspecteur Kelly évoque en outre la présence sur les lieux et le jour du meurtre de quatre personnes : " Étaient présents sur les lieux : David Wembley le chairman du département de philosophie, le médecin de quartier, Moussa Moussaoui et le portier du collège."

Ce roman de Driss Chraïbi nous invite à suivre une dynamique de l'action à la fois dépaysante et complexe ; d'une part, en raison du fait que le meurtre que l'inspecteur Ali est chargé d'élucider s'est produit en Angleterre, d'autre part, en raison des multiples rebondissements que le héros occasionne lui-même et ce en partie grâce au soutien de son épouse, laquelle en la circonstance décida de l'accompagner, mais aussi ceux auxquels tous deux sont soumis, par le fait des interrogatoires, des doutes qu'ils suscitent et, pire, des faux témoignages dont on est obligé de tenir compte. Chraïbi sait prendre son lecteur à témoin face aux injustices sociales, aux sentiments humains désordonnés, et le conduit progressivement à résoudre lui-même, non sans le génie de son inspecteur fétiche, une affaire d'ordre international, où le savoir-faire diplomatique demeure l'un des enjeux majeurs.

Présentation de l'éditeur

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L'inspecteur Ali est interrompu en pleine sérénade amoureuse : Scotland Yard a besoin de ses services. La princesse marocaine Yasmina a été retrouvée morte à Trinity College, à Cambridge. Assassinat, suicide ? Amateur de poésie et de belles femmes, le fameux inspecteur joue les idiots pour découvrir la vérité. Ses méthodes d'investigation un brin fantaisistes donneront-elles satisfaction ?
 

Meurtre à Casablanca
 Le 3 août 2021

Une Place au soleil Broché – Livre grand format, 25 novembre 1993

de Driss Chraïbi (Auteur)

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Au terme d'un séjour à Alger, dont l'objet était de recueillir des renseignements, l'inspecteur Ali, à peine de retour chez lui, à Casablanca, doit répondre à l'appel de son supérieur au Commissariat Central, pour une affaire de meurtre.

En effet, arrivé sur les lieux, il fait la rencontre, entre autres grandes personnalités, du président de la banque centrale, lequel lui apprend qu'un homme a été assassiné dans son palais : " - Très grave, dit le banquier. - On ne peut plus grave, ajouta le ministre."

Invité à découvrir les faits, Ali se rend compte de la situation et forme un premier constat : "Le mort n'avait pas vécu plus de cinquante ans, à vue d'oeil. Il portait un tchamir, cette longue chemise en soie qu'affectionnent les émirs du Golfe."

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L'enquête débute par un long entretien avec le président de la banque centrale qui s'inquiète pour sa réputation et, dans la crainte d'un incident diplomatique, exige du policier une prompte résolution de cette affaire. L'inspecteur sait par ailleurs que le banquier côtoie des personnes de très haut rang à travers le monde et que l'arme avec laquelle fut assassinée la victime est un pistolet 6.35, propriété du président de la banque lui-même. Au sortir de l'entretien, ce dernier s'étonne que l'inspecteur Ali n'interroge pas le personnel de son palais.

 

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Driss Chraïbi propose dans ce roman d'entrer dans les affaires secrètes d'une grande personnalité de la finance. L'inspecteur Ali, quant à lui, égal à lui-même, doté d'une perspicacité et d'un professionnalisme sans égal, parvient à déceler, au-delà de l'assassinat d'un sujet libano-saoudien, tous les éléments d'un complot pour détruire, déshonorer, ladite personnalité, le président de la banque centrale en l'occurrence. Chraïbi, avec une maîtrise de l'écriture unique, sait dire la personnalité de son héros qui, sans doute à l'image de l'écrivain, démêle aisément toutes les informations qui lui sont demandées d'analyser, et toujours avec humour, comme se jouant des épreuves auxquelles il doit faire face : "Le dossier que j'ai établi en apporte toutes les preuves."

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Détails sur le produit

  • Éditeur ‏ : ‎ Denoël (25 novembre 1993)

  • Langue ‏ : ‎ Français

  • Broché ‏ : ‎ 144 pages

  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2207241335

  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2207241332

  • Poids de l'article ‏ : ‎ 181 g

  • Dimensions ‏ : ‎ 14.1 x 1.4 x 20.6 cm

Présentation de l'éditeur

 

 

« Voici la première enquête de l'inspecteur Ali, aussi abracadabrante que lui. Il y en aura d'autres, si du moins ce ouistiti ménage quelque peu ma santé. Je l'ai créé un beau jour de printemps, pour ma plus grande joie. Et puis, au fil des semaines et des pages, il a acquis sa propre vie, tel le monstre de Frankenstein. Des bas-fonds de Casablanca à l'hôtel somptueux de la Mamounia, en passant par les hautes sphères politico-financières de la coopération internationale, il a dérouté tous ceux qu'il a côtoyés par ses interrogatoires et ses facéties au troisième degré. Il m'a dérouté, moi aussi, même au niveau du langage. J'avoue que j'ai poussé un soupir de soulagement lorsque je l'ai vu partir à la fin de ce livre. Cela dit, avec du recul vis-à-vis de moi-même, je me demande si cet inspecteur Ali de malheur ne m'a pas rendu service à mon insu. Oui : le temps n'est-il pas venu en effet de dérouter, de faire dérailler vers d'autres voies cette littérature dite maghrébine dont je suis l'ancêtre en quelque sorte ? Et, par voie de conséquence, notre culture française qui risque de devenir un produit d'économie de marché ? Bref, de mettre carrément les pieds dans le monde réel où nous écrivons ?  »

 

Driss Chraïbi.

Le Peuple de l'Ombre Broché – 8 octobre 2015

de Tony Hillerman (Auteur), Jane Fillion (Traduction)

Ce roman débute par un appel de Rosemary Vines auprès de Jim Chee informant ce dernier qu’un vol fut commis au sein du foyer qu’elle et son époux, B.J. Vines, partagent. Un coffret appartenant à son mari a disparu, dérobé, d’après les dires de Mme Vines, par des membres du Peuple de l’Ombre, une secte célèbre dans cette région du Nouveau Mexique pour consommer le peyotl : « Encore une fois, B.J. l’appelait son coffret aux souvenirs et il affirmait que ce qu’il contenait n’avait de valeur qu’à ses yeux. En cela, il se trompait. »

Jim Chee débute alors une enquête qui va le mener à découvrir avec précision les mœurs de chacun des membres du Peuple de l’Ombre et s’intéresser à une affaire houleuse datant d’une trentaine d’années, marquée par l’explosion d’un puits de pétrole dans le domaine dont B.J. Vines est actuellement le propriétaire. Toujours d’après le témoignage de Mme Vines, seuls les membres de ce Peuple de l’Ombre auraient été épargnés, car absents ce jour-là au moment de l’explosion. La problématique de l’enquêteur s’organise ainsi autour de plusieurs questions : Comment se fait-il que ces ouvriers étaient absents ? Avaient-ils été prévenus ? Et si oui, par qui ? Chee apprend, en recoupant les informations de Mme Vines et ses propres investigations, que B.J. Vines et Dillon Charley, le principal représentant de l’Église du Peuple de l’Ombre, étaient amis. Mary Lindon, une institutrice de Crownpoint, rencontrée dans un café, va lui fournir une aide précieuse dans la quête de la résolution, non sans être l’un et l’autre menacés par un tueur à gages : « L’homme blond arrivait directement vers lui en franchissant les vagues de lave grisâtre. »


 

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L’intrigue de ce roman policier nous conduit somme toute sur les traces d’un homme corrompu par la cupidité, dans les milieux de l’exploitation pétrolière et de l’exploitation minière. Tony Hillerman invite son lecteur à partager, par l’intermédiaire de l’inspecteur Jimmy Chee, les investigations du narrateur en matière de mœurs, montrant les différences sensibles qui existent entre Blancs et Indiens et, pour cette raison, des investigations très riches d’un point de vue sociologique et historique. Jim Chee, en l’occurrence, se heurte souvent à l’incompréhension que certains représentants du pouvoir dit « blanc » manifestent à son égard. Ici, il est confronté à un tueur à gages car ses investigations demeurent gênantes et menacent un homme de pouvoir qui a changé d’identité en raison de son passé criminel. Tony Hillerman, grâce à la remarquable traduction que nous propose Jane Fillion, est, à l’image de son personnage Jim Chee, un enquêteur de génie, dont l’érudition parvient à dresser un tableau des Réserves Indiennes grave et philosophique. Il traite du sujet de la politique socio-culturelle qui y est mise en œuvre avec la sagesse d’un porte-parole du peuple des Indiens d’Amérique, de ses souffrances et de ses coutumes, du respect enfin qui lui est dû.

Détails sur le produit

  • Éditeur : Folio (8 octobre 2015)

  • Langue : Français

  • Broché : 272 pages

  • ISBN-10 : 2070464784

  • ISBN-13 : 978-2070464784

  • Poids de l'article : 181 g

  • Dimensions : 10.8 x 1.7 x 17.8 cm

Présentation de l'éditeur

 

Jeune sergent de la Police tribale, Jimmy Chee est engagé par la richissime Rosemary Vines pour retrouver un coffret que lui aurait volé le Peuple de l'Ombre, une secte navajo. Mais, le lendemain, le mari de Rosemary lui demande d'abandonner ses recherches... Il n'en faut pas plus pour éveiller la curiosité de Jimmy Chee qui se lance dans une enquête où il sera obligé de confronter sa culture ancestrale au monde des Blancs.

 Jeu de masques
  Le 22 avril 2021
L'Inspecteur Ali et la C.I.A. Poche – 10 novembre 2011
de Driss Chraïbi
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L'inspecteur Ali travaille à la brigade criminelle de Casablanca. Un matin, il reçoit le coup de téléphone de son supérieur, le commissaire Méziani, qui l'informe qu'une personnalité américaine, haut dignitaire de l'ambassade des Etats-Unis, s'est rendue au commissariat pour une affaire de tout premier ordre. Arrivé sur les lieux, il rencontre en effet Mr David Daishes, porteur de nouvelles tragiques concernant une série de plusieurs meurtres commis contre des grandes personnalités du monde diplomatique américain. Tous, semble-t-il, et au dire de Daishes, furent assassinés par un homme qui change souvent d'identité : "Son nom ? Il en a plusieurs, des identités diverses selon les circonstances."

Commence dès lors pour l'inspecteur Ali une enquête qui va le mener en Europe et aux Etats-Unis sur les traces du suspect et ce, avec l'aide de son épouse Sophia qui, elle-même, va effectuer un séjour à New York au titre de conférencière : "Il faut que je sois en possession de tous les éléments pour affronter ce type." Un ancien agent de la C.I.A. va également intervenir auprès du couple et apporter une pièce clef qui dénouera l'affaire.

Ce roman de Driss Chraïbi est une écriture analytique du milieu policier, non dénué d'humour et de poésie. Tout au long de l'intrigue, le narrateur et l'inspecteur Ali mettent en valeur la poésie, citant des poèmes d'auteurs célèbres et utilisant une syntaxe rythmée par des phrases musicales, des figures de style, syntaxe qui honore la langue arabe et la langue française : "L'aube changea le rythme de sa respiration, comme si elle émergeait du dernier rêve de la nuit." Driss Chraïbi nous offre par là même un moment de littérature rare, dont le style sait conjuguer la science anti-criminelle avec la poésie analytique. Le personnage d'Ali, débonnaire et génial à la manière de "Holmes Sherlock", comme il le dit lui-même, est un enquêteur émérite qui démêle en l'occurrence une affaire très complexe grâce à des compétences relevant de celles des grands hommes qu'il aime à citer, des compétences de visionnaire, somme toute, tels Sherlock Holmes, préalablement cité, ou encore le Chevalier Dupin.

Détails sur le produit

  • Éditeur : Points (10 novembre 2011)

  • Langue : Français

  • Poche : 192 pages

  • ISBN-10 : 2757825690

  • ISBN-13 : 978-2757825693

  • Poids de l'article : 118 g

  • Dimensions : 10.8 x 1.1 x 17.7 cm

Présentation de l'éditeur

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Après une nuit d'amour et la récitation de vers de Mallarmé, l'inspecteur Ali est convoqué par la C.I.A. à l'ambassade américaine de Casablanca. Un tueur qui supprime ses commanditaires s'est évaporé à l'aéroport Mohammed-V. Sa particularité ? Des doigts fuselés aux ongles vernis rose thé. Avec un million de dollars, les pleins pouvoirs et l'aide de sa tendre Sophia, Ali enquête par-delà les océans.

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Morituri (Français) Poche – 1 octobre 1999
de Yasmina Khadra
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Le commissaire Llob est chargé d'enquêter sur la disparition de Sabrine Malek, la fille d'une grande personnalité politique d'Alger, Ghoud Malek. Accompagné dans son travail par Lino, il commence par s'enquérir auprès d'une employée des Limbes rouges, un cabaret du milieu interlope de la cité, si elle connaît l'identité de la jeune femme d'après une photographie qu'il lui tend et ce, étant donné que cette dernière est connue pour fréquenter régulièrement ce lieu : "Paraît qu'elle fréquente la boîte."

Mais face à la négative, les deux agents vont élargir leur investigation dans l'entourage de Ghoud Malek et découvrir le rôle qu'il joue à la fois sur le plan politique et dans le cadre de la disparition de sa fille.

La société que décrit Yasmina Khadra est celle de l'Algérie des années 1980-1990, une période sombre marquée par la montée de l'intégrisme et par des assassinats d'artistes : "L'humoriste Aït Méziane vient d'être assassiné. Il déposait sa fille au collège lorsque deux individus armés lui ont tiré trois balles dans la nuque."

Brahim Llob est un enquêteur qui évolue sur le terrain des hostilités avec sang-froid, perspicacité et humour.


 

De fait, il s'agit d'un récit de nature policière, que l'on peut s'autoriser à classer dans le genre du roman noir, ce dans la mesure où Brahim Llob et son coéquipier, le lieutenant Lino, mènent une enquête très difficile dans les milieux interlopes d'Alger ainsi que dans les sphères du pouvoir, pour enfin découvrir que cette affaire de disparition s'avère une véritable tragédie politico-financière. Les deux hommes vont parvenir en effet à identifier les coupables au terme d'une véritable odyssée , justifiée par le titre de l'oeuvre Morituri, une véritable odyssée donc, qui tient compte des facteurs d'ordre historique, sociologique et criminel de l'Algérie des années 1980-1990 comme causes déterminantes des agissements et des comportements. L'instance narrative est le commissaire Llob lui-même, ce qui se traduit par une approche analytique et professionnelle des événements auxquels lui et son coéquipier sont confrontés.

 

Enfin, Yasmina Khadra ajoute à la dimension tragique de la réalité sociale celle de la poésie, liée au rythme du récit, au ressort des figures de style et de l'humour : "Puis, il y a eu la guerre et les géraniums ont disparu." Yasmina Khadra est un écrivain libre qui raconte une histoire, l'histoire de son pays, avec un grand attachement et le ferme espoir que les choses s'améliorent très sensiblement pour ses compatriotes. Yasmina Khadra est un grand artiste de l'écriture ; la langue française est en l'occurrence mise en valeur, mise à l'honneur, avec génie : "Cependant, nous persistons à croire qu'un retour de vapeur est possible."

Détails sur le produit

  • Poche : 178 pages

  • Editeur : Folio (1 octobre 1999)

  • Collection : Folio. Policier

  • Langue : Français

  • ISBN-10 : 207040966X

  • ISBN-13 : 978-2070409662

  • Dimensions du produit : 10,5 x 1,2 x 18 cm

Présentation de l'éditeur

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«Da Achour ne quitte jamais sa chaise à bascule. Chez lui, c'est une protubérance naturelle. Une cigarette au coin de la bouche, le ventre sur ses genoux de tortue, il fixe inlassablement un point au large et omet de le définir. Il est là, du matin au soir, une chanson d'El Anka à portée de somnolence, consumant tranquillement ses quatre-vingts ans dans un pays qui déçoit. Il a fait pas mal de guerres, de la Normandie à Diên Biên Phu, de Guernica au Djurdjura, et il ne comprend toujours pas pourquoi les hommes préfèrent se faire péter la gueule, quand de simples cuites suffisent à les rapprocher.»

OEdipe roi (Poche)6 septembre 1994

Sophocle ; traduit du grec ancien par Didier Lamaison

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Détails sur le produit :

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  • Poche: 158 pages

  • Editeur : Editions Gallimard (6 septembre 1994)

  • Collection : Série noire

  • Langue : Français

  • ISBN-10: 2070494802

  • ISBN-13: 978-2070494804

  • Dimensions du produit: 18 x 11,7 x 1 cm

Cette intrigue écrite et mise en scène par Sophocle au Ve Siècle avant Jésus Christ, plus précisément entre 420 et 430 avant J.C., situe l’action des personnages dans Thèbes, capitale de la Béotie.

Le Prologue la situe, sur le plan temporel, après l’Âge d’Or pour mieux caractériser la cité par les émotions de ses habitants : une cité où règnent la superstition et la peur ; raison pour laquelle des portes furent construites afin de mieux protéger sa population : « En cette époque troublée, tout ce qui fait le malheur de l’homme courait par les portes battantes de Thèbes : le soupçon et la médisance, l’ignorance et la peur, la maladie et la mort. Le crime même. Une seule porte semblait à jamais condamnée : la porte de l’Espérance. »

Le décès de Laïos, son roi, mort assassiné par un inconnu et les phobies diverses qu’entraîne la présence de la Sphinx à deux heures de marche , au pied du mont Phargas, ont de fait cristallisé un climat apocalyptique : « Nourries de mythologie, les imaginations en avaient fait un monstre qu’on se représentait sous la forme d’une Sphinx. La fabulation allait bon train. » Œdipe, le personnage éponyme, est décrit comme un étranger, un voyageur, dès le début de l’œuvre, un homme qui a les pieds meurtris et qui, à la nouvelle de la malédiction qui pèse sur Thèbes, se propose aussitôt de se rendre au pied du mont Phargas pour se confronter avec la créature. Il va y parvenir aisément et l’annoncer aux habitants, qui vont l’élire roi de la cité.


 

Sophocle, dans son écriture, cathartique s’il en est, propose à ses lecteurs et spectateurs une révélation sur la nature humaine, ses sentiments, ses passions, faisant de l’excès une menace considérable sur l’intégrité psychique et physique. D’Œdipe, il nous apprend qu’à sa naissance il fut condamné à mort par Laïos, son père, puis recueilli par un berger nommé Phorbas tandis que, bébé, il était pendu par les pieds à la branche d’un arbre. La raison en est la superstition qui fait de ce personnage une victime, étant donné que son destin, marqué par la colère d’Héra, va se manifester d’après les paroles de l’oracle de Delphes, d’abord à l’encontre de son père, ce pour avoir eu une relation homosexuelle, ensuite sur lui, Œdipe, puisque Laïos va l’abandonner et le condamner au vu et au su de sa mère Jocaste, demeurée impuissante, ne pouvant rien faire, contre l’autorité du roi, son époux.

 

Sigmund Freud en a établi un élément fondateur de sa science, le concept-clé de sa seconde topique, qui se définit comme le Complexe d’Œdipe, établissant par ce fait psychique propre à la petite enfance l’explication de la névrose et de la psychose lorsqu’il n’est pas résolu le plus tôt possible.Didier Lamaison qui a établi et traduit le texte de Sophocle l’a proposé à la Série Noire, la célèbre collection des éditions Gallimard. Le directeur de collection lui-même, dans sa Note de présentation, écrit en justifiant son choix que la pièce de Sophocle s’apparente aux plus grands romans policiers et qu’il considère cette publication comme une revendication de sa part de faire de la littérature policière l’héritière des plus grandes tragédies : « Les amateurs de polar adorent se réclamer de la poésie ou de la tragédie classique.»

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Buste de Sophocle (Wikipédia)

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Portrait de Sigmund Freud (Wikipédia)

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Portrait de Didier Lamaison (Image YouTube)

Une affaire de chantage relative au délit d'initié, au faux témoignage et à trois crimes crapuleux
Le 31 juillet 2019
En Bout de course (When the thrill is gone, 2011)

Walter Mosley ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christelle Bonis

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Détails sur le produit

  • Poche: 388 pages

  • Editeur : Actes Sud Editions (6 janvier 2016)

  • Collection : Babel noir

  • Langue : Français

  • ISBN-10: 2330058713

  • ISBN-13: 978-2330058715

  • Dimensions du produit: 17,7 x 2,7 x 11,1 cm

Leonid McGill est un détective privé qui enquête à New York, en l’occurrence à la demande d’une certaine Chrystal Chambers, venue le rencontrer à propos de son mari Cyril Tyler, dont elle soupçonne le fait d’adultère. Mais le détective n’y croit pas. Et pour cause ; au terme d’une courte interruption qui l’a amené à s’entretenir au téléphone avec Harris Vartan, « l’un des hommes les plus dangereux » de la cité en matière de crime organisé, la plaignante lui révèle de fait qu’elle a peur pour sa vie, par la raison que les deux précédentes épouses de Cyril Tyler sont mortes dans des circonstances énigmatiques, dont l’une, la dernière, Pinky Todd, assassinée : « il pensait que tout allait bien entre eux jusqu’au jour où elle lui a annoncé qu’elle voulait divorcer, et que s’il ne lui donnait pas cinquante millions de dollars elle allait tout déballer sur ses délits d’initiés avec ses potes de Wall Street […] Un cinglé de SDF lui a démoli la tête avec un morceau de béton qui venait d’un chantier de construction. »

Peu de temps après, l’enquêteur aidé de Mini Bateman, alias La Mouche, un génie de l’informatique, voit s’éclaircir l’affaire et, par là même ses doutes, en découvrant l’usurpation d’identité commise par sa cliente, de son vrai nom Shawna Chambers, sœur de Chrystal, pour laquelle elle s’était fait passer. Leonid McGill oriente dès lors son enquête vers les motifs d’usurpation de ladite Shawna mais principalement vers la vraie Chrystal, épouse légitime du milliardaire new-yorkais Cyril Tyler, et qui s’avère avoir disparue. Un fait qui n’est pas sans évoquer à McGill les disparitions funestes des deux ex-épouses de ce dernier.


 

Au demeurant, Walter Mosley donne à voir dans cette intrigue à multiples rebondissements où peuvent mener les passions dues à l’orgueil et à la jalousie et, conséquemment, une sombre affaire de chantage relevant du crime organisé. Par le biais de son personnage Leonid McGill, Walter Mosley met au jour ici une écriture virtuose qui se fonde sur les mœurs de l’entourage professionnel d’une famille, mais surtout d’un homme fortuné en la personne de Cyril Tyler, qui va fomenter un complot à son encontre sous un faux prétexte, ou plutôt sur la base de faits non justifiés relatifs au délit d’initié et ce, pour s’en prendre à ses épouses et, plus indirectement, à son entreprise : « C’est ainsi que notre groupe fonctionne : si l’un d’entre nous a des doutes ou des scrupules, tout le monde le suit. » Le choix du titre When the thrill is gone, qui renvoie à une composition de BB King, apporte un éclaircissement sur les nombreux effets de suspense que l’auteur maîtrise à la perfection mais aussi sur l’art de l’imbroglio, tel que le pratiqua Chester Himes, l’un de ses grands prédécesseurs. La traduction française qu’en donne Christelle Bonis, à savoir En bout de course, fait entendre que la résolution de l’énigme se réalise au terme de maintes déductions et confrontations sur le terrain de la grande cité qu’est New York, le quartier de Harlem en particulier, cadre et personnage considérable de l’histoire.

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Photographie du Brooklyn Skyline, par Nick Amoscato. Un document Wikipedia.

Un roman noir majeur 
le 26 mai 2019
Le Dalhia Noir (The Black Dahlia, 1987)

James Ellroy ; traduit de l'américain par Freddy Michalski

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Depuis sa création et sa parution cet ouvrage de James Ellroy s'inscrit dans le répertoire des romans noirs classiques, sans doute sur le même plan que Double Assassinat dans la rue Morgue, d'Edgar Allan Poe. L'auteur s'est inspiré de l'actualité brûlante rapportée dans les faits divers de l'année 1947, à la manière de son homologue Poe qui structurait ses intrigues d'après les quotidiens de son époque. Ellroy dit lui-même qu'il fut hanté dès son plus jeune âge, puis dans son adolescence, par le crime perpétré sur la personne d'Elizabeth Short, jeune actrice de vingt-deux ans qui faisait ses débuts dans la grande enceinte d'Hollywood, capitale  du Septième Art.

 

Ellroy évoque le cinéma d'après-guerre, la révolution du parlant et l'engouement que la jeunesse américaine manifestait alors pour rejoindre le panthéon des dieux du grand écran, dans la lignée de Charlie Chaplin, de son engagement, de son héroïsme artistique. Le climat est prégnant en effet.

 

Bleichert, à cet égard, est un policier un peu désabusé mais avant tout un justicier. Ellroy semble très investi dans ce personnage, un peu comme s'il en avait fait son double. C'est essentiellement par son biais, son regard, ses actions, que l'auteur nous invite à connaître et à traverser tous les événements qui s'organisent autour du meurtre, devenu par ailleurs l'un des plus célèbres des annales judiciaires américaines.

 

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Hollywood est un personnage à part entière dans ce contexte et s'impose même, par le fait de l'enquête, comme personne morale absolue, de la même façon que le roman d'Ellroy est une personne morale. Bleitcher, ancien boxeur reconverti dans les forces du L.A.P.D. est intraitable et convaincu que l'affaire dont il a la responsabilité, aussi sombre et énigmatique soit-elle, est le fait de plusieurs délinquants, un fait prémédité.

 

Au demeurant, James Ellroy propose dans ce premier volume du Quatuor de Los Angeles, une lecture à la fois psychologique et criminologique du plus célèbre fait divers d'après-guerre. Son héros Bleitcher incarne la puissance et l'intelligence dans l'approche qu'il réalise auprès des témoins et in situ, sur les lieux, menant avec une grande précision, une très grande acuité des sens, son enquête de terrain. On retrouve chez lui l'amour des femmes ; c'est-à-dire le profond respect qui est dû à leur égard et la volonté radicale de leur rendre justice lorsqu'elles sont victimes, à l'instar de l'auteur lui-même, James Ellroy, qui prône et manifeste cette attitude dans la partie biographique de l'ensemble de son oeuvre : Ma Part d'ombre ou La Malédiction Hilliker,  entres autres confessions.

Éditions : Rivages. Collection "Rivages:Noir" 

Date de parution : 1990. Nombre de pages : 488 p. Prix : 10,65 €. EAN 9782869303911

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Portrait de James Ellroy, l'invité d'honneur du festival du Quai du Polar, à Lyon en 2019.

Les Gens sérieux ne se marient pas à Vegas

Serguei Dounovetz

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Abel est l'ancien guitariste et chanteur du groupe rock « Les Maîtres Nageurs » et décide d'en remonter un nouveau composé exclusivement de femmes : les « Exotic Lizard », un groupe fictif de fait, un prête-nom qu'il envisage de constituer avec, essentiellement, l'aide d'une jeune photographe, Candie, qui lui servira de couverture, au sens propre comme au sens figuré ; c'est-à-dire qu'un nouvel album, vingt après la fin des « Maîtres Nageurs » et ce, grâce à la promotion d'ordre photographique des clichés de Candie, devra sortir, reprenant d'anciennes compositions d'Abel et de ses musiciens.

L'action se déroule au Texas. Serguei Dounovetz nous invite à découvrir une intrigue très rythmée par les mésaventures de son antihéros Abel et qu'il traite, à la façon de Chester Himes, selon le principe d'écriture de l'imbroglio. De nombreux passages en effet s'avèrent complexes pour l'ensemble des personnages et l'auteur sait faire resurgir la dimension comique de chaque situation, la majorité d'entre elles s'organisant autour d'un type de personnages très ingrats qui ne sont autres que le shérif Andrew Maxel Broodecker, auteur de plusieurs crimes surtout perpétrés contre des femmes, ainsi que son adjoint Booble, au caractère perfide et psychologiquement dérangé : « Derrière l'intelligence de façade du shérif Booble se cachait la démence du malin, avec une âme plus noire que les ténèbres. »

Au demeurant, Serguei Dounovetz a, dans cet ouvrage, su composer un ensemble de péripéties qui s'enchevêtrent savamment puis convergent, au fil des pages, vers une résolution qui voit triompher l'amour et la justice, deux sentiments qui, par ailleurs, parcourent toute l'oeuvre ; un ensemble donc assorti de mainte référence culturelle : celle de la musique, que Dounovetz pratique depuis de nombreuses années, celle de la topologie, grâce à quoi le lecteur est transporté dans le sud des États-Unis et au sein de ses paysages désertiques, enfin celle de la culture indienne, en particulier la culture Apache, qui imprègne le climat de l'histoire par le biais du personnage d'Ours Vigilant.

Éditions : French Pulp éditions. Collection "Polar" 

Date de parution : 15 mars 2018. Nombre de pages : 304 p. Prix : 8,50 €. EAN 979-1-0251-0299-2

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Portrait de Serguei Dounovetz par Dominique Forma

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Walter Mosley ; traduit de l'américain par Mireille Vignol

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Ezekiel Rawlins est sollicité par Melvin Suggs durant les sept jours des événements de Watts, pour mener une enquête pouvant aider le L.A.P.D., la Police de Los Angeles, autour du meurtre d'une femme Noire nommée Nola Payne.

Lors de l'observation du corps de la victime à la morgue de la clinique neurologique Miller, Rawlins constate que Nola Payne fut torturée puis assassinée d'une balle dans l'oeil. Ses recherches se poursuivent auprès des proches et de l'entourage de Nola et il apprend que le surnom de cette dernière était « Little Scarlet ». C'est sa tante, Geneva Landry, qui lui confie que sa famille l'avait appelée ainsi en raison de sa chevelure rousse, « Scarlet » signifiant en français « écarlate ». Elle l'informe en outre que sa nièce avait secouru un prénommé Pete, un homme Blanc menacé puis agressé physiquement par des membres de la communauté Noire durant les émeutes. Et pour l'avoir vu entrer chez Nola puis repartir discrètement de chez elle, Geneva croit à la culpabilité de cet homme.

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Mais, peu à peu, Easy Rawlins va s'orienter vers la piste d'un autre suspect après avoir interrogé Monsieur Piedmont, la personne qui ramena Pete chez lui dans une totale discrétion pour éviter que les agresseurs ne l'identifient : « Le Blanc s'est dépêché de monter, il m'a donné son adresse et j'y suis allé. C'est tout. »

Piedmont ajoute en effet que le quartier était presque désert au moment où il démarra ; seul, un clochard était présent, et il conduisait un caddy. Il n'en faut pas plus au détective pour que cette information l'éclaire et l'amène à investiguer sur les traces de ce dernier : « Pendant un instant je ne vis que du blanc. Comme si j'avais été foudroyé et que tout soit décoloré. »

Au demeurant, Walter Mosley nous découvre dans ce roman policier une intrigue soutenue par de multiples rebondissements qui fondent le rythme de l'enquête menée par son héros Ezechiel Rawlins, qui est aussi l'instance narrative. Il s'agit à la fois d'un récit rétrospectif qui relate les souvenirs de l'enquêteur et d'une critique sociale autour des rapports entre Blancs et Noirs. Ezekiel est souvent confronté au jugement de valeur des policiers Blancs avec lesquels il travaille et fait entendre dans son propos, émaillé néanmoins de nombreux points d'humour, que les années 60 aux États-Unis furent une période où la ségrégation raciale était trop manifeste.


Dans ce roman, le contexte de l'enquête est celui des événements de Watts, marqués par des émeutes très violentes qui ont sévi dans ce quartier Noir de Los Angeles, précisément du 12 août au 17 août 1965, « menées par le cri de ralliement " Burn Baby Burn", suite à l'arrestation dans ledit quartier de Marquette Frye, un jeune homme de 21 ans, par un policier Blanc, pour conduite en état d'ivresse » ainsi que le rapporte la journaliste Véronique Dupont de L'Agence France-Presse de Los Angeles. La maîtrise parfaite de l'écriture de Walter Mosley rend sensible au lecteur la problématique du racisme avec une grande force, où réalisme et autodérision se conjuguent avec l'espérance et le sentiment profond de justice.

Éditions : Points. Collection "Points policier" n° 1453

Date de parution : 6 avril 2006. Nombre de pages : 313 p. Prix : 7,10 €. EAN 9782020864756

Dare-dare (Run Man Run, 1959)

Chester Himes ; traduit de l'américain par Pierre Verrier

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Chester Himes nous livre dans ce roman une intrigue originale qui met en scène des inspecteurs Blancs, Brock et Walker, dans le cadre d'une enquête débutant par un double meurtre : celui de deux employés d'un restaurant de Harlem : Samuel Mc Gee et Lucius Cook.

Le Sergent Peter Brock, chargé d'interroger les témoins, apprend par l'un d'entre eux, le conducteur d'une benne à ordures ménagères, que le soir du crime , un « ivrogne blanc » s'en était pris verbalement à Lucius Cook, lequel lui avait aussitôt demandé de s'adresser auprès de Samuel Mc Gee, dit le Gros Sam : « Luke s'imaginait que le type avait une idée derrière la tête et il était curieux de savoir ce que le Gros Sam en tirerait. »

Brock va confier l'affaire à son assistant l'inspecteur Walker, réputé pour son penchant pour l'alcool : « Le whisky te donne de l'imagination, dit Brock. Tu ferais bien d'y aller mollo. »

Par ailleurs, une troisième victime, Jimmy, qui a pu échapper à l'assassin, a été hospitalisé, blessé par balle au niveau de la poitrine. Walker se propose d'aller l'interroger après les soins et commencer ainsi son enquête : « Il n'y a qu'une façon de s'y prendre dans cette affaire, c'est d'attendre que le nègre sorte de l'hôpital. Il me conduira à l'assassin. »

L'intrigue de Dare-dare s'organise autour d'une course-poursuite, conçue à la façon d'un imbroglio, entre un criminel et un jeune employé de restaurant. Chester Himes, à la différence de la plupart de ses romans policiers dont les enquêtes sont menées par Ed « Cercueil » et « Fossoyeur » Jones, choisit là deux enquêteurs Blancs, Brock et Walker, qui ont la particularité d'avoir des liens familiaux : ils sont beaux-frères. Brock mène une vie rangée, il a une conduite droite et exemplaire de père de famille ; Walker, quant à lui, est célibataire et alcoolique, mène une vie obscure et tient des propos racistes.


Le titre « Dare-dare » est le reflet d'une écriture parfaitement maîtrisée où l'instance narrative sait alterner les scènes et la focalisation zéro avec génie, conférant à l'histoire un rythme rapide qui fonde les effets de suspense, un rythme enrichi, de fait, par une syntaxe composée de phrases courtes et réalistes où se révèle le climat de Harlem durant les années 50.

Éditions : Gallimard. Collection "Folio Policier" n° 351

Date de parution : 18 novembre 2004. Nombre de pages : 275 p. Prix : 7,25 €. EAN 9782070300174

Une épopée ultramoderne

 16 décembre 2018

Spinoza encule Hegel   -  Première publication du roman : in Very Nice (Albin Michel, coll. "Sanguine" n° 16, 1983)
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Jean-Bernard Pouy

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Le narrateur, Julius Puech, découvre le cadavre d’un Néo-Punk sur le bas-côté d’une route. Julius est le principal représentant de la FAS, Fraction Armée Spinoziste, et soupçonne le gang rival des Hégéliens d’avoir commis le crime, un gang dont Le Niais est le chef.

Julius et son groupe, de fait, sillonnent les rues de Paris et de la France pour se confronter aux Hégéliens.

Jean-Bernard Pouy apporte un éclaircissement dans sa Préface au roman en confiant que le contexte de l’intrigue peut renvoyer à son expérience de Mai 68 mais aussi au film Mad Max.

Le roman est écrit en 1979. Les souvenirs de Mai 68 sont bien là, augmentés par la maturité de l’écrivain qu’il est devenu.

Cette guerre des gangs est certainement à prendre au deuxième degré. Spinoza et Hegel sont deux grands penseurs que Pouy valorise en donnant à voir et à entendre leur différence en matière de philosophie, une différence qui serait avant tout d’ordre idéologique. Mais en est-ce réellement une ? Sa réflexion nous conduit à relativiser le poids que les mots peuvent parfois exercer sur les esprits en en montrant leurs conséquences.

Éditions : Gallimard.

Collection "Folio Policier" n° 127 

Date de parution : 19 octobre 1999. Nombre de pages : 142 p. Prix : 6,00 €. EAN 9782070409624

À la fin de l’histoire, l’antihéros Julius Puech finit même par confondre son identité à celle de Spinoza : « Je suis moi, moi et encore moi, Julius Spinoza. J’ai une histoire qu’il ne s’agit pas de gommer. …À schizo, schizo et demi. » À un autre moment, il dit : « Ce n’est pas l’idéologie signifiée qui nous pousse au meurtre organisé, mais l’idéologie signifiante. » Une phrase édifiante, somme toute, qui pourrait résumer le roman à elle seule tant elle définit bien comment certains comportements extrêmes s’expliquent par l’influence négative des mots quand on les fait sien, ainsi que par l’éducation reçue.

Jean-Luc Bertini

Portrait de Jean-Bernard Pouy par Jean-Luc Bertini

Black Betty (1994)

Walter Mosley ; traduit de l'américain par Gabrielle Merchez

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Ezechiel Rawlins partage son existence de célibataire avec sa fille Feather et Jesus, un jeune orphelin qu'il a adopté. Son ami Mouse est en prison depuis cinq ans, inculpé pour meurtre sur la personne de Bruno Ingram d'une balle de calibre 41, à la suite d'une dénonciation.

L'action se déroule à Los Angeles. Easy Rawlins vit à peu près normalement sa vie entre ses enfants précisément, qu'il adore, ses visites à Mouse en prison et des nuits cauchemardesques durant lesquelles le souvenir de ce dernier lui revient au moment où il est censé avoir commis le crime dont il est accusé. Un crime auquel Rawlins ne croit pas vraiment.

Un matin, un certain Saul Lynx vient frapper à sa porte pour l'engager dans une enquête autour de la disparition d'Elizabeth Eady, dite Betty. Il renoue alors avec sa fonction de détective privé sur les traces de Betty, qui s'avère être pour lui une vieille connaissance. Elizabeth Eady est en effet une femme dont il était amoureux lorsqu'il était enfant : « J'étais un petit miteux de douze ans et jamais encore je n'avais connu plus femme qu'elle ailleurs. Elle portait des dentelles noires, des gants, de la fourrure et sentait tellement bon que j'en oubliais qui j'étais. [...] Elle était émue par le pouvoir qu'elle avait sur moi. Pour elle, je me serais écroulé par terre n'importe quand. Pour un baiser d'elle, j'aurais sauté par la fenêtre. »

Easy Rawlins entreprend alors de s'enquérir auprès de Saul Lynx de l'identité de la personne pour qui ce dernier travaille et il lui apprend qu'il s'agit d'un avocat cherchant à retrouver Betty sous prétexte de lui verser une prime pour sa retraite. Ses recherches le conduisent directement chez Marlon Eady, le demi-frère de Betty, chez qui il récupère un chèque de cinq mille dollars, un chèque qui le mène ensuite dans une belle résidence de Beverly Hills, celle de la famille Hawkes et Cain. Le détective finit par soupçonner que le demi-frère de Betty a été assassiné et Madame Cain lui apprend que Ronald Hawkes, son mari, a quitté le domicile conjugal. Elle vit seule avec son fils Arthur, son domestique et son avocat, Calvin Hodge, qui laisse planer le doute que c'est lui qui a engagé indirectement Easy à procéder à ses investigations : « - C'est son avocat qui m'a engagé, avait dit Lynx. Était-ce vrai ? »

Au sortir de l'entretien, Easy Rawlins est arrêté par la police : « Lorsque la sirène hurla, je me dis que ça devait être un flic qui faisait du zèle parce qu'il n'aimait pas voir un Noir dans les rues de Beverly Hills. »

Au demeurant, Walter Mosley nous invite dans ce roman à partager le quotidien d'un détective privé, Ezechiel Rawlins, pris dans le réseau d'un abord inextricable, celui d'une famille fortunée, dont plusieurs membres commanditent une série de crimes dans lesquels s'avère impliqué l'un des principaux représentants de la police de Los Angeles.

Au-delà de l'intrigue rythmée par de multiples rebondissements et la présence de nombreux personnages, Walter Mosley construit, par le biais de son instance narrative, Easy Rawlins, un récit savant et évoque le climat des États-Unis durant les années soixante, où le racisme et la ségrégation entre Blancs et Noirs étaient encore manifestes dans tous les rangs de la société. Elizabeth Eady, l'héroïne éponyme, est une figure féminine qui se révèle aux lecteurs comme l'un des symboles de l'exploitation sociale que faisaient subir alors les gens haut placés aux plus démunis et à la population Noire.

Éditions : Points. Policiers, n° 693

Date de parution : 19 novembre 1999. Nombre de pages : 330 p. Prix : 7,10 €. EAN 9782020259873

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Albin Michel (1998)

Weidenfeld & Nicolson (2018)

W. W. Norton & Company (1994)

Nous avons brûlé une sainte (1988)

Jean-Bernard Pouy

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Jean-Bernard Pouy propose dans ce roman noir de suivre le parcours d'un groupe de jeunes gens appelé le « Groupe Rimbaud » et dont les actions de révolte contre les autorités s'appliquent surtout contre des sujets britanniques et contre les institutions, en d'autres termes « l'Officialité », ainsi que le dit l'un d'eux.

Anna, Jean, La Hire et Gilles sont décrits comme des jeunes toujours en fuite et qui n'hésitent jamais à employer la méthode forte pour changer le monde dans lequel ils ne se retrouvent pas, un monde dans lequel ils ne se reconnaissent pas. Arthur Rimbaud et Jeanne d'Arc sont leurs égéries, pour leur idéal, leur vie exemplaire et les armes auxquelles on les associe et qui demeurent leur attribut. Anna, en particulier, cite très souvent des passages de l'oeuvre d'Arthur Rimbaud en puisant dans cette épiphanie qu'est le « Je est un autre », extrait de la Seconde Lettre du Voyant.

En raison de l'identité des victimes, pour la majorité anglaises, mais également des lieux dans lesquels sont commis les crimes, les policiers constatent au cours de leur enquête que le Groupe Rimbaud suit le parcours historique de Jeanne d'Arc, jusqu'à Rouen.

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Jean-Bernard Pouy compose de la sorte un récit polyphonique qui ressemble à un puzzle, sur fond de critique sociale.

Il prête ainsi sa voix et sa plume à tous ses personnages, qu'il s'agisse des policiers ou des jeunes révoltés, l'ensemble organisé autour d'une intrigue à multiples rebondissements qui donne à voir dans un style très réaliste la course-poursuite engagée entre ces deux parties antinomiques : « J'en ai assez, je l'attends, cette mouche, cette sangsue, il ne va pas me poursuivre jusqu'au bout du monde. C'est lui ou moi. Pourvu que je ne le tue pas, j'en ai assez, je veux partir. Laisse-moi, tranquille, abruti, je ne t'en veux pas. »

L'auteur fait entendre que les policiers, comme les jeunes auxquels ils sont confrontés, ne comprennent pas trop ce qui leur arrive ; il se plaît à montrer la confusion qui règne dans les deux camps, ce en exploitant les ressources de l'humour noir notamment lorsque, au terme de l'aventure, il relate la chute d'un satellite qui va mettre tout le monde d'accord, un élément de résolution proche de celui du genre fantastique.

Enfin, les noms des personnages enquêteurs sont empruntés pour certains à de célèbres écrivains spécialistes du roman policier à qui, par là même, Pouy rend hommage : Raynal, Benacquista.

Éditions : Gallimard, coll. "Folio policier" n° 234

Date de parution : 21 novembre 2001. Nombre de pages : 217 p. Prix : 6 €. EAN 9782070419630

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Gallimard, coll. "Série noire" n° 2161, 1988

Gallimard, coll. "Série noire" n° 2161, 1995

Compilation de 5 romans

Gallimard, coll. "Série noire", 2015

Ma ZAD (2018)

Jean-Bernard Pouy

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Camille Destroit est un salarié de la société Triangle, une entreprise mère à la tête d'un consortium de plusieurs hypermarchés et d'autres filiales spécialisées dans le domaine de l'agro-alimentaire. Parallèlement à son travail de chef de rayon, il est un membre actif d'une ZAD de la région picarde où il réside et, pour cette raison, se trouve confronté très souvent aux forces de l'ordre pour prendre prendre part à plusieurs actions clandestines considérées comme illégales, ce dans le cadre de plusieurs épisodes de révoltes qui font la une de l'actualité de ces dernières années.

Aussi ses employeurs décident-ils de le licencier. Il s'agit des frères Valter, Jérôme, Gilles et Victor. Commence dès lors pour Camille Destroit une errance qui va le mener en Bretagne, en Vendée, en Lettonie, en Suisse, à bord de son van Toyota qu'il a aménagé et qui lui fait office de domicile ambulant. Il poursuit de la sorte l'oeuvre zadiste en logeant trois couples dans son domicile fixe, une ferme de Saint-Omer, mais également en apportant son aide aux ZAD de Bretagne et des Landes.

Sa compagne, prénommée Claire, elle aussi membre active des ZAD, lui apprend un jour que Jérôme Valter est son père adoptif et qu'elle fut violée à l'âge de quatorze ans par l'une des personnes de sa famille.

Camille va aussitôt s'investir dans une enquête déguisant une vengeance à double titre ; d'une part, celle qui doit rendre justice à Claire, d'autre part, celle qui consiste à panser une blessure d'amour-propre, Camille ayant été victime du licenciement ordonné par les frères Valter.

 

« Sa voix, devenue profonde. J'ai senti qu'il y avait, là, quelque chose de noir, de sombre, d'irrésolu. Que c'était là que se situait la valeur puante du problème, ce foutu imbroglio qui avait incurvé le fil du temps, le sens de l'Histoire et la bonne santé des neurones. »

Au demeurant, Jean-Bernard Pouy nous invite dans cette oeuvre policière à nous plonger dans l'univers sensible, douloureux et précaire des zadistes. Camille Destroit est présenté comme une personne calme, débonnaire, à l'image de son chat Glütz, mais sans doute trop passionnée, ou trop impliquée, au point de perdre son emploi et de vouloir venger sa compagne dans une forme de road-movie comparable aux romans signés par Virginie Despentes. La langue de Jean-Bernard Pouy est libre et parfaitement structurée. Son instance narrative, Camille Destroit en l'occurrence, développe un monologue intérieur où l'oralité domine très souvent de façon très explicite lorsqu'il se confie au lecteur. Non sans humour d'ailleurs, quand Pouy utilise par exemple les mots valises (« cocktails mojitov ») et, par extension, les registres satirique et polémique : « Le monde moderne se réduisait curieusement à deux cocktails : le mojito, qui envahit les after hours, et le molotov, qui règne sur nos rues sombres. »

La poésie de Jean-Bernard Pouy est en outre prégnante tout du long lorsqu'il traite des chromatismes des paysages ou des saisons que son antihéros traverse : « Et les strates du souvenir ressemblent toujours à la lumière d'hiver passant entre les branches d'un frêne. » Une poésie qu'augmente le rythme syncopé du propos, conçu à la manière d'un jazzman, alternant phrases nominales et longs passages narratifs ou explorant avec une parfaite maîtrise le discours indirect libre.

Éditions : Gallimard, coll. "Série noire"

Date de parution : 11 janvier 2018. Nombre de pages : 208 p. Prix : 18 €. EAN 9782072753756

Reportage Facebook Sauramps Librairies

Vidéo de la rencontre 26 avril 2018,

Médiathèque Émile-Zola, Montpellier

Enquête dans les milieux interlopes de L.A. et d'Oakland dans les années 50

1er novembre 2018

Papillon blanc (White Butterfly, 1992)

Walter Mosley ; traduit de l'américain par Gabrielle Merchez

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Éditions : Le Seuil

Coll. "Points" n° 341

Date de parution : 19 mars 1997

Nombre de pages : 296 p.

Prix : 6,60 €

EAN 9782020259880

Walter Mosley nous invite dans cette oeuvre à partager le récit de son héros narrateur Easy Rowlins, un détective privé qui se voit confronté à une sombre affaire de meurtres en série dont les victimes sont des femmes Noires. Néanmoins, au cours de l'enquête, toujours menée dans le cadre d'une étroite collaboration avec les forces de l'ordre, il apprend qu'une femme Blanche fut également assassinée, un fait qui pourrait démentir les actes d'un seul criminel, ce dans la mesure où le modus operandi est sensiblement différent.

Cette jeune femme, nommée Robin Garnett, était une étudiante apparemment sans problèmes particuliers, retrouvée assassinée dans un quartier de Los Angeles. Les autres victimes étaient en effet des prostituées Noires. La différence de statut social et sa couleur naturelle blanche conduit Rowlins à se renseigner auprès de Lips McGee, un musicien de jazz du Hollywood Row, un immeuble de la Cité des Anges, assez proche du quartier d'Hollywood. Lips McGee apprend dès lors à l'enquêteur que la jeune victime était connue au Hollywood Row pour le fréquenter sous le nom de Cyndi Starr, son nom de strip-teaseuse, mais aussi sous celui de Papillon Blanc :    « Cyndi Starr était une autre femme sur Hollywood Row. »
 

Walter Mosley écrit magistralement dans la mesure où il confère à son intrigue et à ses personnages une couleur qui est celle d'une musique tout en sourdine, à l'image de son héros Easy Rowlins, calme et débonnaire, qui affronte les aléas de son destin avec une extrême lucidité, n'hésitant pas à défendre son ami Mouse, lorsqu'il est injustement accusé des meurtres, à s'enquérir des moindres indices pour éclairer l'énigme du Papillon Blanc et à défendre les droits des victimes jusqu'au bout, quitte même à se faire emprisonner à tort pour une fausse accusation venue du meurtrier lui-même. L'ensemble s'inscrit somme toute dans les climats chromatiques du jazz : « Je regardais les sternes et les mouettes se faufiler d'un vol malaisé entre les écharpes de brume matinale. Les cactus poussaient dans les positions les plus folles, comme s'ils avaient pris racine alors qu'ils roulaient sur le flanc de la montagne. Sur les bas-côtés de la route, de minuscules fleurs d'un pourpre éclatant émaillaient les plantes grasses. »

Une sombre affaire de meurtres dans les années 30

28 octobre 2018

Les Marécages (The Bottoms, 2000)

Joe R. Lansdale ; traduit de l'anglais par Joe Sandri

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Éditions : Gallimard

Collection : "Folio policier" n° 407

Date de parution : 14 juin 2018

Nombre de pages : 387 p.

Prix : 7,80 €

EAN 9782070307425

Joe R. Lansdale, dans ce thriller, nous invite à découvrir dans une langue très réaliste une région de l'Amérique, l'East Texas plus précisément, dans laquelle se déroula durant les années 30 une série de meurtres commis principalement sur des femmes Noires.

On peut percevoir d'après l'histoire le regard avisé de l'auteur sur les rapports qui existaient à cette époque entre la population Noire et la population Blanche. La région de l'East Texas était dominée par le pouvoir des Blancs qui sévissaient sur leurs compatriotes Noirs par de multiples lynchages, donc sans aucune forme de procès mais simplement pour leur différence de couleur de peau, et ce malgré la Déclaration Officielle de la fin de l'esclavage.

Le Ku-Klux-Klan était très actif et s'arrogeait tous les droits, de lyncher et de commettre les crimes les plus abjects.

Le héros, Harry, un adolescent qui est aussi l'instance narrative, participe à l'enquête menée par son père, jusqu'à prendre lui-même le relais lorsque ce dernier tombe malade puis se retrouve en convalescence. Le contexte est celui des marécages, autrement nommés la Sabine, dans la période de l'entre-deux guerres, tristement réputée pour être celle de la Grande Dépression : « Tout cela remonte aux années 1933-1935 [...] C'était la Grande Dépression. »

Les références aux meurtres sont très précises. Joe R. Lansdale décrit dans une langue au scalpel les découvertes in situ des victimes, ajoutant ainsi au suspense et à l'horreur du racisme dont la population Noire fut victime : « La clarté lunaire brillait au-dessus de l'eau et éclairait un visage - une espèce de citrouille creuse, gonflée et ronde, avec deux trous de charbon à la place des yeux. Une dernière touffe de cheveux était collée sur son crâne, comme la laine d'un agneau noir. Le reste du corps, entièrement nu, était tout gonflé et déformé. C'était une femme. »

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Joe R. Lansdale était présent au salon Toulouse Polars du Sud qui a eu lieu du 12 au 14 octobre 2018.

Photos de la rencontre le 11 octobre  à la Médiathèque de Lagardelle sur Lèze. Photos de Christelle Camus.

La Maison assassinée (1984)

Pierre Magnan

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L'intrigue de ce roman débute dans le contexte narratif d'une veillée apparemment ordinaire comme il était de coutume dans les familles rurales de Provence à la fin du XIXe siècle. L'ensemble des membres de la famille Monge se trouve réuni au coin de l'âtre, du Papé au nourrisson suspendu au sein de sa mère (« Dans la vitre, reflétée par les flammes de l'âtre, flottait sur le déferlement des eaux l'image de la Girarde et du caquois suspendu à son sein. Délicate et charmante, cette fragile nativité narguait la brutalité de la nuit. »)

Néanmoins, le propriétaire des lieux, en la personne de Félicien Monge, semble nerveux, troublé par des pensées qui l'empêchent de participer avec les siens au climat de sérénité régnant sur la maison familiale.

Monge, de fait, appréhende la venue d'un tiers nommé Zorme avec lequel il soupçonne que son épouse partage un secret (« La crainte de cet homme, nul ne savait sur quoi elle était précisément fondée [...] C'était cet homme qui était venu à La Burlière, comme tant d'autres fois, vers quatre heures cet après-midi, par pluie battante. Comme ça : sans raison... »)

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Quelque temps plus tard, au cours de la nuit, trois hommes se rendent à La Burlière avec des intentions malveillantes à l'encontre de Félicien Monge quand soudain l'un d'eux croit entendre « quelque chose » dans la maison.

Intrigués, ils se proposent de regarder par la « lucarne » et découvrent une scène terrible. Ils décident alors de faire une intrusion lorsqu'au même moment, devançant leur projet, un homme sort par la porte à la vitesse de l'éclair...

Au demeurant, cette oeuvre de Pierre Magnan relate dans un style où abondent effets de réel et scènes rétrospectives propices à l'horizon d'attente du genre, celui du roman noir, le destin mystérieux de Séraphin Monge, sauvé miraculeusement du massacre dont fut victime toute sa famille alors qu'il n'était encore qu'un nourrisson. L'auteur, pour ce faire, exploite très justement les multiples ressources du registre réaliste, dont en particulier l'emprunt au patois provençal et de savants passages descriptifs relatifs au paysage de la Provence, dans les environs de Forcalquier, ainsi qu'à la vie quotidienne de la population rurale qui y réside et travaille.

Ainsi, l'écriture à la fois précise et imagée de Magnan peut légitimement se concevoir comme une invitation au dépaysement, tant par son ouverture sur les moeurs et les lieux méconnus de la Provence à la fin du XIXe siècle que par la dynamique d'investigation qu'elle propose par le biais des deux instances d'ordre diégétique que sont le narrateur et Séraphin Monge.

Éditions : Gallimard, coll. "Folio Policier" n° 87

Date de parution : 24 juin 1999. Nombre de pages : 346 p. Prix : 8,90 €. EAN 9782070408306

Les Filles de Maria (Maria's Girls, 1976)

Jerome Charyn - traduit de l'américain par Marc Chénetier

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Caroll Brent est inspecteur au poste du quartier de Central Park, surnommé dans le jargon des policiers du N.Y.P.D. « la forêt de Sherwood ». Brent pâtit malgré lui de la réputation de chouchou d'Isaac Sidel de la part de ses collègues. Sa brigade en effet voit en lui le nouveau Manfred Coen, celui qui a supplanté Zyeux-Bleus dans le coeur et l'estime du commissaire principal depuis la tragédie survenue au club de ping-pong de Columbus Avenue, chez Schiller, au cours de laquelle Coen fut tué par un homme de main à la solde des Guzmann.

Au-delà de cet état de choses, Brent fut investi d'une mission de surveillance auprès de Diana Cassidy pour la protéger contre les menaces répétées qu'un individu lui faisait subir depuis plusieurs semaines jusqu'à l'avoir agressée à l'arme blanche dans un coin de Central Park. L'inspecteur, au cours de cette affaire rapidement résolue, est tombé amoureux de la jeune femme, un amour partagé qui se clôt par leur mariage. Or, Diana Cassidy est issue d'une famille très riche. Son père est un magnat du commerce. Brent, en revanche, a du mal à boucler ses fins de mois et fait régulièrement appel à un usurier du nom de Fabiano Rice.

Isaac Sidel l'a nouvellement chargé de pister Maria Montalban, un millionnaire à la tête de la Commission des affaires scolaires de la ville, soupçonné d'entretenir un réseau de prostitution et de faire du trafic de drogue.

Dès lors, Brent s'enquiert auprès de Rosen, sous-directeur d'école et comptable personnel de Montalban, de la réalité budgétaire de ce dernier et en fait son indicateur. Il découvre ainsi, au fur et à mesure de son investigation, que son prêteur Fabiano Rice travaille au service de Sal Rubino, riche entrepreneur spécialisé dans la fabrication et la vente de ciment, censé avoir été tué par Isaac Sidel à la Nouvelle Orléans...

Dans ce roman, du reste, Jerome Charyn met en perspective une intrigue aux ramifications multiples qui s'accorde à la complexité des affaires auxquelles sont confrontés les deux protagonistes principaux que sont Isaac Sidel et Caroll Brent. L'auteur y traite avec réalisme et humour le sujet du crime organisé, mettant en exergue les qualités de fin stratège de son personnage fétiche Isaac le tzigane qui, malgré la grave blessure par balle dont il est victime, parvient à surclasser les commanditaires et autres instigateurs de la prostitution et du trafic de drogue sévissant dans New York en policier accompli, à telle enseigne qu'il lui est proposé de faire acte de candidature au poste de maire de la ville. Passé maître des tenants et aboutissants de telles affaires après maintes épreuves, il retourne la situation à son avantage, en héros, et pour le bien de la collectivité (« Il évoluait au sein de la Mafia comme le conseiller militaire qu'il était devenu. ») La grande virtuosité de Jerome Charyn consiste enfin dans ce style qui sait placer le lecteur au rang d'acteur du drame en sollicitant ses émotions les plus vives et son intérêt à participer au dénouement.

Éditions : Gallimard, coll. "Folio Policier" n° 94

Date de parution : 18 novembre 1999. Nombre de pages : 381 p. Prix : 8,90 €. EAN 9782070408344

Kermesse à Manhattan (The Education of Patrick Silver, 1976)

Jerome Charyn - traduit de l'américain par Rosine Fitzgerald

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Patrick Silver, ancien agent de la Criminelle de New York, a démissionné de ses fonctions depuis la mort de Manfred Coen, surnommé Zyeux-Bleus. Avec la disparition de ce dernier, c'est pour Patrick Silver une longue histoire d'amitié qui a pris fin, une amitié qui nourrissait sa vocation de policier dans les moments les plus difficiles. Silver a dès lors proposé ses services à Papa Guzmann, l'homme le plus craint de Boston Road, principal instigateur des affaires de paris truqués et de trafics en tout genre qui sévissent dans le Bronx et Manhattan.

Papa a de fait embauché Silver pour garder son fils Jeronimo, individu de quarante-quatre ans affecté de retard mental et au caractère par trop imprévisible. L'ancien inspecteur est un géant de deux mètres dix d'origine irlandaise et de confession hébraïque qui a la particularité de toujours marcher en chaussettes, y compris à l'extérieur. Sa vie se partage entre les virées au pub dublinois de Horatio Street pour y boire la Guinness et la garde du « bébé » dans le sous-sol de la synagogue de Bethune Street. Jeronimo Guzmann est en effet soupçonné par les services de la Criminelle d'être l'auteur de plusieurs crimes d'enfants dont les cadavres ont été retrouvés sur les toits de la ville selon le même mode opératoire : le corps découpé, le visage maquillé comme des poupées.

Silver ne doit jamais quitter Jeronimo des yeux. Il croit en son innocence et s'efforce par tous les moyens d'éviter les « anges blonds » d'Isaac Sidel, récemment promu au grade de Premier Adjoint Intérimaire du Quartier Général depuis le décès du Premier Haut-Commissaire Adjoint, Ned O'Roarke ; lequel Isaac, fort de l'expérience de son infiltration de six mois au sein de la famille Guzmann s'est juré de « nettoyer » Manhattan et le Bronx de l'influence parasitaire de celle-ci.

De plus, Isaac est convaincu que Jeronimo est le tueur. Durant son séjour dans la confiserie de Boston Road, il a appris à connaître la personnalité de chacun des membres de la famille Guzmann et le modus operandi du criminel le renvoie instinctivement au comportement, aux agissements, de Jeronimo : « La mort d'Ernesto appuyait ses soupçons à l'encontre de Jeronimo. Tout le Quartier Général pouvait lui hurler : "Isaac, vous persécutez le bébé." Le Quartier Général se trompait. Isaac avait la conviction que Jeronimo était le dingue. Des gamins mouraient sur les toits partout où se trouvait le bébé de Papa Guzmann. »

Dans ce roman, du reste, Jerome Charyn plonge son lecteur dans une intrigue riche en rebondissements qui succède aux deux premiers volets : Marylin la Dingue et Zyeux-Bleus. Le caractère pittoresque des personnages de Patrick Silver, des Guzmann ou encore d'Isaac Sidel s'augmente de nombreuses références historiques et sociologiques à la culture juive. La ville de New York, au-delà des éléments qui participent de l'instruction de cette sombre affaire de meurtres d'enfants, est au coeur de l'action qui se trame entre les malfrats et les services de l'ordre, d'un quartier à l'autre, d'une communauté à l'autre ; elle est le lieu d'une représentation épique du cosmopolitisme qui y règne dans sa pluralité de langues et d'origines ethniques ; elle est enfin le leitmotiv de la transposition savante de la culture de l'auteur en une mélodie syncopée dont l'humour est le point d'orgue, le maître-mot.

Éditions : Gallimard, coll. "Folio Policier" n° 228 

Date de parution : 9 novembre 2001. Nombre de pages : 245 p. Prix : 6,60 €. EAN 9782070407972

Zyeux-Bleus (Blue Eyes, 1973)

Jerome Charyn - traduit de l'américain par Michel Deutsch

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Isaac Sidel a été mis au ban de ses fonctions d'inspecteur-chef à la Criminelle pour cause d'implication dans les agissements d'un syndicat de jeux du Bronx. Manfred Coen, qui répond au surnom de Zyeux-Bleus pour la couleur azur de ses iris et au charme que son regard exerce sur la gent féminine, se retrouve seul, privé du soutien de son protecteur et, par là même, de la considération que jusque là les chefs de service manifestaient à son égard. Bien au contraire, depuis lors, ces derniers se le refilent d'une circonscription à l'autre en cherchant à se débarrasser de lui au plus vite. Quant aux autres agents, leur seul désir est de le voir disparaître bel et bien « un trou dans la tête » ou, au mieux, congédié à l'instar de son père spirituel Isaac, sans autre forme de procès. Zyeux-Bleus n'est plus dans les petits papiers du Premier Adjoint du Haut-Commissaire, comme on le laissait croire jusqu'à la révocation de l'inspecteur-chef Sidel.

Pour autant, Herbert Pimloe, récemment promu au grade de nouveau chef, le convoque un jour pour lui soumettre un dossier épineux concernant la disparition d'une jeune fille de seize ans et demi nommée Caroline Child.

En outre, Pimloe lui confie qu'Isaac est désormais le garde du corps de Moisès Guzmann, dit Papa Guzmann, patriarche et parrain de l'une des plus redoutables familles de pickpockets du Bronx opérant sous le couvert d'un commerce de confiseries sis à Boston Road, mais de fait le lieu de trafics en tout genre d'envergure internationale dont plusieurs comptoirs se trouvent au Pérou et au Mexique : « Depuis soixante ans, la famille était implantée à Lima, au Pérou [...] les Guzmann, tous urbanisés, étaient trafiquants, contrebandiers, pickpockets. » Coen connaît bien les Guzmann pour avoir frayé longtemps dans sa jeunesse avec trois des fils du fameux Papa : César, Jorge et Jeronimo. Son investigation au sein de la famille pourra dès lors être facilitée en renouant les liens de cette amitié ancienne.

Dès son entrevue avec le père de la disparue, Vander Child, après que ce dernier lui a montré plusieurs documents confidentiels relatifs aux précédentes enquêtes réalisées par des détectives auxquels il avait fait appel en urgence, Zyeux-Bleus constate qu'il y est fait allusion à la traite des blanches et soupçonne les Guzmann d'en être les principaux instigateurs : « Le policier sourit intérieurement. Les Guzmann venaient du Pérou. Ils avaient là-bas des cousins spécialisés dans le vol à la tire, l'agression et l'escroquerie, prêts à embarquer une centaine de petites New-Yorkaises à la demande de Papa Guzmann. »

Par ailleurs, Zyeux-Bleus se sait menacé par le Chinois, surnommé Chino, depuis qu'il a humilié ce dernier devant ses clients, Chez Bummy. Or, il s'avère que le Chinois est un homme de main à la solde des Guzmann : « Le Chinois avait juré de se payer Coen. Fils d'un Créole et d'une Chinoise, il n'admettait pas qu'un détective blond le touche... »

Au demeurant, Jerome Charyn propose avec ce second volet des enquêtes d'Isaac Sidel, une trame axée sur les phénomènes de délinquance à l'épreuve des investigations policières les mieux structurées. Manfred Coen en est la première victime, à son corps défendant, puisqu'il va être assassiné sans jamais avoir pris connaissance des véritables tenants et aboutissants de sa mission, sans avoir su que la révocation de son mentor Isaac n'était qu'un stratagème connu du seul Premier Adjoint pour pouvoir infiltrer la famille Guzmann et démanteler le réseau de prostitution à la tête duquel elle opérait avec la complicité de plusieurs agents du quartier général de la police. L'intrigue décrit une ténébreuse affaire, pour reprendre le titre d'une oeuvre célèbre d'Honoré de Balzac, dont Zyeux-Bleus est la digne figure héroïque, au sens étymologique du terme, en tant que personnage voué à l'échec et à la mort dès le commencement, pris dès le commencement dans l'étau de la haine manifestée par ses collègues à son encontre et des menaces de mort du Chinois ; un étau que ne parviendra malheureusement pas à desserrer Isaac lui-même, arrivé trop tard et ajoutant de ce fait à l'absurde qui marque leur aventure commune.

Éditions : Gallimard, coll. "Folio Policier" n° 255

Date de parution : 22 mai 2002. Nombre de pages : 252 p. Prix : 6,60 €. EAN 9782070422951

Marilyn la Dingue (Marilyn the wild, 1974)

Jerome Charyn - traduit de l'américain par Rosine Fitzgerald

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Isaac Sidel est le flic le plus réputé du Bronx et de Manhattan. Il est le chef des inspecteurs au quartier général de la police, dans l'enceinte du Premier Adjoint du Haut-Commissaire. Sa vie se partage entre les diverses enquêtes de terrain qui, du fait de leur pragmatisme redouté par tous les membres de la Mafia locale, élèvent même sa réputation au rang de « saint patron de Ludlow Street et d'East Broadway » auprès de la classe des intellectuels, et sa tâche de père de famille ayant fort à faire avec sa fille Marilyn, jeune femme de vingt-cinq ans née d'un premier mariage et dont le caractère obstiné, impétueux, a déjà malheureusement conduit à deux divorces : « Vingt-cinq ans, deux fois divorcée, elle taillait des maris en pièces plus vite que toute autre fille issue du Bronx et de Manhattan... »

Au cours de l'une de ses journées de travail, tandis que Marilyn s'est trouvée un nouvel amant en la personne de Manfred Coen, surnommé Zyeux-Bleus pour la couleur de ses iris, qui ont su la désarmer, et fidèle coéquipier d'Isaac, ce dernier est appelé sur les lieux d'un délit aux environs d'Essex Street.

Il s'agit d'une charcuterie fine bien connue de lui puisqu'il y prend son déjeuner régulièrement. Hubert, le charcutier, a été victime d'une agression physique. Les voyous n'ont cependant pas touché à sa caisse. D'après le témoignage de la victime, les agresseurs sont de jeunes délinquants au nombre de trois, pas plus identifiables néanmoins en raison des cagoules qui masquaient leur visage au moment des faits. Leur délit semble en réalité sans mobile et se définir comme un acte de violence gratuit. En effet, aux questions que lui pose Isaac pour y apporter un éclairage, Hubert lui répond que ce sont « des gosses déchaînés », qu' « ils auraient pu s'en prendre à n'importe qui ». Isaac retourne chez lui à Rivington Street, considérant que cet épisode de la journée n'est qu'une petite affaire de délinquance, un acte isolé de trois jeunes qui avaient leur compte à régler avec le défaut de gratitude ou l'incompréhension manifeste du monde des adultes à leur égard.

Cependant, l'affaire prend un tour plus grave quand, peu de temps après, lors d'un séjour à Paris où il participe à une conférence sur le crime au titre d'invité d'honneur, décrochant le téléphone dans sa chambre d'hôtel, Isaac est informé par Coen que sa mère a été agressée et grièvement blessée. Sans faire immédiatement le lien avec l'attaque de la charcuterie d'Hubert, Isaac monte dans le premier avion pour New York et apprend dès son retour le lendemain au quartier général, par l'intermédiaire de l'agent Pimloe, que la même bande sévit dans plusieurs commerces et habitations depuis une semaine et toujours selon le même mode opératoire. Du fait de leur jeune âge et de leur habitude de commettre leurs agressions sur des personnes âgées une sucette à la bouche, sans jamais dérober d'argent, le Chef juif des inspecteurs, Barney « Cowboy » Rosenblatt, les a surnommés « le gang des sucettes »...

Cette intrigue, du reste, ouvre la trilogie policière narrant les enquêtes du duo Isaac Sidel et Manfred Coen. Elle se poursuit avec les deux autres volumes respectivement intitulés Zyeux-Bleus et Kermesse à Manhattan. Jerome Charyn applique ici sa parfaite maîtrise de la trame narrative au service d'une investigation pleine de rebondissements au coeur de New York. Le Bronx et Manhattan, au travers notamment de ses célèbres quartiers de Chinatown et de Little Italy, sont autant de lieux qu'il se plaît à faire découvrir à son lecteur sur fond de guerre des polices et d'une jeunesse en proie à un très grand malaise, livrée à elle-même à l'image des trois adolescents cagoulés du fameux gang des sucettes. L'auteur a le sens du tragique, de la tension dramatique, et le met en oeuvre dans un style qui porte au degré du sublime une telle réalité par le ressort de l'humour juif, ce mélange d'autodérision et de célébration sincère de la joie induit par le regard bienveillant que pose son praticien sur les autres et sur soi-même. Les portraits de Marilyn, d'Isaac, de Zyeux-Bleus et, par extension, de tous les personnages qui composent cette oeuvre, donnent à voir à cet égard des hommes et des femmes pris dans l'étau de leurs difficultés quotidiennes mais qui savent toujours en réchapper grâce au sourire sensible que leur prête l'instance narrative dans le cadre d'une étroite complicité avec ses lecteurs.

Éditions : Gallimard, coll. "Folio Policier" n° 14

Date de parution : 23 octobre 1998. Nombre de pages : 246 p. Prix : 6,60 €. EAN 9782070406487

Il pleut des coups durs (The Real Cool Killers, 1959)

Chester Himes ; traduit de l'anglais par Chantal Wourgaft

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Lors d'une soirée d'octobre dans le bar « Drew Drop Inn », à Harlem, plus précisément situé « au coin de la Cent vingt-neuvième Rue et de Lenox Avenue », un blanc s'installe au comptoir, le cigare à la main, en observant l'assistance quand soudain quelqu'un l'apostrophe avec de mauvaises intentions (« - J'ai bien envie d'couper le kiki à un fumier d'Blanc ! ») avant de l'agresser physiquement d'un coup de couteau porté vers la gorge (« Le petit homme eut un geste rapide vers la gorge du Blanc et trancha sa cravate rouge juste au-dessous du noeud. »)

Dans la crainte que l'incident atteigne des proportions irréversibles, le grand barman, surnommé Big Smiley, décide de s'interposer, mais à ses dépens, puisqu'il est lui-même piqué au bras (« Le petit homme pivota sous son étreinte et lui enfonça le couteau dans le bras. »)

Dès lors, sous l'emprise d'une réaction vive de colère, le barman saisit une hache de pompier sous le comptoir et en assène un violent coup sur le bras de son agresseur (« ... la hache s'abattit sur le bras du petit homme et le sectionna net, comme au couperet, juste au-dessous du coude. ») Pris de panique, tous les clients se dispersent et se ruent vers la sortie.

Quelques minutes après, Sonny Pickens une fois sur le trottoir observe « le grand Blanc » en train de regarder à quelques pas de lui, à travers une fenêtre du bar, le mouvement de panique générale qui sévit à l'intérieur et décide à son tour de le provoquer, mais avec un revolver à la main (« Le grand Blanc tourna la tête d'un mouvement brusque et aperçut le revolver. Ses yeux s'ouvrirent tout grands et, de blafard, son teint vira au gris. »)

Dans cette oeuvre qui narre de nouvelles péripéties auxquelles demeurent confrontés les inspecteurs désormais légendaires Fossoyeur Jones et Ed Cercueil Johnson, Chester Himes, dans un style incisif et réaliste digne des plus grands virtuoses de la plume, a su construire une intrigue dont la structure apporte un remarquable éclairage sur le pouvoir de la pègre blanche dans le milieu de la prostitution des mineures et, par là même, son influence d'ordre métastatique sur la jeunesse de Harlem.

Enfin, la dimension tragique de ce fait de société n'en est pas moins traitée avec beaucoup d'humour et s'oriente à ce titre vers une résolution qui donne à voir l'ingéniosité et le pragmatisme de Fossoyeur et d'Ed Cercueil récompensés justement.

Éditions : Gallimard. Collection : "Folio policier" n° 283

Date de parution : 9 janvier 2003. Nombre de pages : 224 p. Prix : 6,60 €. EAN 9782070423088

Mamie Mason ou un exercice de la bonne volonté (Pinktoes, 1961)

Chester Himes ; traduit de l'anglais par Minnie Danzas

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Mamie Mason vit à Harlem et entend oeuvrer pour la cause noire en réunissant chez elle les personnalités new-yorkaises les plus en vue dans le cadre de salons mondains où le métissage culturel sera de rigueur. À terme, son objectif est d'organiser un grand bal masqué au Savoy Ballroom où Blancs et Noirs se produiront main dans la main devant les médias et de voir son initiative saluée par les plus grands journaux américains, faire la une, en d'autres termes, sous le titre : « Mme Mamie Mason, la célèbre hôtesse de Harlem, a donné une réception... » De fait, elle veut devenir la grande dame de Harlem et, pour cela, s'astreint à un régime draconien qui lui permettra d'apparaître devant les journalistes et ses invités « dans sa robe-fourreau en satin noir, taille 40, et s'enorgueillir d'une silhouette très parisienne. »

 

Cependant, dès la première soirée, les choses prennent une tournure inattendue, Mamie est victime de son ambition en constatant que le métissage désiré s'oriente progressivement vers des scènes de beuverie et de libertinage incontrôlables : Wallace Wright, homme politique Noir influent en matière de relations interraciales commet une infidélité envers sa femme Juanita avec dame Peggy, Art Wills, un Blanc, de surcroît célèbre directeur littéraire d'une maison d'édition de renom, s'éprend de Madame Brown Sugar aux dépens de son épouse Debbie et, comble de la situation, Joe Mason, homme d'affaires et mari de Mamie, a trouvé son bonheur auprès de sa secrétaire Kathy Carter.

Face aux difficultés qu'une telle conjoncture engendre, Mamie a du mal à persévérer dans son régime alimentaire et se surprend parfois à ouvrir le réfrigérateur pour faire passer la mauvaise humeur et sa tendance à l'embonpoint...


Dans ce roman paru en 1961, Chester Himes s'est du reste attaché à établir, en la personne de Mamie Mason, le portrait d'une femme très attachante, à la fois dans son désir de participer activement à la politique interraciale américaine et dans son engagement sincère, sur le plan local, en faveur de la réalisation d'un projet égalitaire entre Blancs et Noirs, mais aussi entre hommes et femmes. La dynamique du récit est construite sur un ensemble de péripéties qui situent l'héroïne et, plus largement, les personnages, dans un imbroglio occasionné par la formation inopinée de couples adultérins ; autant de faits qui tendent à contrecarrer l'ambition et le crédit de Mamie Mason mais qui participent d'une intention de l'auteur de créer des situations comiques, des quiproquos entre autres, et d'adopter une prise de distance significative sur le mode de l'humour au regard des préjugés racistes et du « problème noir ».

Détails sur le produit

  • Poche: 249 pages

  • Editeur : Gallimard (23 avril 1998)

  • Collection : Folio

  • Langue : Anglais, Français

  • ISBN-10: 2070402347

  • ISBN-13: 978-2070402342

  • Dimensions du produit: 17,8 x 10,8 x 1,5 cm

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Photographie du New York Midtown Skyline, at night. Un document Wikipedia.

Touriste de bananes

Georges Simenon (1938)

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Oscar Donadieu a pris le bateau à Marseille, destination Tahiti, pour satisfaire un rêve d'enfant, celui qu'il avait fait un jour de mai dans le jardin du presbytère, à La Rochelle, allongé à plat ventre tout près d'une bordure d'oeillets. Un idéal de vie naturelle avait alors germé en lui, une vie faite de soleil, d'air pur, de grand calme et de béatitude. Lorsqu'il s'embarque à bord de l' « Ile-de-Ré », Donadieu espère retrouver l'idéale sensation de solitude et d'harmonie avec la nature qui le berça enfant. Tout le long du trajet, il tâche de se rapprocher du télégraphiste Jaubert, l'une des rares personnes, sinon la seule, qu'il apprécie. Ce même Jaubert lui apprend par ailleurs que le commandant Lagre, qui fait partie du voyage, et que Donadieu ne connaît que trop bien puisqu'il est le parrain du petit Lagre, « a tué d'une balle dans la tête son troisième officier, Henri Clerc » et qu'il doit être jugé à Papeete. Dès l'arrivée du bateau à Tahiti, Donadieu révèle un comportement de misanthropie et se défie d'être un simple touriste, puisqu'aux questions des locaux lui demandant s'il fait du tourisme, il répond qu'il compte s'installer dans le pays. Très vite il acquiert auprès des habitués du « Relais des Méridiens », l'hôtel français où il réside, une réputation de « touriste de bananes », terme péjoratif désignant ceux qui, comme lui, ont rêvé d'une vie naturelle et renoncé aux commodités de la civilisation, toujours à leurs dépens. C'est ainsi que, refusant les sarcasmes du patron de l'hôtel, le nommé Manière, l'incompréhension de Nicou le gendarme ou l'indifférence des deux vamps tahitiennes Tamatéa et Hina, Oscar Donadieu décide un beau matin de quitter le monde civilisé, « vide » et sans goût, pour aller habiter une hutte dans la forêt et vivre de pêche et de cueillettes à l'instar d'un indigène, loin de tout commerce avec le monde...

Éditions : Gallimard. Collection : Folio n° 384

Date de parution : 30 juin 2005. Nombre de pages : 213 p. Prix : 6,60 €. EAN 9782070408375

Un crime crapuleux

7 septembre 2010

L'Affaire Saint-Fiacre

Georges Simenon (1932)

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Le commissaire Maigret s'est rendu à Saint-Fiacre, son village natal, après avoir aperçu, par hasard, un papier qui traînait depuis plusieurs jours dans les bureaux du Quai des Orfèvres et contenant le message suivant : « Je vous annonce qu'un crime sera commis à l'église de Saint-Fiacre pendant la première messe du Jour des Morts. » Le caractère à la fois cynique et grave de la lettre amena aussitôt le commissaire à faire le voyage jusqu'au lieu de son enfance depuis Paris. La veille de la célébration religieuse, Maigret loge à l'auberge du village tenue par Marie Tatin, une vieille connaissance dont les souvenirs remontent à l'école, marqués par un détail de physionomie très précis dans la mémoire de Maigret puisque ladite Marie louche. Si Maigret reconnaît très facilement « la petite fille qui louchait », elle en revanche mettra plusieurs jours avant de l'identifier. L'heure de la première messe est venue, le commissaire est entré dans l'église et guette le moindre signe suspect. Plusieurs minutes se sont écoulées, quand une retardataire, la comtesse de Saint-Fiacre, apparaît dans le choeur et s'installe à l'une des stalles réservées aux seuls membres de sa famille depuis des générations. « Ite missa est », la messe est dite et il ne s'est apparemment rien passé. La police avait semble-t-il raison de croire à une plaisanterie ! Mais lorsque Maigret s'avance pour aller saluer la comtesse, qu'il n'a pas revue depuis plus d'une trentaine d'années, depuis l'époque où le père du commissaire était encore le régisseur de la propriété du comte de Saint-Fiacre, lorsque donc Maigret s'avance, il s'étonne de l'immobilité de Mme de Saint-Fiacre. Il lui touche alors l'épaule, le corps vacille et tombe, inerte. La comtesse est morte. Le mystérieux message n'était donc pas un canular...

Éditions : Le Livre de Poche n° 14293

Date de parution : 19 janvier 2003. Nombre de pages : 186 p.

Prix : 5,60 €. EAN 9782253142935

Psycho Killer (Projection, 1999)

Keith Ablow ; traduit de l'américain par Isabelle Maillet

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Trévor Lucas, chirurgien esthétique, est accusé des meurtres de quatre de ses patients. Le docteur Frank Clevenger, psychiatre, assiste au procès et pense que ces assassinats sont le fait d'un plagiaire. Peu de temps a passé lorsque, enfermé dans une unité sécurisée de l'hôpital d'État de Lynn, Lucas prend en otages le personnel et les patients et entend dit-il « combattre l'armée du diable » en faisant subir toutes sortes de sévices à ses prisonniers afin de les libérer du mal, à commencer par lui-même puisqu'il se coupe le bras droit. Clevenger, appelé dès lors en urgence par le commissaire Emma Hancock pour qu'il puisse participer à l'enquête, parvient à négocier une rencontre avec Lucas sans trop savoir ce qui l'attend. De fait, il aura à affronter le délire mystique et criminel de Lucas et pour oublier ce qu'il aura vu, « replonger » dans l'univers de la drogue et de ses vieux démons en restant toutefois focalisé sur deux questions essentielles : Lucas est-il responsable ? et qui est le coupable ?

Éditions : Pocket Thriller n° 11346 

Date de parution : 4 décembre 2003

Nombre de pages : 373 p.

Prix : 7,50 €

EAN 9782266113991

Maigret à New York (1947)

Georges Simenon

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Le jeune Jean Maura, étudiant à la Faculté de droit, rend visite au commissaire Maigret dans sa maison de Meung-sur-Loire où ce dernier profite des premiers mois d'une retraite bien méritée. Maura est accompagné de son notaire M. d'Hoquélus qui justifie le caractère pressant de leur visite : le père du jeune homme, Joachim Maura, serait, au dire de chacun d'eux, « menacé par un danger sérieux ». Or, Joachim Maura, qui se fait aussi appeler John Maura, vit aux État-Unis, à New York plus précisément, et le notaire confie à Maigret que le jeune Maura doit se rendre là-bas accompagné par « un homme qui ait l'expérience des choses de police ». Maigret, très scrupuleux vis-à-vis de cet état d'urgence inopiné, décide donc d'interrompre ses longues journées de flâneries et de parties de belote au café du Cheval-Blanc, à Meung, pour prendre le premier bateau en partance pour New York avec le « gamin ». Cependant, lorsque le paquebot arrive aux quais de la French Line, dans la grande ville américaine, Maigret ne retrouve plus Jean Maura. Après avoir questionné le commissaire du bord, celui-ci lui affirme que le jeune homme a quitté le navire. Aussitôt, le commissaire contacte son homologue américain, le capitaine O'Brien, jovial et bon vivant, une vieille connaissance de surcroît, et tous deux prennent les rênes de l'enquête sur la disparition étrange de l'étudiant...

Éditions : Le Livre de poche n° 14242

Date de parution : 4 décembre 2002. Nombre de pages : 189 p. Prix : 5,60 €. EAN 9782253142423

La Bête et la Belle (1985)

Thierry Jonquet

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Comme le titre du roman l'indique, Jonquet s'est inspiré du célèbre conte de Mme Leprince de Beaumont adapté à l'écran par Jean Cocteau en 1946, intitulé La Belle et la Bête. Mais au regard de l'histoire tout a changé. L'idéalisme enfantin de l'hypotexte s'est transmué en visions macabres d'un gros village de la banlieue parisienne. Au lieu de palais, on a un appartement submergé d'ordures et quant aux personnages, s'ils ne sont pas devenus des cadavres, ils s'animalisent de plus en plus à mesure que se déroule l'intrigue - à l'inverse de la bête-chimère du conte. Seul le commissaire Rolland Gabelou, déjà présent dans Mémoire en cage, tire son épingle du jeu dès lors que le ou les coupables demeurent pris au piège. La Bête et la Belle ou comment Thierry Jonquet défigura le conte de fée.

Éditions : Gallimard

Collection : Folio policier n° 106

Date de parution : 15 septembre 2016

Nombre de pages : 156 p.

Prix : 6,60 €

EAN 9782070793587

Survie à Panamá

28 août 2006

Quartier nègre

Georges Simenon (1935)

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Joseph Dupuche et son épouse Germaine arrivent à Cristobal, Panamá, à bord du « Ville-de-Verdun » et s'installent au Washington Hotel. Joseph Dupuche est l'ingénieur principal de la Société Anonyme des Mines de l'Équateur et se rend à Guayaquil pour diriger les travaux. Or, quelque temps après leur arrivée à Cristobal, Dupuche se rend à la New York Chase Bank pour toucher une importante somme d'argent de la part de son employeur M. Grenier, lettre de crédit à l'appui, quand le banquier, après avoir compulsé celle-ci, l'informe que la société a fait faillite et qu'il ne peut lui verser les vingt mille francs dont Dupuche a besoin. Stupéfait par cette nouvelle, l'ingénieur tente un ultime recours auprès du ministre de France, mais en vain. Ce dernier demeure impuissant face aux décisions des banques américaines. Joseph et Germaine se retrouvent donc sans le sou et obligés de chercher un emploi, aussi petit et déshonorant soit-il, qui leur permettra de survivre. Les dix dollars par jour pour la chambre au Washington Hotel pèsent trop lourd dans leur budget et le couple décide alors de s'installer dans un hôtel français, plus abordable : l'Hôtel de la Cathédrale. Mais au fur et à mesure que le séjour se prolonge, les économies diminuent et ne suffisent plus. Finalement, Germaine parvient à trouver une place de caissière à l'hôtel, le patron, un Corse, François Colombani dit Tsé-Tsé lui offrant en plus le gîte et le couvert. Quant à Joseph Dupuche, il se voit contraint de quitter les lieux et d'aller habiter dans l'endroit le plus misérable de la ville, le quartier nègre, dans l'attente d'un job de fortune. Les jours passent, Joseph Dupuche voit de moins en moins sa femme et consomme beaucoup d'alcool...

Éditions : Gallimard. Collection : Folio n° 426

Date de parution : 6 juillet 2006. Nombre de pages : 220 p.

Prix : 7,80 €

EAN 9782070338993

L'Ange des ténèbres (The Angel of Darkness, 1997)

Caleb Carr ; traduit de l'américain par Jacques Martinache

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L'Ange des ténèbres est le second ouvrage de Caleb Carr mettant en scène l'équipe de Laszlo Kreizler, héros de L'Aliéniste. L'histoire se déroule un an après l'affaire Beecham, toujours à New York, au mois de juin 1897. Le bébé d'un diplomate espagnol est kidnapé sous les yeux de sa mère dans une station de métro. Miss Sara Howard, devenue détective privé et auprès de laquelle l'épouse du diplomate vient chercher de l'aide, entreprend d'enquêter...

 

Au fil des pages, Caleb Carr nous plonge dans une intrigue complexe, sujette à de multiples rebondissements, où le suspense ne connaît aucun temps mort. L'Ange des ténèbres est de fait le livre à lire après L'Aliéniste moins pour compléter une série que pour y redécouvrir l'authenticité du thriller et assister aux performances de la police scientifique à ses débuts.

Éditions : Pocket n° 10714

Date de parution : 14 août 2013

Nombre de pages : 736 p.

Prix : 8,95 €

EAN 9782266246125

L'Aliéniste (The Alienist, 1996)

Caleb Carr ; traduit de l'américain par Jacques Martinache

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Nous sommes à New York en 1896. Des cadavres de jeunes enfants atrocement mutilés sont retrouvés sur les toits par les services de police. Théodore Roosevelt, alors préfet, décide de passer à l'action et prend contact avec ses deux amis de Harvard : le journaliste d'investigation John Schuyler Moore et le médecin psychiatre Laszlo Kreizler. Dès lors, une équipe d'enquêteurs se forme avec pour seul objectif : la capture d'un « monstre » auprès duquel Jack L'Éventreur fait piètre figure... Caleb Carr, dans son roman, nous replace dans le New York de la fin du XIXe siècle, période qui correspond à l'émergence d'un nouveau type d'enquête : l'enquête criminologique. La criminologie demeure en effet une science très récente qui a pour finalité l'étude de la cause des meurtres par le biais de laquelle les chercheurs parviennent, au terme de maintes déductions, à élaborer le profil psychologique du meurtrier. On parle aujourd'hui du métier de « profiler ». Ainsi, l'écriture de Carr nous entraîne tout du long dans un suspense qui n'a d'égal que celui des plus grands écrivains du genre : Balzac, Eugène Sue ou encore, de nos jours, James Ellroy.

Éditions : Pocket n° 10079 

Date de parution : 28 mars 1996

Nombre de pages : 574 p.

Prix : 7,90 €

EAN 9782266072243

Fais pas ta rosière ! (The Little Sister, 1949)

Raymond Chandler ; traduction par Simone Jacquemont et J. G. Marquet

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Fais pas ta rosière ! est une intrigue jalonnée de découvertes macabres. La jeune et très réservée Orfamay Quest charge Philip Marlowe de retrouver son frère Orrin. S'ensuit dès lors pour notre détective une entrée dans l'univers fumeux du banditisme et des starlettes d'Hollywood. Marlowe, à la recherche d'Orrin, fait entre autres la connaissance de Leila, alias Mavis Weld, star en devenir, soeur d'Orrin et d'Orfamay, ainsi que de miss Dolorès Gonzalès, son amie et confidente. Une photographie prise au bar des Danseurs et tirée à plusieurs exemplaires, que Marlowe garde secrètement, révélant l'actrice miss Weld aux côtés du gangster le plus célèbre de la Côte Ouest, connu sous le nom de Weepy Moyer, va être la cause d'un chantage et de nombreux meurtres. Maints personnages croisent ainsi leur route avec celle de Marlowe, y compris certains membres de la police de Los Angeles avec lesquels le célèbre détective comme d'habitude a fort à faire. L'épilogue, remarquablement amené, génère un effet de surprise.

Éditions : Gallimard

Collection : "Folio policier" n° 35

Date de parution : 15 décembre 1998

Nombre de pages : 288 p.

Prix : 8,30 €

EAN 9782070407903

L'affaire Terry Lennox

23 janvier 2006

The Long Goodbye (The Long Goodbye, 1953)

Raymond Chandler ; traduction par Janine Hérisson et Henri Robillot, révisée par Cyril Laumonier.

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Sous le nom de Terry Lennox se cache un individu aux identités multiples. Accusé à tort du meurtre de son épouse Sylvia, il s'enfuit au Mexique avec l'aide de Philip Marlowe qui, de retour à Los Angeles, devra justifier son acte auprès des forces de police, écopant à terme d'une peine de quelques jours en prison pour complicité. Peu de temps après, Marlowe apprend que Lennox s'est suicidé. De fait, si la police considère que l'affaire Lennox est dès lors classée, il n'en va pas de même pour le détective qui croit en l'innocence de son client. L'enquête se poursuit donc dans l'ombre parallèlement à une autre, faite à la demande d'Eileen Wade qui charge Marlowe de retrouver son époux Roger Wade, auteur de nombreux best-sellers et disparu en cure chez un mystérieux médecin depuis déjà plusieurs jours. Mais notre célèbre enquêteur s'aperçoit bientôt en recoupant les éléments des deux affaires qu'un point commun apparaît de façon nette : le personnage de Lennox également connu sous une autre identité...

Éditions : Gallimard

Collection : "Folio policier" n° 739

Date de parution : 11 septembre 2014

Nombre de pages : 498 p.

Prix : 8,90 €

EAN 9782070459599

Fièvre au Marais (1955)

Léo Malet

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Fièvre au Marais s'ouvre sur le crime de M. Jules Cabirol, prêteur sur gages, dont Nestor Burma est le premier témoin. L'enquête va le mener sur la piste de Latuit, un détenu récemment échappé de la prison de Fresnes. Entre-temps, une rencontre fortuite a lieu entre Burma et un second témoin de charme : Mlle Odette Larchaut. Dès lors, notre « détective de choc » est chargé par la mère de cette dernière d'ouvrir une enquête parallèle concernant M. Jacquier, son mari, soupçonné d'adultère. Existe-t-il une relation entre ces deux affaires ? Par qui Cabirol a-t-il été assassiné ? Et que signifie le manège de l'étudiant Maurice Badoux, client de Cabirol et autre témoin du crime, qui passe son temps à faire le va-et-vient entre son appartement et les Archives nationales ? Face à toutes ces questions, Nestor Burma doit trouver une réponse qui le conduira à la clef du mystère, mais à l'éclaircissement duquel le commissaire Florimond Faroux n'entend pas demeurer étranger.

Éditions : Fleuve Noir

Date de parution : 20 mai 1998

Nombre de pages : 184 p. Prix : 5,34 €

EAN 9782265003705

La guerre du pouvoir

7 janvier 2006

Rien dans les manches (Little Men Big World, 1952)

William Riley Burnett ; traduit de l'anglais par Jacques-Laurent Bost

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Ben Reisman, célèbre chroniqueur du « Journal » dans une énorme cité du Middle West, toujours à l'affût des dernières nouvelles à sensation, cherche à oublier ses problèmes d'ulcère à l'estomac dans un bar situé près du commissariat du Quai 7 où traînent beaucoup de reporters criminels. Un soir, Joe Pavlick, l'un d'eux, l'informe que Léon Sollas est le nouveau caïd des bas-fonds et qu'il vient de chasser George Cline, parti dans l'Ouest où il a fait recette, à Las Vegas ou à Reno. En outre, Joe apprend à Reisman que Harry Radabaugh, élu au Congrès, a cédé sa place de « Commissioner » à Thomas Stark, son ami et protégé. Depuis lors, les bookmakers et les proxénètes ne prospèrent plus dans la ville et sont poursuivis par les forces de l'ordre. Néanmoins, le bruit court qu'un prénommé « Ark » tire encore les ficelles dans l'univers des parieurs et des anciens bootleggers du « Coin de la Mort », le quartier le plus mal famé de la ville...

Éditions : Gallimard

Collection : "Série noire" n° 131

Date de parution : 9 octobre 1998

Nombre de pages : 276 p.

Prix : 6,65 €

EAN 9782070498192

Un beau roman à énigme

29 octobre 2004

120, rue de la Gare (1943)

Léo Malet

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Nestor Burma, prisonnier dans un stalag en Allemagne, assiste à la mort d'un amnésique connu sous le seul nom de X, plus précisément du matricule 60202, qui avant d'expirer confie au détective, grâce à un soudain réveil de sa mémoire, le prénom d'Hélène et une adresse : 120, rue de la Gare. Peu après, libéré du camp et arrivé à Lyon par le train, Burma retrouve son ancien collaborateur Bob Colomer à la gare de Perrache, un bref instant, avant qu'il ne meure lui aussi, victime d'une fusillade.

 

Les derniers mots de Colomer pour Burma sont : 120, rue de la Gare. Aussi, cette adresse fait-elle écho dans les pensées de l'enquêteur moins sous la forme d'un lieu précis que sous celle d'une énigme à résoudre, dont les mots-clés, comme autant d'indices, vont au fur et à mesure de ses investigations, contribuer à éclaircir les deux morts ainsi qu'une sombre affaire d'héritage.

Éditions : Pocket n° 14313 

Date de parution : 3 décembre 2009

Nombre de pages : 373 p. Prix : 6,95 €

EAN 9782266201971

Brouillard au pont de Tolbiac (1956)

Léo Malet

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Lorsque Nestor Burma reçoit la lettre d'Abel Benoit, il ne sait encore pas que ce dernier vient d'être refroidi à l'arme blanche. Mais au fait : qui est cet Abel Benoit ? et pourquoi cette lettre ? est-ce bien lui qui l'a écrite ? La rencontre avec la jeune et belle gitane Bélita Moralès va se révéler décisive à l'égard de ces interrogations, elle leur donnera une réponse. Ainsi, le détective, grâce au soutien de Bélita, va renouer avec son passé et par là même réveiller ses souvenirs d'enfance ayant pour cadre les milieux anarchistes.

 

De fait, dans ce roman, Léo Malet nous invite à redécouvrir le Paris de l'après-guerre - son treizième arrondissement pour être plus précis - à travers le regard d'un héros à la fois placide et rusé qui n'a rien à envier à Gavroche sur le plan de la verve et de la débrouillardise, et qui ne demeure jamais en reste avec nous s'agissant entre autres de suspense.

Éditions : Pocket n° 14313 

Date de parution : 3 décembre 2009

Nombre de pages : 307 p. Prix : 6,40 €

EAN 9782266201988

Un style musclé !

16 septembre 2004

Destination morgue

James Ellroy - traduit de l'américain par Jean-Paul Gratias

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Sept articles publiés dans le magazine GQ et une nouvelle inédite composent cet ouvrage. James Ellroy, dans les articles, revient sur sa vie et aborde par là même des sujets sensibles tels que la peine de mort ou l'influence de l'image dans notre société. Il analyse aussi deux dossiers criminels et donne ses impressions. Sur la peine capitale voici très brièvement par exemple ce qui est dit : « Un palliatif destiné aux foules. Une concession à la notion stupide selon laquelle il vaut mieux qu'une affaire soit « close ». Un dialogue détourné et phagocyté par les détails d'un meurtre gratuit. La catharsis institutionnelle du sacrifice humain. » Il met ainsi fin à la polémique qui l'avait définitivement classé parmi les partisans de la peine de mort. De fait, ces articles constituent un véritable plaidoyer en faveur de la vie ou plutôt de la volonté de vivre dans la jungle d'une mégapole telle que Los Angeles entre autres. Le dernier texte du recueil est une nouvelle intitulée : « Un baisodrome à Hollywood » où Ellroy offre une vision désenchantée, et pleine d'humour à la fois, de l'univers du cinéma et de celui de la police, ce dans un style « coup de poing » qui a l'avantage de ne pas mâcher les mots. Ellroy dérange, Ellroy est réaliste, chacun de ses vocables résonne comme un battement de coeur qui nous grandit.

Éditions : Rivages, coll. "Rivages-Thrillers"

Date de parution : 17 mars 2004. Nombre de pages : 289 p. Prix : 20,00 €. EAN 9782743612665

Lune sanglante

James Ellroy

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Un roman noir où l'on découvre pour la première fois le sergent Lloyd Hopkins confronté à l'iniquité de certains agents du L.A.P.D., qu'il supporte mal, et aux crimes horribles commis par un mystérieux serial killer. Dans cette oeuvre qui le rendit célèbre, James Ellroy tient le lecteur en haleine du début à la fin, grâce à une technique d'écriture où l'effet de suspense est présent tout du long. Quelques 350 pages qui se lisent d'un trait, somme toute, avec passion.

Détails sur le produit

  • Poche: 286 pages

  • Editeur : Rivages (15 février 2001)

  • Collection : Rivages Noir

  • Langue : Français

  • ISBN-10: 2869300778

  • ISBN-13: 978-2869300774

  • Dimensions du produit: 17 x 11 x 1,7 cm

Le Grand Nulle part

James Ellroy

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Dans ce second volet du Quatuor de Los Angeles, James Ellroy nous découvre une intrigue fondée sur la narration de trois enquêtes policières parallèles qui, peu avant le dénouement, finissent par converger vers un seul et unique objectif : la filature d'un serial killer surnommé « Le glouton » en raison de l'atrocité de ses meurtres. L'inspecteur Danny Upshaw, chargé de l'affaire dès les premières pages du roman, évolue dans le contexte d'une Los Angeles où sévit la loi de La Chasse aux sorcières... Du très grand Ellroy !

Détails sur le produit

  • Poche: 638 pages

  • Editeur : Rivages (1 juin 1991)

  • Collection : Rivages/Noir

  • Langue : Français

  • ISBN-10: 9782869304673

  • ISBN-13: 978-2869304673

  • ASIN: 2869304676

  • Dimensions du produit: 17 x 11 x 4 cm

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